Pourquoi la technologie reprend le haut du pavé en Bourse?

Publié le 02/04/2017 à 13:45

Pourquoi la technologie reprend le haut du pavé en Bourse?

Publié le 02/04/2017 à 13:45

Comme ils le font depuis le début de 2016, les marchés ont continué à déjouer les investisseurs, au premier trimestre.

Le pire début d’année de l’histoire en janvier 2016 ne s’était-il pas soldé par une année fort rentable avec des gains de 17,5% pour le S&P/TSX à Toronto et de 13,4% pour le Dow Jones à New York?

Et que dire encore des prédictions d’une catastrophe si Donald Trump était élu. Les trois grands indices américains se sont envolés de 11 à 14% depuis les élections.

Cette fois, le dollar américain, les banques et le pétrole ont reculé lors des trois premiers mois de l’année alors que la hausse des taux d’intérêt et les coupes de l’Opep devaient les soutenir, prédisaient les experts.

Le premier trimestre de 2017 s’est terminé mollement, le 31 mars, mais les pros seront heureux de pouvoir présenter de bons gains à leurs clients, malgré la chute de 5,8% du baril de pétrole West Texas et de 7% du baril de pétrole Brent, dans les deux cas leur pire performance depuis la fin de 2015.

Le S&P 500 a gagné 5,8%, son meilleur trimestre depuis la fin de 2015. Quelque 350 sociétés de cet indice phare ont avancé.

Le Dow Jones a crû de 5,5% et enfile un sixième trimestre consécutif d’appréciation, sa plus longue série de gains depuis 2006.

À Toronto, l’indice S&P/TSX s'est adjugé 1,7%, la majorité lors du dernier mois, alors que 10 des 11 secteurs de l’indice ont contribué à son appréciation.

Autre surprise: l’Europe (en hausse de 7%) n’a pas souffert du Brexit ni des incertitudes entourant les élections sur le Vieux Continent comme certains l'avaient prédit. 

La technologie de nouveau en tête

Quant au Nasdaq, il a le plus bénéficié de la rotation des investisseurs vers les titres de technologie, avec un généreux bond de 9,8%.

Les investisseurs ne savent pas trop quelles promesses Donald Trump pourra tenir, mais ils veulent rester en Bourse.

Ils se déplacent donc d’un secteur à l’autre en attendant que la confiance élevée des consommateurs et des dirigeants sondés récemment se transpose plus concrètement en meilleurs données économiques et bénéfices.

Il est tout naturel que les consommateurs et les entreprises attendent de connaître leur taux d’imposition et le coût de l’assurance-maladie avant de prendre des décisions.

Le gouvernement Trump imposera-t-il une taxe à l’importation ou accélérera-t-il l’amortissement des investissements pour encourager les dépenses en immobilisations comme l’avait fait Georges Bush en 2004?

En échange d’une baisse d’impôts, le Congrès mettra-il fin à la déductibilité des frais d’intérêt? Et quelles conditions encadreront l’imposition et le rapatriement des 966 milliards de dollars américains de bénéfices accumulés par 217 entreprises américanes à l’étranger ?

Cet attentisme se reflète d’ailleurs dans l’absence de volatilité. Le baromètre de la peur, le fameux VIX a terminé le premier trimestre à 11,4%, soit son plus faible niveau, depuis 2006.

Le mouvement haussier, qui avait surtout profité aux titres de l’énergie, aux banques et aux titres cycliques après les élections, emporte les titres de la technologie.

Les gains ont de quoi couper le souffle au premier trimestre. Des géants ont connu des gains que l’on associe généralement à des plus petites sociétés à forte croissance: 24% pour Apple (AAPL), 23% pour Facebook (FB), 21% pour Priceline (PCLN), 18% pour Amazon (AMZN) et 16% pour Netflix (NFLX).

Ces titres ont pris le relais dès que les investisseurs se sont mis à craindre que Donald Trump ne puisse pas imposer son agenda pro-croissance, après l’échec de la réforme de l’assurance-maladie.

Le rôle de l’impôt

La technologie bénéficie aussi du fait qu’elle est l’industrie la plus mondiale du S&P 500, en termes de revenus réalisés à l’international.

Le recul de 1,8% du dollar américain au premier trimestre donne plus de valeur aux revenus et aux profits réalisés à l’étranger.

La cadence de l’économie mondiale est aussi pour l’instant supérieure à celle des États-Unis, explique Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity.

C’est ce qui explique d’ailleurs que les marchés émergents ont bien fait au premier trimestre, avec un gain de 11,1% (en $US), tout comme l’indice CRB des métaux industriels qui a bondi de 8,2% au premier trimestre

Le nouvel élan mondial, tout relatif soit-il, favorise le plus les multinationales de technologie.

Autre explication glanée: les entreprises de technologie bénéficiant déjà des plus faibles taux d’imposition, elles seraient moins frappées si la réforme des impôts promise par M. Trump était aussi bloquée ou diluée par les élus les plus conservateurs au Congrès.

Un graphique de Goldman Sachs indique qu’un panier de titres des sociétés les plus imposées a presque perdu tous les gains engrangés après les élections.

Par contre, les entreprises de technologie auraient le plus à gagner du rapatriement des bénéfices accumulés à l’étranger, en échange d’un taux d’imposition réduit temporairement qu'a promis le nouveau président.

On verra bien si le raisonnement un peu étriqué des pros tiendra la route après la fin du remaniement de leurs portefeuilles en fin de trimestre.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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