Bourse: est-ce l'orage avant l'éclaircie?

Publié le 14/12/2018 à 17:18

Bourse: est-ce l'orage avant l'éclaircie?

Publié le 14/12/2018 à 17:18

La fuite des actions et d’autres classes d’actif risqués s’amplifie alors que la fin d’année approche.

Cette semaine, le S&P 500 est passé deux fois sous la marque de 2600, un seuil qui le rapproche du creux de la correction de février 2018.

En baisse de 2,7% depuis le début de l’année, le S&P 500 a aussi cédé 11,3% depuis le 20 septembre, ce qui en fait la pire correction depuis celle de 14% entre mai 2015 et janvier 2016.

Le S&P 500 a terminé la semaine à un nouveau plancher en clôture de 2599, depuis le mouvement de correction amorcé le 20 septembre.

Si l’indice glissait sous 2580, un autre point d’appui technique serait franchi, signale Bespoke Investment Group.

Et si le S&P 500 perdait plus de 10% au quatrième trimestre, comme c’est le cas en date du 14 décembre, ce serait mauvais présage pour le premier trimestre de 2019, si l’on se fie aux annales boursières.

Depuis 1929, la Bourse a perdu plus de 10% au quatrième à seulement neuf reprises. La perte moyenne a été ensuite de 4% pour le premier trimestre suivant, précise Bespoke.

On apprend aussi que les investisseurs ont retiré en une semaine des capitaux record de 39 milliards de dollars américains des fonds d’actions mondiales, rapporte Bank of America Merrill Lynch.

Les retraits des fonds d’actions américaines de 28 G$US ont presque dépassé le record du mois de mars.

Son indicateur Bull/Bear, à 2,6, est près du signal d’achat de 2,0. Si l’encaisse des pros remontait au-dessus de 5,4% et que les investisseurs délaissaient aussi les marchés émergents, un signal d’achat tactique pourrait être déclenché, indique le stratège Michael Hartnett.

Souhaitons la répétition de 1994

Cette année, un portefeuille générique composé à moitié du S&P 500 et à moitié d’obligations américaines de 10 ans s’aligne pour offrir un rendement inférieur à celui de 1,7% des bons du Trésor de trois mois.

Cela s’est produit seulement cinq fois depuis 1989.

«Une telle occurrence survient habituellement à l’aube ou pendant une récession. L’année 1994 a été l’exception, les obligations ont énormément souffert du resserrement monétaire énergique d’alors, mais les actions avaient tout de même arraché un léger rendement de 1,3% en incluant les dividendes. L’année 1995 n’avait pas connu de récession non plus», raconte M. Kacviv.

Même si le consensus est pour une pause de la hausse des taux par la Fed après le 19 décembre et que la Chine instaure plusieurs mesures concrètes pour dénouer l’impasse commerciale (réduction des tarifs sur les autos américaines importées, l’achat de fèves de soya américaines), la Bourse américaine se dirige vers le pire mois de décembre en 16 ans avec un recul de 5,8%.

Le bond de 4,2% des ventes au détail et de 3,9% de la production industrielle, en novembre aux États-Unis, n’ont pas réussi non plus à enrayer le pessimisme.

Le ralentissement plus visible des économies chinoise et européennes, observé dans une série de données publiées pendant la semaine, ont sans doute exacerbé les inquiétudes déjà vives à l’égard des perspectives pour 2019.

Certains commentateurs croient aussi que les troubles légaux entourant le président américain et l’incertitude qu’ils suscitent pour le reste de son mandat et l’approche du nouveau Congrès commencent à empoisonner l’humeur ambiante.

«Ça ajoute à la confusion générale. L’incertitude accroît la prime de risque en Bourse et envoie les investisseurs vers le refuge des obligations, ce qui aplanit la courbe des taux», a expliqué Joseph LaVorgna, économiste chez Natixis, à l’agence Bloomberg.

Trop tôt pour crier au loup?

Si le S&P 500 touchait son plancher annuel en décembre, ce ne serait pas de bon augure non plus selon l'historique boursière. L’année suivante, les marchés ont perdu en moyenne 11,4%, bien que les écarts de rendements soient énormes: une chute de 47% en 1930 et un gain de 12,4 % en 1987.

«Il est encore trop tôt pour sauter à cette conclusion. Cette semaine a vu une pointe dans les ventes pour fins fiscales de la part des gros investisseurs», explique Martin Roberge, de Canaccord Genuity.

L’écart de crédit entre les obligations de sociétés et les obligations du Trésor s’est même amélioré ce qui est bon signe, ajoute le stratège.

«Techniquement, la Bourse est presque aussi survendue qu’en 2015. Si la Fed signale une pause le 19 décembre, le climat pourrait vite changer», dit-il.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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