Investisseurs, le temps est venu de vendre des actions, dit un stratège

Publié le 23/02/2017 à 11:36, mis à jour le 23/02/2017 à 11:58

Investisseurs, le temps est venu de vendre des actions, dit un stratège

Publié le 23/02/2017 à 11:36, mis à jour le 23/02/2017 à 11:58

Les investisseurs sont beaucoup trop insouciants. Le temps est venu de vendre des actions, conseille catégoriquement Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity.

«C’est la première fois depuis que nous avons joint Canaccord à l’été 2011 que nous recommandons à nos clients de sous-pondérer les actions en portefeuille» , dit-il.

Ce conseil s’adresse aux investisseurs actifs qui modulent tactiquement leurs placements afin de battre le marché à court terme.

Son portefeuille-modèle augmente ses liquidités dans les bons du Trésor américain de 5% à 10% et diminue la part accordée aux actions de 60% à 56% (réduction de 2% chacune au Canada et aux États-Unis).

M. Roberge déplace aussi 5% du portefeuille dans les obligations de sociétés tout en diminuant de 6% la part en obligations gouvernementales.

La proportion totale en obligations diminue donc d’un pourcent à 34%, soit un pourcent de moins qu’une répartition neutre.

Le stratège avait prédit que si la Bourse poursuivait son élan en février, les probabilités d’un repli augmenteraient sérieusement pour le mois de mars.

Son signal: le S&P/TSX est en voie de connaître un 13e mois consécutif de gains, un record qui surpasse les dix mois de l’ascension de 2013-14.

Les autres épisodes d’appréciation aussi prolongée datent de 1982-83 et de 1960-61.

En moyenne, le S&P/TSX a flanché de 21% et le S&P 500 de 19%, lors de ces trois périodes, précise-t-il.

Volatilité étrangement faible

M. Roberge n’est pas le seul à voir rouge, tellement les gains s’accumulent vite, au moment où la volatilité est curieusement absente.

D’ailleurs, son deuxième signal d’alerte concerne l’écart record entre le multiple des bénéfices prévus du S&P 500 et le baromètre de volatilité VIX du Chicago Board Options Exchange. Au niveau actuel, cet écart révèle un niveau de «complaisance extrême».

Pour mettre sa recommandation en contexte, M. Roberge rappelle que le S&P 500 a déjà surpassé son cours cible de 2325 prévu pour la fin de 2017, tandis qu’il ne reste qu’un gain potentiel de 3% pour le S&P/TSX en fonction de son cours cible de 16300.

Le stratège s’attend à un repli de l’ordre de 10% à 15% qui frapperait le plus les titres qui ont le plus profité de «l’effet Trump», soit les financières, la technologie ainsi que les titres industriels les plus tributaires des dépenses en capital, tels que les fournisseurs de machinerie.

À court terme, il conseille à ses clients de se réfugier dans l’or et les fonds immobiliers à capital fermé américain qui profitent de la hausse des loyers accompagnant le rebond de l’inflation.

Pendant la correction, M. Roberge achèterait les producteurs canadiens de pétrole et de gaz, les fournisseurs de services pétroliers et gaziers, les producteurs de métaux industriels et de bois-d’œuvre afin de profiter du dernier élan du mouvement haussier.

«Les matières premières devraient mieux se tenir pendant la correction puisque le dollar américain semble avoir atteint un certain plateau», ajoute-t-il.

Pas le seul à sonner l’alarme

Le stratège de Canaccord Genuity n’est pas le seul à sonner l’alarme et à crier à l’excès d’insouciance de la part des investisseurs.

David Kostin, de Goldman Sachs, vient de mettre en garde les investisseurs qu’ils risquent d’être déçus par la réforme des impôts de l’administration Trump, dont l’impact sur l’économie et les profits sera plus modeste et plus tardif qu’espéré.

Puisque le Congrès souhaite que la réforme soit neutre pour les revenus de l’État, l’administration Trump devra aller chercher des impôts ailleurs dans les poches des sociétés, soit en imposant une taxe à l’importation ou en éliminant la déductibilité des frais d’intérêt pour les entreprises, entre autres.

Dans son dernier bulletin, Luc Vallée, stratège de Valeurs mobilières Banque Laurentienne, a aussi noté que le rapport entre les indices de volatilité sur 30 jours (VIX) et sur trois mois (VXV), avait atteint le niveau le plus élevé depuis le sommet de 2007.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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