Des gestionnaires dépendants des équipes informatiques pour traiter l’information décisionnelle? Il y en a encore beaucoup, mais plus pour très longtemps. Les entreprises sont en effet nombreuses à se doter d’une solution libre-service d’intelligence d’affaires. 

Traditionnellement, la production de rapports statistiques d’aide à la décision était une chasse gardée du département informatique. Mais avec les outils de libre-service BI (pour Business Intelligence), les utilisateurs de données peuvent générer eux-mêmes les rapports et les tableaux de bord dont ils ont besoin.

Ces outils ont commencé à faire une percée il y a environ cinq ans et le mouvement s’accentue, selon Miguel Turcotte, directeur Données, analytique et intelligence d’affaires chez Bonduelle Amériques, filiale du groupe français de transformateur de légumes. Lui-même a implanté un libre-service BI chez son employeur précédent, Danone, et il est en train de faire de même chez Bonduelle.

« Aujourd’hui, tout va vite et les gestionnaires ne veulent plus attendre des semaines pour avoir des détails, par exemple, sur la performance d’un produit dans différents segments de marché, dit-il. Le libre-service BI démocratise l’analytique en rendant les utilisateurs autonomes. Ceux-ci ont alors l’information pertinente, au bon moment, pour prendre de meilleures décisions. »  

 Miguel Turcotte partagera son expérience en la matière lors de la Conférence Intelligence d’affaires et analytique, présentée par Les Événements Les Affaires le 8 juin prochain à Québec.

Trouvez vos champions

Un de ses bons conseils ? « Commencez petit, ne visez pas trop large au début afin d’avoir vos premiers résultats assez rapidement. »

Pour cela, il suggère d’identifier des gens « reconnus comme étant des champions d’Excel et qui ont de la facilité avec l’informatique ». Le genre de personnes que les collègues vont voir pour obtenir de l’aide pour créer un graphique ou se faire expliquer une fonction d’un logiciel.

« Ces gens-là sont déjà des facilitateurs dans l’entreprise, poursuit Miguel Turcotte. C’est avec eux qu’il faut s’assoir pour cibler les données avec lesquelles travailler ainsi que l’information dont leur département a besoin. »

Un libre-service BI facilite le partage et l’exploitation des données. « Quand on y intègre les feuilles Excel produites par nos champions, c’est hallucinant de constater comment l’information se propage et s’enrichit au fur et à mesure que les gens ajoutent d’autres données. »

Et l’intégrité des données ? Le conférencier estime qu’il s’agit là d’un des principaux avantages d’une plateforme BI. « On peut s’assurer que l’information correspond à la donnée originale. Ensuite, on permet aux utilisateurs de la qualifier et de l’enrichir. En comparaison, si on utilise un fichier Excel, la donnée originale peut se perdre facilement. »

De plus, contrairement à ce que leur appellation peut laisser croire, les solutions d’intelligence d’affaires en libre-service ne sont pas un buffet de données ouvert à tous. On peut restreindre l’accès aux données plus sensibles à certains utilisateurs seulement.

Toujours plus loin

La beauté de l’intelligence d’affaires en libre-service, c’est qu’à mesure que les utilisateurs gagnent en confiance, ils veulent creuser plus en profondeur.

L’équipe des ventes, par exemple, voudra savoir quels clients sont les plus profitables, lesquels sont susceptibles de ne plus faire affaire avec l’entreprise, dans quels segments de marché un produit a le plus de potentiel, etc. 

« Quand une plateforme en libre-service a du succès, les gens l’utilisent de plus en plus et cherchent de l’information de plus en plus pointue », signale Miguel Turcotte.

Pour cela, l’équipe informatique doit continuer à se montrer disponible une fois la plateforme en place. « Le rôle des informaticiens change. Ils ne génèrent plus les rapports pour les gens, mais ils les accompagnent dans la réalisation d’analyses plus complexes. »

 C’est ce que fera l’équipe de Miguel Turcotte quand le libre-service BI de Bonduelle sera fonctionnel, l’été prochain. « Nous ferons une présentation générale de la solution, puis les gens y auront accès pour la découvrir et l’expérimenter. Notre approche sera ensuite de s’assoir un à un avec les utilisateurs qui voudront aller plus loin. »