Montréal-Trudeau : décollage imminent d’un projet de 2,5 milliards

Publié le 30/10/2018 à 17:33

Montréal-Trudeau : décollage imminent d’un projet de 2,5 milliards

Publié le 30/10/2018 à 17:33

Nouveau débarcadère, nouveaux stationnements, nouvel espace dédié à la mobilité… À l’heure où Montréal-Trudeau vit la plus importante période de croissance de son histoire, Aéroports de Montréal (ADM) amorcera bientôt les premiers travaux d’un projet d’expansion de 2,5 milliards de dollars sur cinq ans. Une deuxième phase, comprenant l’ajout d’une aérogare, est aussi dans les cartons et pourrait être lancée dès 2019.

Le président-directeur général d’ADM, Philippe Rainville, a présenté le plan de développement de Montréal-Trudeau lors de la conférence Infrastructures et grands projets publics, organisée par les Événements Les Affaires le 23 octobre à Montréal.

La première phase concerne les infrastructures côté ville, c’est-à-dire ce qui se trouve avant le point de fouille. Elle comprend entre autres la reconstruction et l’agrandissement de deux infrastructures en fin de vie utile, le débarcadère et le stationnement étagé, ainsi que la construction d’une station du Réseau électrique métropolitain (REM).

« Ça ne débarque pas au débarcadère, a lancé Philippe Rainville. Cet été, ça refoulait jusque sur Côte-de-Liesse le vendredi soir. Le nouveau débarcadère aura trois fois plus de capacité. »

La station du REM sera aménagée 35 mètres sous le stationnement étagé. C’est ADM qui paiera la facture « parce que la station doit être adaptée à notre réalité », a précisé le conférencier. Notamment, ses quais seront plus larges que la normale pour faire place aux bagages des passagers.

Au-dessus de la station, ADM a prévu « l’espace YUL transit » qui donnera accès aux différentes jetées, aux taxis, aux autos de location, aux autobus et aux navettes des hôtels. Mais pour améliorer encore la mobilité, la station doit également être reliée à la gare de VIA Rail, située à proximité, a insisté le PDG d’ADM. « Ce serait désolant de manquer cette occasion d’offrir un transit supplémentaire. » Cet ajout nécessiterait toutefois d’allonger le parcours du REM d’environ un kilomètre. À suivre.

Trop à l’étroit

Avec 18,2 millions de passagers, soit une hausse de 9,5 %, 2017 avait été une année record pour Montréal-Trudeau. L’année 2018 sera du même calibre : ses neuf premiers mois affichent une croissance de 6,9 %.

Cette année, l’aéroport a aussi accueilli deux nouveaux transporteurs (Level et Norwegian) tandis que deux autres ont annoncé leur arrivée en 2019 (Aer Lingus et Austrian Airlines). Dix liaisons directes se sont ajoutées, dont Phoenix, Baltimore, Tokyo et Bucarest. Avec l’addition de Vienne en 2019, Montréal-Trudeau desservira 91 destinations à l’international (États-Unis non inclus). À titre de comparaison, Vancouver en offre 48 et Boston, 44.

Une croissance que Philippe Rainville a qualifié « d’heureux problème » et qui n’est pas près de s’arrêter : les projections d’ADM font état de 20 millions de passagers en 2019, 25 millions en 2025 et 35 millions en 2035.

« Montréal-Trudeau joue dans la cour des grands, mais la concurrence est féroce et les attentes des passagers et des transporteurs sont de plus en plus élevées. Une attente de 15 minutes hier est devenue inacceptable aujourd’hui. »

Or, malgré 88 millions de dollars de travaux effectués récemment (nouvelle zone d’enregistrement de bagages, création d’un centre de correspondances pour les voyageurs en transit, ajout de 100 bornes électroniques aux services frontaliers, etc.) et les 2,5 milliards qui seront investis prochainement, les besoins sont encore criants, selon Philippe Rainville.

Vers une nouvelle aérogare

C’est ainsi qu’ADM songe à accélérer la mise en œuvre de la deuxième phase de son plan de développement qui comprend la construction d’une deuxième aérogare en milieu de terrain.

« De nombreux secteurs de nos infrastructures sont déjà au maximum de leur capacité, a souligné Philippe Rainville. Cet été, une quinzaine de vols par jours ont été desservis en barrière éloignée parce qu’il n’y avait pas assez de portes d’embarquement-débarquement. On a utilisé des transbordeurs et des autobus pour transporter les passagers. Si on n’agit pas rapidement, il faudra faire cela à l’année. Un terminal prend sept ans à construire. Si on lance les travaux en 2019, il sera prêt en 2025 ou 2026. »

Une construction plus tardive nuira à la capacité d’ADM de répondre à la demande en plus de freiner le développement économique de Montréal, a-t-il affirmé. « Montréal-Trudeau est la principale porte d’entrée vers la métropole qui vit en ce moment une croissance exceptionnelle. ADM veut y contribuer. On ne veut pas casser le party! »

Gestion des TI dans le secteur public

ADM n’est cependant pas en mesure d’annoncer officiellement cette deuxième aérogare, car elle évalue différents scénarios de financement. La nouvelle infrastructure devrait toutefois être financée en grande partie avec de la dette, comme c’est le cas de la première phase. Notez qu’ADM ne reçoit pas de subventions et s’autofinance avec ses revenus (compagnies aériennes, stationnements, commerces, frais aéroportuaires, etc.). « Nous avons une cote de crédit A1 et nous voulons la maintenir malgré nos projets majeurs », a conclu Philippe Rainville.