Les stéroïdes de la Fed ont l'effet attendu, pour l'instant

Publié le 14/09/2012 à 17:23, mis à jour le 17/09/2012 à 09:17

Les stéroïdes de la Fed ont l'effet attendu, pour l'instant

Publié le 14/09/2012 à 17:23, mis à jour le 17/09/2012 à 09:17

BLOGUE. Frustrée que ses 2 300 milliards de dollars américains de rachats d’obligations et de titres hypothécaires depuis 2008 n’ait pas réussi à réduire le taux chômage pour la peine depuis février 2009, Ben Bernanke joue le tout pour le tout pour fouetter l’économie américaine et avec elle, celles de ses partenaires économiques, dont la Chine, qui vacille.

Pour l’instant, le geste sans précédent du président de la Réserve fédérale, a l’effet escompté : dopées de nouveaux stéroîdes, les Bourses du monde grimpent et avec elles les prix de ressources naturelles et de l’or qui réagissent au recul du billet vert.

Pour la première fois, M. Bernanke attache son assouplissement quantitatif (soit le rachat d’obligations par opposition à l’habituelle baisse de son taux directeur) au taux de chômage, qu’il juge, à 8,1 %, 2 % au dessus de ce qu’il devrait être.

Ethan Harris, co-chef de l’équipe économique de Bank of American et un ex-analyste à la Réserve fédérale de New York, s’attend à ce que la Fed rachète des obligations ou des titres hypothécaires, tant que le taux de chômage n’aura pas atteint 7 %.

De plus, la banque centrale veut maintenir le rachat d’obligations ou de titres hypothécaires tant qu’il le faudra, au lieu de s’imposer un plafond, comme par le passé.

Puisque Ben Bernanke ne peut plus baisser les taux, qui sont déjà près de zéro depuis décembre 2008, il ne lui reste qu’à gonfler la valeur des actifs tangibles et financiers, pour enrichir les investisseurs, dans l’espoir qu’ils deviennent des consommateurs plus dépensiers.

M. Bernanke a aussi prolongé d’un an, jusqu’à la mi-2015, l’engagement de maintenir les taux près de zéro. Il a aussi indiqué que la politique monétaire resterait accomodante, même une fois que l’économie aura pris plus de vigueur.

Que ces mesures exceptionnelles soient prises, à un moment où la Bourse américaine est déjà à un sommet de cinq ans, et à un moment où les craintes d’inflation refont surface, suggère que l’économie est plus mal en point que les données les plus récentes le suggèrent.

Tous les économistes répètent à qui mieux mieux que lorsqu’une banque centrale imprime de l’argent neuf, inévitablement, elle dévalue sa monnaie et crée de l’inflation, ce qui appauvrit tout le monde, en diminuant leur pouvoir d’achat.

C’est un risque que M. Bernanke semble prêt à prendre, car ce qu’il craint toujours le plus c’est une grande période stagnante et déflationniste à la Japonaise.

Les stéroïdes de la Fed éviteront sans doute une nouvelle récession, mais ils ne règlent en rien les problèmes d’endettement des États-Unis, ni le coût insoutenable de ses programmes sociaux, à long terme.

Les élections américaines du 6 novembre, risquent aussi d’envenimer l’impasse politique concernant le précipice fiscal, soit l’expiration le 31 décembre de réductions d’impôts et la réduction automatique de dépenses, totalisant 540 milliards de dollars américains.

Ces soucis sont pour un autre jour, Pour l’instant l’humeur est à la fête, les Bourses américaines ayant gagné 4 % en deux semaines :

- le S&P 500 est à la hausse de 17 % depuis le début de l’année et seulement 7 % sous son sommet de 2007

- le Nasdaq est à un sommet depuis novembre 2000

- le Russell 2000 a terminé à moins d’un point de son record d’avril 2011

- les prix des denrées sont les plus élevés depuis le 3 avril et s’apprécient depuis sept semaines

- le pétrole est à un sommet de 4 mois, de 99 $ US

- l’or a gagné 0,04 %, à un sommet depuis février, de 1772,80 $ US

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
Sujets liés

Économie , Bourse

Blogues similaires

Immobilier: un marché qui vous empêche de dormir?

Édition de Mars 2024 | Denis Lalonde

BILLET. Selon la Banque Nationale, l’accessibilité au logement au 4e trimestre de 2023 s’est détériorée au Canada.

Ce n'est pas la fin du monde

Édition du 20 Mars 2024 | PHILIPPE LE BLANC

EXPERT INVITÉ. Le pessimisme et le fatalisme ne font pas de bons investisseurs boursiers à long terme.

Verizon, le nouveau défi de Manon Brouillette

Édition du 16 Juin 2021 | Stéphane Rolland

ANALYSE. La notoriété a une dimension régionale. La nomination de Manon Brouillette à la ...