Pourquoi les titres de télécom reviennent dans les grâces de cet analyste

Publié le 17/07/2018 à 16:56

Pourquoi les titres de télécom reviennent dans les grâces de cet analyste

Publié le 17/07/2018 à 16:56

Après leur pire performance pour un premier semestre en huit ans, les titres de télécommunications méritent un second regard.

C’est tout au moins l’avis de l’analyste Aravinda Galappatthige de Canaccord Genuity qui recommande à ses clients recommande de revenir au secteur des télécommunications.

Ce conseil survient à l’aube de la saison des résultats du deuxième trimestre des cinq acteurs de cette industrie.

Cogeco Communications (CCA, 71,70$) a ouvert le mal le 12 juillet, Rogers Communications (RCI.B, 66,29$) suivra le 19 juillet tandis que Telus (T, 48,18$) fermera la marche le 3 août.

Ses arguments

L’évaluation des titres a retrouvé sa moyenne à long terme de 7,3 fois le bénéfice d’exploitation prévu dans un an.

En même temps, l’intensité de la concurrence appréhendée en début d’année ne se matérialise pas, explique l’analyste.

Au contraire, Rogers, Vidéotron et Shaw Communications (SJR.B, 27,44$) ont modéré leurs promotions afin de pleinement profiter de la croissance naturelle des abonnés que leur procurent le plein emploi, l’augmentation de la population et la multiplication des appareils connectés.

Compte tenu du fait que les résultats des fournisseurs de services de télécommunications ont continué à s’améliorer et que les taux d’intérêt ont augmenté seulement de 0,4% au premier semestre, le recul de 8% lui apparaît exagéré.

Au quatrième trimestre de 2017, le secteur avait cédé seulement 3,5% pendant une hausse de 0,88% des taux américains de dix ans, qui servent de barème pour évaluer l’attrait comparatif des dividendes par rapport au rendement des obligations.

En 2013, le premier semestre avait aussi vu le secteur reculer de 3%, mais à cette époque on craignant l’arrivée au pays du titan américaine Verizon Communications (VZ, 51,54$US), rappelle-t-il.

Un petit risque demeure: la possibilité que le fournisseur Freedom Mobile de Shaw dépasse la marque de 240000 nouveaux abonnés par année.

«Cela pourrait déclencher une riposte des fournisseurs établis, mais ce n’est pas dans les cartes», croit M. Galappathige.

Pour l’instant, les promotions se limitent à des plans de données sans-fil de 10go pour 75 à 85$.

C’est certainement un rabais par rapport aux plans habituels de 110 à 115$ par mois, dit-il, mais il est seulement offert aux clients qui reviennent.

Ce tarif reste aussi nettement supérieur au revenu moyen mensuel par abonné des 54 à 55$ des fournisseurs établis.

M. Galappathige suit tout de même de près l’expansion du service Bell Télé Fibe dans la grande région de Toronto où il chevauchera le territoire du service de télévision IP de Rogers.

«Notre impression est que Rogers a plus à cœur ses repères de rentabilité que la croissance des abonnés à court et moyen terme», évoque l’analyste. 

Rogers en tête des préférés

Une fois ce nouveau portrait établi, M. Galappathige fait de Rogers, Telus et Shaw ses trois favoris, les deux premières pour l’influence de leur division sans-fil.

La récente performance sans-fil de Rogers est exceptionnelle, dit-il.

La société aujourd’hui dirigée par le transfuge de Telus, Joe Natale, a fait croître le bénéfice d’exploitation de sa filiale sans-fil d’au moins 9% au cours des quatre derniers trimestres.

Rogers est en voie d’accroître son bénéfice d’exploitation consolidée de 8,3% en 2018, par rapport à 3,9% pour Telus et à 2% pour BCE(BCE, 55,97$).

L’Ontarienne réduit ses coûts et fait aussi moins appel aux promotions qu’avant pour attirer de nouveaux abonnés.

Quant au câble, la croissance du bénéfice d’exploitation devrait passer de 2% en 2017 à 4%, en 2018 grâce à la rationalisation. Son évaluation, de 7,3 fois le bénéfice d’exploitation est encore inférieure à celle de 7,8 fois pour Telus, 8,4 fois pour Shaw et de 7,8 fois pour BCE, bien que son action ait fortement rebondi 19% de son action, depuis la fin de mars.

Grâce à un bilan moins lourd qu’avant, Rogers pourrait recommencer à relever son dividende au début de 2019. 

Telus, un deuxième choix de qualité

Telus plaît parce que la société de Vancouver tire les deux-tiers de son bénéfice d’exploitation du sans-fil, tandis que son service de télé IP est solide.

Shaw ne lui livre pas une concurrence à tout prix dans l’Ouest canadien puisque le câblodistributeur de Calgary a aussi des actionnaires et des prêteurs à satisfaire.

Telus peut aussi entrevoir des dépenses en capital moins élevées après une période intense de débours ces dernières années.

Ses flux de trésorerie libres devraient passer de 1,63 à 2,30$ par action en 2018, prévoit l’analyste.

Maintenant que son service de télé IP couvre 50% des ménages sur son territoire, et les deux tiers l’an prochain, Telus est bien placée pour regagner des parts de marché de sa rivale Shaw, croit-il.

La reprise de l’industrie pétrolière de l’Alberta lui est aussi favorable.

L’analyste de Canaccord a bien hâte de prendre connaissance des informations des divisions santé et internationales de Telus, ce qui pourrait les mettre en valeur. 

Shaw, une candidate malaimée

Shaw Communications est un choix moins sûr qui a surtout le potentiel de surprendre, explique l’analyste.

Il donne en exemple l’effet de surprise suscité par la progression deux fois plus importante que prévu du nombre d’abonnés sans-fil au deuxième trimestre (dévoilé en avril).

Le financier avance que Shaw et son service Freedom Mobile (Wind Mobile acquis en 2015) peuvent profiter de la popularité croissante des plans pour les clients sans-fil qui apportent leur propre appareil.

En 2019, Shaw pourrait aussi offrir un forfait de quatre services dans son marché de l’Ouest canadien.

Le service sans-fil est PME est un autre filon à exploiter.

La plateforme X1 de Comcast pour le câble n’attire pas autant de clients que prévu, mais elle abaisse les coûts de prestation du service de câble.

«Les seules perspectives du sans-fil justifient un achat parce que Shaw a acquis le nouveau venu Wind Mobile (ce qui plaît aux régulateurs)», écrit-il.

Relisez Pourquoi ce stratège revient-il aux épiciers

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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