Bourse: un regain de 8% au 2e semestre?

Publié le 29/06/2018 à 18:10, mis à jour le 03/07/2018 à 12:38

Bourse: un regain de 8% au 2e semestre?

Publié le 29/06/2018 à 18:10, mis à jour le 03/07/2018 à 12:38

Le mois de juin termine le premier semestre sur une fausse note, les indices américains ayant été incapables le 29 juin de conserver les gains du début de la séance.

Et ce malgré l’annonce par une vingtaine de banques américaines - affranchies du dernier test de stress financier de la Fed - qu’elle distribueront 164 milliards de capitaux à leurs actionnaires sous forme de dividendes accrus et de rachats majeurs d’actions, au cours des douze prochains mois.

L’indécision domine au moment où les ripostes commerciales se multiplient et la Fed persiste dans ses hausses des taux.

Le premier semestre tumultueux a vu un départ canon, un sommet historique dès janvier, suivi ensuite de deux replis de 10% chacun en février et mars .

Le gain du S&P 500 est infime depuis le début de l’année, à peine 45 points, mais cet indice phare surpasse les marchés mondiaux depuis six semaines.

C’est de bon augure, croit Jason Goepfert, fondateur de Sundial Capital Research, puisque les gains du S&P 500 tendent à tirer les autres marchés mondiaux vers le haut, plutôt que l’inverse, à court terme tout au moins.

La performance de 2,9% du S&P 500 au deuxième trimestre est de 4,7% supérieure à celle du reste du monde, le plus fort écart depuis 2014.

À Toronto, l’indice S&P/TSX s’est offert un gain de 2,2% en juin, propulsé par le sommet du pétrole depuis novembre 2014 et l’influence croissante du cannabis sur le secteur de la santé, entre autres.

L'indice torontois a gagné 5,9% au deuxième trimestre, son meilleur depuis la fin de 2013. Et pour cause, le secteur de l'énergie a rebondi de 15% entre mars et juillet, sa meilleure performance en neuf ans. Le producteur MEG Energy(MEG) a explosé de 141%. 

Les stratèges vivent encore d’espoir

S’il n’en tient qu’aux stratèges, la Bourse américaine pourrait connaître l’une des meilleures deuxième moitié d’année depuis 2009.

La majorité des stratèges recensés, soit 17 sur 25, espèrent toujours que le S&P 500 surpassera son sommet de janvier.

Leurs cours-cible moyen de 2944 pour la fin de 2018 laisse entrevoir un regain de 8,3% pour l’indice phare au cours des six prochains mois, rapporte Bloomberg.

Depuis 2009, les stratèges ont été aussi optimistes dans leur pronostics pour la deuxième moitié de l’année qu’à deux occasions, soit en 2010 et en 2015.

En 2010, le S&P 500 avait grimpé de 22% en juillet et décembre. Par contre, en 2015, l’indice avait perdu 1%, indique Bloomberg.

Cette cible repose bien sûr sur la progression d'encore 10% des bénéfices l'an prochain, une prévision que les tarifs commerciaux menacent.

Poir Toronto, dix stratèges sondés par Bloomberg prévoit un gain d'encore 4,9% à 17068 d'ici la fin de l'année, malgré les ripostes commerciales. Les gestionnaires de Fiera et BMO, entre autres, s'attendent à ce que le secteur de l'énergie poursuive son rattrapage sur le cours du pétrole. Les banques et les matériaux apparaissent aussi sous-évalué.

Que mijote Donald Trump?

A moins que l'habile Donald Trump ne mijote d'autres mesures pour soutenir les entreprises et les consommateurs.

Dans une entrevue accordée à Fox Business News, l'occupant de la Maison-Blanche a brièvement évoqué une deuxième phase à sa réforme fiscale qui réduirait de 21 à 20% le taux d'imposition des sociétés et qui aiderait aussi la classe moyenne ... juste à temps pour les élections de mi-mandat du 6 novembre. 

Des sceptiques à convaincre

Les investisseurs semblent moins croire à un rebond des Bourses puisque 24,2 milliards de dollars ont fui les actions américaines cette semaine, précise Bank of America Merrill Lynch.

En revanche, les clients fortunés de ce courtier conservent seulement 9,9% (un plancher) de leur portefeuille en liquidités et allouent 61% (près du record de 63%) de leurs placements en actions, précise Michael Hartnett, le stratège en chef de cette firme.

Son indicateur maison, à 2,4, est près du signal d’achat de 2. Le stratège recommande à ses clients de réinvestir leur capital dans les marchés malaimés de l’Europe et des pays émergents, une fois qu’il en donnera le signal.

Les yeux tournés var la fin du cycle

Chez Canaccord Genuity, le stratège quantitatif Martin Roberge se positionne pour les toutes dernières manches du cycle économique.

Dans son scénario, les taux américains de deux ans pourraient passer au-dessus des taux de 10 ans au premier semestre de 2019, puisque le taux directeur de la Fed revient à la normale alors que les taux à long terme augmenteront plus modérément. C'est la fameuse inversion de la courbe des taux qui précède historiquement les récessions. 

M. Roberge table sur un tour de vis de 0,25% à chaque rencontre trimestrielle de la Fed en 2018 et en 2019.

Non seulement, l’inflation de 2% et le chômage au plancher militent-ils pour un rétablissement du taux directeur, mais «la banque centrale souhaite certainement se constituer un petit coussin à temps pour la prochaine récession», écrit-il dans son plus récent bulletin.

Le financier rappelle que la Fed a réduit son taux repère par 5,50% en moyenne lors des neuf dernières récession et que la crise de 2008 a requis en plus le rachat massif d’obligations.

Les secteurs préférés

À ce stade avancé du cycle, les actions, les matières premières et les obligations de sociétés devraient encore bien faire, prévoit M. Roberge.

Historiquement, la Bourse canadienne, les marchés EAEO (Eurore, Australie et Extrême-Orient) et les marchés émergents surpassent aussi le S&P 500 un an avant que la courbe des taux ne s’inverse.

La logique de fin de cycle se répercute sur ses choix de secteurs.

L’inflation des loyers bénéficient plus aux fonds immobiliers à capital fermé (FPI ou REIT) qu’aux banques qui affrontent un marché immobilier étiré.

Les épiciers et leurs marges devraient profiter de l’effet d’entraînement de la remontée plus généralisée de l’inflation au moment où les cours des aliments devraient rester modérés. 

Cette fois, M. Roberge croit que les producteurs de matières premières résisteront mieux à la hausse des taux, car leurs titres n'ont pas suivi le mouvement haussier des cours des ressources.

Par contre, les banques pourraient battre de l’aile, cette fois, parce que leurs clients tant individuels que corporatifs sont susceptibles de réduire leur niveau d’endettement avant et pendant la prochaine récession.

Les secteurs plus défensifs prisés pour leurs dividendes, les télécommunications et les services aux collectivités surtout, prendront le relais des titres cycliques en Bourse une fois que la courbe des taux s’est inversée, explique-t-il.

Voici les gagnants du S&P/TSX en juin

et les perdants


À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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