Présidence Trump: quel impact sur l'énergie?

Publié le 16/11/2016 à 20:05

Présidence Trump: quel impact sur l'énergie?

Publié le 16/11/2016 à 20:05

Sans détenir un pouvoir absolu, un chef d'État a un impact déterminant sur les grandes orientations que son pays prend. Nous avons demandé à Frédérick Gagnon, Titulaire de la chaire Raoul-Dandurand de l'Observatoire sur les États-Unis de l'UQAM, de tenter quelques prédictions quant à l'avenir des politiques énergétiques sous l'administration Trump et leurs impacts sur le Québec et le Canada.

Imprévisible Donald Trump
M. Gagnon le dit d'entrée de jeu: il est tôt pour connaître l'impact d'une administration Trump sur les politiques énergétiques américaines. Ayant déclaré en 2012 que les changements climatiques sont un canular inventé par les Chinois, Trump se classe chez les climatosceptiques. Est-ce que les énergies renouvelables et les énergies fossiles sont parmi les priorités du président désigné? «C'est difficile à dire, répond M. Gagnon. C'est certain qu'en campagne électorale, la priorité de M. Trump a été les bons vieux emplois américains. "Jobs! Jobs! Jobs!", scandait-il. Mais quelques informations viennent brouiller les cartes.» D'abord, le président n'a pas changé de discours entre les primaires républicaines (pour plaire à la base) et les élections générales (pour élargir sa masse d'électeurs). «Habituellement, les candidats modèrent leurs positions entre les deux étapes.» On pourrait croire que le sort des énergies renouvelables et des accords internationaux sur le climat est donc scellé d'avance. « Or, ajoute M. Gagnon, on ne peut pas se fier au parcours de Trump pour prédire l'avenir, puisqu'il n'a jamais été élu auparavant! Pour ces raisons, Trump est un président particulièrement imprévisible.»

Des alliés régionaux prévisibles
En attendant de voir comment la présidence de Donald Trump se développe, M. Gagnon indique que le Québec et le Canada ont avantage à se tourner vers des alliés plus prévisibles. «On se concentre beaucoup sur la présidence, mais l'élection du 8 novembre 2016 a mené de nombreuses personnes au pouvoir. Pensons seulement à Northern Pass du gouvernement Couillard et d'Hydro-Québec, un projet de 1,4 milliards $ qui injecterait 1000 mégawatts dans le réseau électrique de la Nouvelle-Angleterre. La gouverneur sortante du New Hampshire, la démocrate Maggie Hassan, y était farouchement opposée. Avec l'élection du républicain Chris Sununu, le projet a plus de chances de voir le jour et d'offrir de belles opportunités pour l'énergie renouvelable québécoise.» Ces avenues et de nombreux autres projets seront présentés lors du Sommet sur l'énergie des 24 et 25 janvier prochains, présenté par les Événements Les Affaires. Comme l'inauguration du nouveau président aura eu lieu quelques jours auparavant, il sera d'autant plus intéressant de revenir sur le sujet.

Une opportunité pour le pétrole albertain?
Selon M. Gagnon, «M. Trudeau s'est engagé à promouvoir la totalité de l'énergie canadienne, incluant le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta.» Il pourrait donc saisir l'éventuelle ouverture de l'administration Trump pour un projet comme Keystone XL, rejeté par Obama et Clinton. «Mais c'est ici qu'interviennent les visions internationales de Trump, qui a juré de revoir tous les accords pour qu'ils bénéficient aux Américains d'abord. Donc il demanderait sans doute une partie des profits. Est-ce que ce serait toujours pertinent pour le gouvernement albertain actuel et pour le gouvernement fédéral? C'est la question!»

Entre ses croyances climatosceptiques, son objectif de créer et maintenir les emplois traditionnels américains et ses visions protectionnistes, Trump pourrait bien mettre du plomb dans l'aile des énergies renouvelables québécoises et canadiennes. Pour le Canada, les voies ensoleillées se retrouvent donc à l'ombre de la présidence, dans de possibles accords régionaux.