Encore fragile, la Bourse peut s'offrir d'autres gains

Publié le 17/02/2018 à 06:00

Encore fragile, la Bourse peut s'offrir d'autres gains

Publié le 17/02/2018 à 06:00

Le violent repli du S&P 500 semble déjà presque un mauvais souvenir, mais la Bourse n’est pas encore sur des assises solides, réitèrent les analystes techniques.

L’indice élargi S&P 500 et le Dow Jones ont récupéré 57% et 54% de leurs pertes antérieures de 10,2% et de 10,4%, respectivement.

Or, tant que le rebond n’efface pas au moins 61% du mouvement baissier, les «techniciens» disent que les indices ne sont pas encore sortis de leur tendance baissière antérieure, rappelle Tomi Gilmore sur le site MarketWatch.

Il faudrait donc que le S&P 500 repasse au-dessus de la barre de 2761 et le Dow Jones au-dessus de celle de 25563 pour que les indices se divorcent de l’élan baissier précédent, précise l’auteur. 

Deuxième test nécessaire

Quant à Tony Dwyer, analyste américain de Canaccord Genuity, il répète que la Bourse devra tester à nouveau le creux du 8 février avant de laisser la correction derrière elle, comme ce fût le cas en 1998, en 2010 et en 2011.

«Il est possible que le plus grand volume des placements liés à la volatilité ait accéléré le processus de formation d’un plancher boursier, mais je doute que les marchés soient différents d'avant, car les entrailles techniques des marchés reflètent en fait la nature humaine», fait valoir M. Dwyer, dans une note émise pendant la séance du 16 février.

L’analyste de New York dit s’attendre à une autre secousse au cours des prochaines semaines qui offrirait une nouvelle occasion d’achat pour les investisseurs aguerris.

En plein changement de régime pour les taux et l’inflation, M. Dwyer croit que les marchés vivront plusieurs soubresauts tout au long de l’année, contrairement aux 15 mois de gains consécutifs et à la volatilité imperceptible de 2017.

«À chaque secousse, les investisseurs remettront en doute la conjoncture fondamentale, pour ensuite réaliser que les vents de dos soufflent encore», évoque aussi M. Dwyer.

L’analyste maintient donc sa cible de 3100 pour le S&P 500, d’ici la fin de 2018 et suggère d’acheter des titres de la finance, de la technologie et du secteur industriel dans les mouvements de repli pour profiter de la rare synchronisation de la croissance mondiale, de l’accélération américaine, du retour des dépenses des entreprises, de la hausse des revenus des travailleurs et de la formation tardive des ménages par les milléniaux plus confiants.

L’inflation modérée fait un retour, longtemps désiré, qui est bénéfique aux revenus des entreprises qui pourront mieux absorber la hausse des salaires.

L’arbitrage mondial de la production et la vive concurrence entre les entreprises devraient empêcher l’inflation de s’emballer. Et c’est sans compter l’effet déflationniste des tendances lourdes des avancées technologiques et du vieillissement de la population.

Les déficits et la dette américaines deviennent aussi des boulets, mais l'effet de ces points de bascule s’étale habituellement sur plusieurs années.

Les taux américains repères de 10 ans ont aussi atteint un plateau de 2,87% après avoir grimpé jusqu’à 2,9095% le 2 février, ce qui a laissé les investisseurs respirer, tout comme le recul du billet vert favorable aux exportateurs et aux multinationales américaines, constate aussi Martin Roberge, stratège quantitatif de Canaccord Genuity, à Montréal. 

Le meilleur portrait quantitafif depuis 2009

À court terme, les perspectives des bénéfices des entreprises du S&P 500 ont rarement été aussi favorables, note pour sa part Savita Subramanian, stratège quantitative, de Bank of America Merrill Lynch.

Son modèle tactique qui classe tous les secteurs du S&P 500 en fonction de l’élan relatif des cours, des bénéfices et de l’évaluation dresse le meilleur portrait depuis le creux de la crise en mars 2009, puisque rien de moins que 18 industries offrent de bons rendements potentiels.

La montée récente des taux d’intérêt rétrécit l’écart entre le rendement qu’offrent les obligations de 10 ans (2,87%) et le rendement des bénéfices du S&P 500 (de 6%), mais les actions ont encore nettement l’avantage, dit-elle.

De surcroît, l’évaluation du S&P 500 s’est dégonflée de 8% depuis le sommet du 26 janvier. La multiple a retrouvé le niveau qu'il avait en’octobre 2016, de 16,6 fois les bénéfices prévus dans 12 mois, grâce au recul des cours et à la hausse parallèle de 3% des prévisions de bénéfices.

Chez Credit Suisse, l’optimiste stratège Jonathan Golub, avance que les investisseurs sous-estiment l’élan de l’économie mondiale.

Les entreprises sont aussi les plus nombreuses en 20 ans à surpasser les prévisions des analystes.

«Le taux d’impôts effectif a baissé de 5,1% pour les 295 sociétés du S&P 500 ayant dévoilé l’impact de la réforme à ce jour, haussant d’autant les prévisions de bénéfices pour 2018», précise-t-il.

Quelque 205 autres entreprises divulgueront bientôt leurs résultats financiers et il y a fort à parier que la hausse prévue de 1,9% de leurs bénéfices pour 2018 sera relevée à leur son tour, dit-il.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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