Bourse: le «market timing» toujours aussi futile

Publié le 31/08/2016 à 17:37

Bourse: le «market timing» toujours aussi futile

Publié le 31/08/2016 à 17:37

L’année 2016 s’avère certainement l’une des meilleures pour démontrer une fois de plus la futilité du «market timing» qui consiste à tenter de battre le marché en fonction des évènements ou de la conjoncture du moment.

Janvier s'était amorcée avec une perte de 6% à sa première semaine, le pire début d’année de tous les temps avaient titré tous les médias.

De nouvelles inquiétudes suscitées par une dévaluation surprise du yuan chinois avaient alors ébranlé les investisseurs qui craignaient une récession chinoise et mondiale.

À son creux du 11 février, l’indice-phare S&P 500 avait perdu 11% de sa valeur.

L’assouplissement des réserves que doivent mettre de côté les banques en Chine avaient ensuite rassuré les investisseurs.

Le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni de l’Union Européenne, le 23 juin, a aussi secoué les investisseurs.

Les marchés mondiaux ont néanmoins rapidement récupéré les 3000 milliards de dollars américains qu’ils avaient perdu les 24 et 25 juin.

Le réputé Ken Fisher, chef de la direction de Fisher Investments, s’est même moqué en entrevue cette semaine du fait que les investisseurs s’inquiètent ces jours-ci du manque de volatilité en Bourse alors que la trop grande volatilité les avaient fait fuir la Bourse, au début de l’année.

Pour sa part, Michael Batnick, directeur de la recherche chez Ritholtz Wealth Management, rappelle aussi à quel point qu’il a été vain pour les investisseurs de se déplacer des fonds négociés les plus volatils (high beta) en janvier aux FNB les moins volatils.

Après des gains et des chutes successives de plus de 20% pour chacun de ces deux segments, ces deux segments du marché sont quasiment nez à nez depuis le début de l’année.

«Les fonds négociés en Bourse sont certainement efficaces, mais ils ne changent pas le penchant humain de réagir aux humeurs du moment», écrit le rédacteur au site The Irrelevant Investor.

La surprise des marchés émergents

Qui aurait crû aussi que les marchés du Brésil, de la Russie ou de la Turquie par exemple s’apprécient autant en 2016?

Depuis le début de l’année, l’indice brésilien Ibovespa a explosé de 55% au moment où le pays connaît sa pire récession en 100 ans et assiste à la destitution historique de sa présidente Dilma Rousseff; l’indice BIST National 100 d’Istanbul a gagné 6% malgré des mesures de répression sans précédent en riposte à un coup d’état raté; l’indice RTS de Moscou a bondi de 18,8% en dépit d’une économie affaiblie par la chute du pétrole, les sanctions occidentales, ainsi que ses propres interventions militaires coûteuses en Ukraine, en Crimée et en Syrie.

L’indice MSCI des marchés émergents a bondi de 13,2% cette année, plus du double du gain de 6,2% du S&P 500.

Et que dire du pétrole qui a enfilé rien de moins cinq marchés haussier et baissier, soit des mouvements de plus ou moins 20%, depuis le début de l’année.

Aux États-Unis, le repli des derniers jours a fait perdre au S&P 500 tous les gains engrangés au mois d’août.

Une hausse plus probable du taux directeur de la Fed et l’angoisse que suscite l’arrivée des deux mois les plus houleux de l’année, motivent les investisseurs à encaisser des gains, après le sommet du 15 août.

Gourous et stratèges s’agitent

Ces jours-ci voient encore une fois apparaître une foule de conseils sur les sites financiers de la part de gourous ou de stratèges qui s’adressent davantage aux spéculateurs qu’aux investisseurs.

Le coloré Jim Rogers, co-fondateur du Fonds Quantum établi à Singapour, répète à nouveau qu’il est temps de vendre le S&P 500 à découvert en prévision d’un plongeon bien mérité de la Bourse américaine.

D’autres firmes plus sérieuses enjoignent leurs clients de se réfugier dans les secteurs les plus défensifs, le temps de laisser la tempête passer. Pourtant, ces titres sont les plus chèrement évalués et pourraient ne pas offrir la sécurité que les investisseurs recherchent.

Plus près de nous, le stratège quantitatif de Canaccord Genuity, Martin Roberge, suggère aux pros de réduire le risque de leur portefeuille, dans sa mise à jour pour la grande rentrée.

Prédisant une repli boursier de 4 à 7%, il réduit sa répartition en actions de 2% qu’il ré-alloue à l’encaisse, qui passe à 5%.

L’approche d’une deuxième hausse des taux par la Fed l’incite aussi à préférer les banques et les assureurs aux payeurs classiques de dividendes, tels que les fournisseurs de télécommunications et d’électricité.

Le marché haussier le "moins joyeux"

Heureusement pour lui, l’investisseur individuel n’a pas à battre le marché à tous les trimestres, ni à suivre les foules pour arriver à ses fins: s’enrichir à long terme.

Le dernier mot revient à M. Fisher qui estime que le marché haussier actuel a de bonnes chances de dépasser la montée de 13 ans de 1987 à 2000 justement parce que «peu y croient».

Les marchés haussiers «meurent dans l’euphorie » nous rappelle le réputé John Templeton, dit-il, ce qui n’est certainement pas le cas aujourd’hui,

Les stratèges des courtiers sont les plus pessimistes depuis 2013, si l'on se fie à l'indicareur mensuel de Bank of America Merrill Lynch. Les stratèges recommandent une répartition moyenne de 49,6% en actions. C'est nettement mieux que le creux historique de 43,9% de 2012, mais ça reste nettement inférieur au niveau de 54%, de l'été dernier.

Évidemment, un choc imprévu peut venir en tout temps jouer les troubles fête, reconnaît le gestionnaire de 65 ans. C’est une raison de plus selon lui pour rester fidèles aux entreprises de qualité les plus rentables et les plus solides financièrement.

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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