Bourse: les investisseurs célèbrent déjà l'Action de grâce

Publié le 20/11/2015 à 18:09, mis à jour le 20/11/2015 à 18:51

Bourse: les investisseurs célèbrent déjà l'Action de grâce

Publié le 20/11/2015 à 18:09, mis à jour le 20/11/2015 à 18:51

Photo : Bloomberg

L’Action de grâce sera célébrée jeudi prochain aux États-Unis, mais en Bourse les festivités semblent avoir déjà commencé.

Le S&P 500 a gagné 3,3%, sa meilleure semaine depuis presque un an.

La semaine de l’Action de grâce est historiquement joyeuse pour la Bourse parce qu’elle donne le coup d’envoi au magasinage des fêtes qui fournit aussi le dernier élan annuel à l’économie et au meilleur trimestre de l’année pour les détaillants.

Les investisseurs semblent aussi voir leurs vœux s’exaucer : la fin du suspense entourant la première hausse du taux directeur de la Fed, la quasi-certitude d’une remontée très graduelle des taux et le nouvel engagement de Mario Draghi, de la Banque centrale européenne (BCE) de tout mettre en oeuvre pour relever l’inflation anémique le plus rapidement possible.

M. Draghi précisera sa stratégie anti-déflation le 3 décembre.

Le premier tour de vis de la Fed est vu comme un vote de confiance envers la capacité de l’économie à résister à une augmentation des couts d’emprunt.

En même temps, le léger recul des taux de 10 et de 30 ans cette semaine est perçu comme un signal que l’essoufflement de l’économie américaine assurera une remontée lente ou courte des taux par la Fed, explique Martin Roberge, de Canaccord Genuity.

Sans ses composantes financières, l’indicateur avancé américain se contracte à nouveau, de 0,3% pour la première fois depuis 2012, dit-il.

Les taux de 10 ans ont légèrement baissé cette semaine à 2,26%, alors que les taux de 2 ans ont augmenté à un sommet de cinq ans de 0,92%.

Les marchés émergents reviennent à la vie

Les festivités se sont propagées aux marchés émergents qui ont connu leur meilleure semaine en six, avec un gain de 2,7%. Plusieurs stratèges, de Goldman Sachs à Capital Economics, croient que le temps est venu de revenir aux marchés émergents.

Leurs stratèges font valoir que la dépréciation de leurs monnaies, la stabilisation de la Chine et des cours matières premières devraient raviver un peu la cadence des économies émergentes.

Ces marchés sont aussi moins chèrement évalués que la moyenne des autres marchés.

L’indice MSCI des marchés émergents s’échange à un multiple de 11 fois les bénéfices prévus dans 12 mois, comparativement au ratio de 16 fois pour l’indice mondial MSCI.

Une remontée lente des taux devrait aussi freiner l’appréciation du dollar américain qui a tant nui aux devises et aux Bourses des marchés émergents, depuis trois ans.

«D’ailleurs cette semaine, le dollar américain s’est apprécié par rapport aux monnaies des pays développés, dont l’euro, mais il a fléchi de 0,8% par rapport aux devises des pays émergents. C’est signe que les pros ne craignent plus autant une fuite des capitaux de ces pays», note aussi M. Roberge.

Le remaniement de fin d’année brouille les cartes

Normalement, les marchés émergents et les cours des ressources bougent en tandem, car elles dépendent en partie de la valeur du dollar américain.

Or, cette semaine, plusieurs matières premières dont le pétrole et le cuivre ont continué de faiblir.

M. Roberge attribue toutefois ce nouveau recul au remaniement de fin d’année des pros qui vendent des placements pour des raisons techniques ou fiscales.

«Il ne faut pas sauter aux conclusions en fin d’année parce que les ventes fiscales et le repositionnement des portefeuilles pour l’année suivante peuvent fausser les tendances», indique le stratège.

Si certains croient que l’inflation pourrait surprendre à la hausse en 2016 et faire monter les taux plus vite que prévu, d’autres craignent au contraire que la Fed commet une erreur en haussant son taux directeur quand l’économie ralentit et qu’elle devra faire marche arrière l’an prochain.

Le duel entre ces deux scénarios opposés promet bien d’autres soubresauts en Bourse, à l’aube de 2016.

Si le dollar américain reste stable après la première hausse de taux par la Fed, l'appétit du risque pourrait se prolonger et favoriser les marchés émergents, croit Michael Hartnett, le stratège en chef de Bank of America.

Toutefois, le mouvement haussier est fragile et pourrait connaître des ratés, prévient-il.

Le prochain mois sera riche en événements avec l'inclusion du yuan chinois dans le panier des devises le 30 novembre, la réunion de la BCE le 3 décembre, les données sur l'emploi américain et la réunion de l'Opep le 4 décembre, ainsi que la décision de la Fed le 16 décembre.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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