Rogers-LNH: beaucoup de brasse-camarade pour bien peu

Publié le 26/11/2013 à 09:18

Rogers-LNH: beaucoup de brasse-camarade pour bien peu

Publié le 26/11/2013 à 09:18

BLOGUE. Mettez le sport national, 5,2 milliards de dollars et la télévision dans une même phrase et vous aurez là de quoi créer une tempête médiatique, car il n’y a rien que les médias n’aiment plus que de parler des médias.

L’entente de 12 ans entre Rogers Communications et la Ligne nationale de hockey (LNH) remplira les pages des journaux et les ondes, mais en Bourse son impact frôle l’indifférence.

>>>Lire LNH: Rogers et TVA Sports raflent les droits de diffusion

L’action de Rogers Communications (Tor., RCI.B, 46,23 $), qui met en ondes Sportsnet, et de son rival BCE (Tor., BCE, 46,53 $), qui met en ondes TSN-RDS, ont reculé respectivement de 1,1 % et de 0,5 %, mardi. La Bourse est souvent bon juge de la valeur ou non d’une nouvelle.

Même si Rogers frappe l’imaginaire en payant 5,2 G$ pour tous les droits de diffusion de la LNH, Colin Moore, de Credit Suisse, rappelle que sa division média représente seulement 4 % du bénéfice d’exploitation de la société, dominé par sa division sans-fil.

 En attirant les annonceurs et les abonnés à sa chaîne télé Sportsnet, l’entente ajoutera environ 1 % au bénéfice d’exploitation consolidé de Rogers, estime cet analyste.

 L’entente ajoutera 35 M$ au bénéfice d’exploitation de Rogers dès la première année et 60 M$ à partir de la troisième année, calcule Greg MacDonald, de Macquarie Research. Cela se compare au bénéfice d’exploitation de 5 milliards prévu en 2013.

 Surtout, dit-il, Rogers contrôlera du contenu en direct de grande valeur qui pourrait ralentir le déclin des abonnés à son service de câble et lui procurer un levier pour conserver ou même attirer des abonnés sans-fil.

 « C’est une police d’assurance à prix raisonnable contre l’érosion à long terme de ses flux de trésorerie, qui ont beaucoup de valeur pour les amateurs de dividendes qui détiennent son titre », écrit cet analyste.

 M. MacDonald hausse donc son cours-cible de 47 à 50 $, mais reste neutre envers le titre de Rogers qu’il juge déjà bien évalué en Bourse, au cours actuel.

Nouveau débat sur le pari du contenu

L’entente ravive encore une fois le débat sur le pari du contenu des fournisseurs sans-fil.

 Dvai Ghose, de Canaccord Genuity, ne croit toujours pas que l’accès au contenu télévisuel fidélise les abonnés, surtout que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) interdit aux groupes intégrés de garder pour eux l’exclusivité de leur contenu télévisuel sur Internet ou le sans-fil.

 « Trois ans après l’achat par BCE du réseau CTV, quel fournisseur sans-fil a le mieux fait en Bourse et avec le nombre de ses abonnés ? Telus, le seul fournisseur sans-fil qui ne possède pas de contenu média », dit-il en entrevue, avec sa verve habituelle.

 Telus a été mieux servie avec la mise à niveau de son réseau sans-fil et l’implantation de son réseau de télé filaire Optik, à son avis.

 Ce qui intéresse les consommateurs sont un signal sans-fil fiable et rapide, un bon service à la clientèle, un bon prix et un bon choix d’appareils, ajoute-t-il.

 « Le contenu sportif défraie les manchettes, mais ça pèse bien peu lourd dans les perspectives d’entreprises telles que Rogers et BCE », croit M. Ghose.

 BCE a sûrement offert le prix fort et aurait certainement aimé mettre la main sur des droits de diffusion élargis, mais son offre a été coiffée par celle de Rogers, explique Adam Shine, de la Financière Banque Nationale.

 « L’absence de droits de diffusion pour des parties additionnelles et la perte des droits pour les séries éliminatoires ont peu d’impact sur les résultats de BCE, ni sur notre thèse d’investissement », écrit l’analyste.

 TVA bondit de 5,4 %

 Pour le diffuseur québécois, Groupe TVA (Tor., 9 $), les investisseurs dressent un verdict beaucoup plus positif, poussant l’action à la hausse de 5.4 %.

 En devenant le diffuseur francophone exclusif de la LNH, la valeur de sa chaîne télé déficitaire TVA Sports vient de bondir, tout comme son pouvoir d’augmenter ses tarifs publicitaires et le tarif d’abonnement de la télé à la carte, explique M. Shine.

 « TVA a sûrement payé un bon prix pour les droits. Il faudra donc attendre pour que TVA Sports devienne rentable », écrit-il.

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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