Savez-vous vraiment ce qu'il y a dans votre assiette?

Publié le 04/08/2017 à 14:00

Savez-vous vraiment ce qu'il y a dans votre assiette?

Publié le 04/08/2017 à 14:00

Substitution d’ingrédients, contrefaçon, mauvaise représentation…ce n’est pas d’hier que la fraude alimentaire existe. Déjà à l’époque des Romains, on rapportait ce type de cas. Mais attention fraudeurs, avertit Sylvain Charlebois, doyen de la Faculté de management de l’Université Dalhousie, on vous surveille.

Pendant des années, l’approche scientifique n’était pas adaptée pour contrer les fraudes alimentaires. Par conséquent, il y avait peut-être autant de cas de fraude alimentaire qu’il y en a aujourd’hui. Mais c’est en voie de changer, maintient Sylvain Chalrlebois.

«Les outils et les technologies de détection de la ferme à la table sont désormais beaucoup plus sophistiqués. Et il y a les attentes de plus en plus élevées des consommateurs, qui sont prêts à tout partager sur les médias sociaux. Ce qui porte atteinte à la réputation d’une entreprise qui est montrée du doigt », signale cet expert de la Nouvelle-Écosse en sécurité alimentaire. Sylvain Charlebois sera justement à Montréal pour présenter l’allocution spéciale d’ouverture lors de la conférence Fraude alimentaire des Événements Les Affaires, le 12 septembre prochain.

Les trois grands types de fraudes alimentaires

Comment expliquer la fraude alimentaire? «Ça fait des années que j’étudie le prix des aliments. La fraude alimentaire découle en grande partie de la pression des entreprises à maintenir les prix le plus bas possible. Ce qui incite certaines entreprises à prendre de mauvaises décisions», dit cet expert.

Auteur, chroniqueur et conférencier sur l’actualité agroalimentaire, Sylvain Charlebois identifie trois grands types de fraudes alimentaires sur le marché. Il y a notamment la substitution des ingrédients. «Les consommateurs vont se rappeler le scandale européen, qui, en avril 2013, mettait au grand jour de la viande chevaline vendue sous forme de viande 100% bœuf», signale M. Charlebois.

Le vol et la contrefaçon constituent une autre catégorie importante de fraude. Selon les données de M. Charlebois, les magasins d’alimentation perdent en moyenne entre 3000$ et 5000$ par semaine de marchandises en raison du vol à l’étalage et la contrefaçon d’étiquettes.

La troisième grande catégorie de fraude alimentaire revient à la mauvaise représentation. «Il s’agit en fait du problème numéro un. Ce sont des aliments que l’on vend pour ce qu’ils ne sont pas», indique M. Charlebois. Des aliments réguliers vendus sous une étiquette bio sont un exemple fréquent. Il y a aussi la nourriture vendue sous des appellations religieuses. «Une entreprise ontarienne vient justement d’être mise à l’amende parce qu’elle vendait à un camp d’été juif de la nourriture sous l’étiquette «kosher» qui n’en était pas», rapporte le conférencier.

Des lois qui manquent encore de poigne

Pour le moment, dit-il, les lois canadiennes manquent encore de maturité en la matière. La plupart des entreprises fautives vont nier les accusations et ne reconnaîtront pas leurs torts. «Il faut donc prouver leur intention criminelle. Une seule enquête peut prendre trois ans et coûter plus de 100 000$», souligne l’universitaire.

Néanmoins, l’Agence canadienne d’inspection des aliments bénéficie désormais d’un bureau à Ottawa pour recevoir les plaintes. L’an dernier, plus de 130 plaintes ont été reçues. Deux entreprises ont été sommées de payer l’amende. «C’est encore peu, concède Sylvain Charlebois. Mais ce n’est qu’une question de temps avant que la situation se régularise.»

 

 

À propos de ce blogue

En coulisses est le blogue des Événements Les Affaires. Nous vous proposons un accès privilégié aux meilleures pratiques de la communauté d’affaires québécoises qui sont partagées lors de nos conférences. Chaque semaine, nous discutons avec certains des gestionnaires qui ont accepté d’être conférenciers à nos événements, afin de vous présenter des idées concrètes pour vous aider dans votre réflexion et répondre à vos préoccupations d'affaires.