Que nous révèle l'indice de la misère économique sur la Bourse?

Publié le 18/03/2017 à 09:27

Que nous révèle l'indice de la misère économique sur la Bourse?

Publié le 18/03/2017 à 09:27

Le marché continue de s’apprécier, mais le pari de croissance Trump s’essouffle un peu après des gains de 10 à 14% pour les trois grands indices américains depuis les élections.

L’indice de technologie Nasdaq s’est tout de même offert un nouveau sommet en cours de séance vendredi, porté par les bons résultats d’Oracle et d’Adobe, dévoilés cette semaine.

Janet Yellen, la présidente de la Fed a haussé comme prévu son taux directeur pour la deuxième fois en trois mois, mais elle n’a pas accéléré la cadence des prochaines hausses.

L'argentière a aussi réitéré que l’économie américaine se portait bien, mais sans toutefois relever ses projections de croissance.

Les attentes inflationnistes augmentent un peu, mais les risques sont «symétriques», si bien que l’inflation pourrait tout autant s’accélérer que perdre de la vitesse.

Le récent recul du pétrole et du dollar américain dégonfle un peu plus les paris de croissance des investisseurs qui espèrent toujours que les promesses pro-croissance de de l’administration Trump prendront éventuellement le dessus sur la politicaillerie entourant le budget du Congrès et les tensions entre la Maison blanche et les autres chefs d’état.

L’amélioration de l’emploi et des indicateurs avancés, ainsi que les nombreux sondages sur la confiance des consommateurs et des chefs d’entreprises, aux États-Unis, gardent toutefois les investisseurs engagés.

Le marché haussier semble donc entré dans une phase de consolidation pendant laquelle les investisseurs se déplacent d’un secteur et d’un titre à l’autre en fonction des nouvelles du jour, alors qu’en surface les indices engrangent de modestes gains.

Pour la semaine, le S&P 500 a avancé de 0,3%, le Dow Jones de moins de 0,1%, tandis que le Nasdaq à dominante technologique a fait mieux avec un gain de 0,7%.

Le Dow Jones et le S&P 500 n’ont pas connu de recul quotidien d’au moins un pourcent, depuis 108 jours.

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Les marchés émergents, populaires

Les paris de croissance (reflation trade) profitent plus aux marchés étrangers.

L’indice Stoxx Europe 600 s’est apprécié de 1,4% cette semaine, saluant les résultats souhaités des élections néerlandaises et de bonnes données pour l’économie et pour l’inflation sur le vieux continent.

À la hausse de 31% depuis février 2016, les marchés émergents continuent aussi sur leur lancée, gagnant 4,4% cette semaine.

Outre la croissance modérée de la Chine et la ré-accélération mondiale, ces marchés bénéficient aussi de la hausse des cours des ressources naturelles, d’un plafonnement du dollar américain et d’une Fed prudente.

L’indice mondial tous les pays MSCI a connu sa meilleure semaine depuis janvier, avec un gain de 1,4%, tout en s’offrant un record en cours de séance vendredi.

Cet indice de 23 pays développés et de 23 pays émergents réagit aux multiples indicateurs qui suggère que la croissance économie mondiale atteint de plus en plus de régions et de pays.

La Bourse est-elle chère? Pas particuièrement, croit le réputé James Paulsen

Quand les marchés semblent entre deux eaux, quoi de mieux que de se tourner vers la sagesse de James Paulsen, chef des investissements chez Wells Capital Management et rédacteur prolifique.

Le gestionnaire a rafraîchi son analyse de l’indice de misère économique (Misery Index) qu’il compare au multiple des bénéfices du S&P 500 pour rassurer ceux qui croient que l’évaluation élevée des actions est devenue un danger imminent pour la Bourse, qui a plus que triplé en huit ans.

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La mesure des bénéfices est en fait la moyenne mobile de cinq ans des profits réalisés par les entreprises du S&P 500.

L’indice de misère économique a été initialement conçu par l’économiste Art Okun afin de donner au président Lyndon Johnson le pouls global de l’économie.

Il additionne le taux de chômage et l’inflation de base afin de capter le bien-être économique de la population (Main Street par opposition à Wall Street).

Quand l’inflation et le taux de chômage sont élevés, le consommateur est évidemment le plus mal en point puisque les emplois sont rares et que la hausse des prix réduit en même temps son pouvoir d’achat, et vice-versa.

Son analyse suggère que l’évaluation actuelle des actions est «appropriée» en fonction des conditions de «Main Street».

M. Paulsen en rajoute en affirmant que la nature de la reprise économique actuelle suggère que l’évaluation des actions «devrait» être plus élevée que la moyenne.

Depuis 50 ans, dit-il, l’évaluation des actions est un bon miroir du bien-être économique du citoyen moyen.

Pendant la stagflation (inflation et faible croissance) des années 1970, les multiples d’évaluation étaient à leur plus bas, depuis la Guerre mondiale.

Par contre, pendant la période de prospérité des années 1980 et 1990, les multiples d’évaluation ont triplé, reflétant la chute de l’indice de misère économique.

«Ce n’est pas une coïncidence non plus si les plus faibles ratios cours-bénéfices des 50 dernières années ont été observés lorsque l’indice de misère économique atteignait des records», écrit-il, dans sa lettre Perspective.

Au moment de la bulle internet de 2000, par contre, le multiple cours-bénéfices avait fracassé un record au moment où l’indice de la misère économique touchait un plancher en 50 ans, rappelle-t-il.

À son avis, l’équilibre des marchés n’est pas menacée non plus par une montée en flèche de l’inflation ou encore par une récession prochaine.

Entre les deux, le risque d’inflation est sans doute plus présent que celui d’une hausse soudaine du chômage pour l’indice de misère, croit-il, en ajoutant qu’un peu d’inflation ne serait pas néfaste à la Bourse.

M. Paulsen termine son bulletin en plaidant pour un scénario favorable qui verrait l’indice de misère économique évoluer latéralement durant le reste de la reprise, comme ce fût le cas lors du cycle économique antérieur.

Il est même probable à son avis que l’inflation prenne un peu de force, en même temps que le chômage décline encore et tombe même sous la barre des 4%.

«Si l’indice de misère économique reste assez stable au cours des prochaines années, et l’évaluation du S&P 500 aussi, cela permettrait aux investisseurs de récolter des gains correspondant au rythme des profits», avance-t-il.

Avec les dividendes, l’investisseur pourrait donc compter sur un rendement total annuel de l’ordre de 6 à 7%, jusqu’à la fin du cycle économique.

Il n’est pas exclu non plus que les multiples d’évaluation se gonflent encore un peu puisque depuis les années 1990, des multiples de plus de 20 ans sont plus fréquents étant donné la prospérité économique qui caractérise cette période par rapport aux décennies antérieures.

Le multiple actuel des bénéfices du S&P 500 est d’ailleurs à peine plus élevé que sa moyenne depuis 25 ans.

«Le multiple d’évaluation pourrait donc s’étirer encore un peu, sans pour autant signaler de l’excès, reflétant ainsi la persistance d’un faible indice de misère», fait-il valoir.

M. Paulsen termine sa lettre en rappelant que tout marché haussier a éventuellement une fin qui entraîne une contraction des multiples d’évaluation.

Trop d’inflation ou une nouvelle récession sont des déclencheurs potentiels.

«Pour l’instant pourtant, nul besoin de paniquer concernant l’évaluation de Wall Street, tant que les conditions de Main Street ne deviennent pas plus misérables», conclut-il.

De toute façon, l’évaluation des cours en soit est rarement un bon baromètre pour moduler ses investissements en Bourse, à part aux extrêmes tels qu’en 2000 ou en 2009, répètent si souvent les vétérans de l’industrie.

L’analyse de M. Paulsen fournit tout de même de bons repères  fondamentaux qui éclairent un peu plus l’éternel débât sur la cherté ou non des actions.

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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