Authier Lithium : petit projet minier, mais stratégique

Publié le 27/09/2018 à 15:33

Authier Lithium : petit projet minier, mais stratégique

Publié le 27/09/2018 à 15:33

Avec une production annuelle estimée à 85 000 tonnes de concentré de spodumène par année, Authier Lithium est un mini projet. Mais loin d’être un désavantage, cette petite taille est un atout, car elle lui permettra d’entrer rapidement sur le marché, a fait valoir Alexis Segal, vice-président affaires corporatives de la minière Sayona Québec, lors de sa présentation à la conférence Objectif Nord, organisée par Les Événements Les Affaires le 25 septembre dernier.

Créée en 2017, Sayona Québec est une filiale de la minière junior australienne Sayona Mining. Son projet Authier Lithium est situé dans la petite municipalité de La Motte, en Abitibi, à 30 km d’Amos. Il a des réserves de 12,1 millions de tonnes de minerai qui permettra de produire 1,6 million de tonnes de concentré de spodumène sur une durée de 18 ans. Quelque 1900 tonnes de minerai seront traitées quotidiennement.

Ce tonnage quotidien découle d’une stratégie bien réfléchie, car il permet à Authier Lithium de se soustraire à l’article 31.1 de la Loi sur la qualité de l’environnement. Cet article, qui peut mener à des audiences du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), s’applique aux projets miniers dont la capacité journalière de traitement du minerai est de 2000 tonnes et plus.

« Ça faisait partie du plan d’affaires de concevoir un projet à 1900 tonnes pour éviter les délais de deux à quatre ans qu’entraîne le processus du BAPE, a dit M. Segal. Avec les minéraux industriels comme le lithium, le timing est crucial. En ce moment, des entreprises essaient de sécuriser des approvisionnements de spodumène afin de pouvoir financer la construction de leurs usines de carbonate ou d’hydroxyde de lithium. C’est le temps d’entrer sur le marché pour conclure des contrats de cinq ou dix ans sur nos volumes de spodumène. Nous croyons qu’il y a une prime à être plus rapides. »

« Le Québec doit saisir sa part dans le marché mondial du lithium qui est en forte croissance », a-t-il poursuivi en indiquant que l’usine de Tesla au Nevada atteindra presque la moitié de la taille de la Principauté de Monaco.

La demande mondiale de lithium va en effet exploser d’ici 2026, passant de 200 000 tonnes à un million. Une croissance principalement attribuable à l’utilisation de ce métal dans les piles rechargeables ou à haute tension des voitures électriques, des cellulaires, des panneaux solaires et des éoliennes.

L’essentielle acceptabilité sociale

La décision de traiter une plus petite quantité quotidienne de minerai a aussi pour avantage de prolonger la durée de la mine, ce qui est bien accueilli par les résidents de La Motte selon le conférencier. « Le dépanneur a fermé il y a trois ans. La municipalité veut recréer de l’activité économique. Elle préfère une mine qui dure plus longtemps pour profiter plus longtemps des retombées. »

Alexis Segal a cependant insisté sur le fait que même si le projet Authier ne sera pas soumis à l’article 31.1, il devra tout de même faire l’objet d’une évaluation environnementale détaillée en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement.

La future mine de Sayona suscite tout de même des inquiétudes, en raison de la présence à proximité de l’esker Saint-Mathieu-Berry qui alimente en eau potable des villes de la région et où s’approvisionne l’entreprise Eska.

« La mine sera à 13 km de l’esker et les études ont démontré qu’elle n’aura pas d’impact négatif sur l’eau, a affirmé M. Segal. Malgré cela, les opposants font beaucoup de bruit et réclament un BAPE. »

Sayona a tenu plusieurs assemblées publiques à La Motte, Amos et Pikogan et s’apprête à lancer une plateforme de conversation avec le public. « Nous espérons que les faits vont prendre le dessus sur les émotions et que nous obtiendrons l’acceptabilité sociale », a dit le conférencier qui s’est joint à l’entreprise il y a quelques mois seulement.

S’il y a une leçon à tirer des événements, c’est qu’il est nécessaire d’impliquer la communauté très en amont des projets miniers, selon lui. « Sayona aurait dû être présente dans la région plus tôt pour bâtir des liens de confiance et entendre les préoccupations des gens, reconnaît-il. Idéalement, il devrait y avoir beaucoup de conversations informelles avant de présenter un projet minier en assemblées publiques. »

Un méga projet

Si le projet de Sayona est mini, celui de la Royal Nickel Corporation est gigantesque. Elle a mis en œuvre en Abitibi le projet Dumont, l’un des plus gros projets de nickel et de cobalt au monde et l’un des rares en Amérique du Nord.

Énergie

Entre autres caractéristiques, le minerai de Dumont est riche en magnésium, ce qui rendra ses résidus miniers propices à la capture passive du CO2, a indiqué son directeur de projet, Christian Brousseau. « L’empreinte carbone de Dumont sera nulle, mais nous voulons aller plus loin en faisant des recherches sur le potentiel de séquestration active du CO2 afin de produire un nickel plus vert. Ce serait un argument important pour une compagnie de batteries qui veut être écoresponsable. »

À l’instar du lithium, la demande pour le nickel sera elle aussi propulsée par l’engouement pour l’électrification des transports. « En 2025, la production de véhicules électriques pourrait atteindre 40 ou 70 millions, ce qui se traduirait par une demande de nickel supplémentaire d’au moins 400 000 tonnes par année », a indiqué le conférencier. Or, il y a peu de projets en développement à l’échelle mondiale, ce qui place le projet Dumont dans une position enviable. Il dispose de réserves évaluées à un milliard de tonnes qui devraient durer 33 ans. Sa mise en production est prévue pour 2020.

À propos de ce blogue

En coulisses est le blogue des Événements Les Affaires. Nous vous proposons un accès privilégié aux meilleures pratiques de la communauté d’affaires québécoises qui sont partagées lors de nos conférences. Chaque semaine, nous discutons avec certains des gestionnaires qui ont accepté d’être conférenciers à nos événements, afin de vous présenter des idées concrètes pour vous aider dans votre réflexion et répondre à vos préoccupations d'affaires.