Beauchamp – Changement de régime de la Fed : ce qu’il faut en penser

Publié le 20/06/2013 à 10:43, mis à jour le 20/06/2013 à 17:04

Beauchamp – Changement de régime de la Fed : ce qu’il faut en penser

Publié le 20/06/2013 à 10:43, mis à jour le 20/06/2013 à 17:04

Le président de la Fed, Ben Bernanke [Photo : Bloomberg]

BLOGUE. Le président sortant de la puissante Réserve fédérale, Ben Bernanke, prépare le terrain à une éventuelle normalisation des taux d’intérêt.

Les Bourses et une foule d’autres catégories d’actif étant devenues accros aux stéroïdes de la Fed, les marchés n’ont pas tardé à manifester des symptômes de sevrage.

Et pour cause: les taux d’intérêt demeurent l’ingrédient vital dans les modèles d’évaluation de tous les actifs financiers.

Il faut dire que depuis le 2 mai, les taux phares américains de 10 ans ont grimpé de 1,66 % jusqu’à 2,47 %, jeudi matin, à un sommet de 22 mois, avant de retomber à 2,42 %.

M. Bernanke lui-même s’étonne ouvertement de cette hausse rapide compte tenu de l’inflation modeste et de l’amélioration encore ténue du marché de l’emploi.

S’il a voulu refroidir la fièvre des spéculateurs, qui font grimper une foule d’actifs financiers profitant du levier des taux, il aura tout au moins réussi. à calmer leur ardeur.

Les Bourses ont flanché un peu partout dans le monde, le plus en 19 mois. Le S&P 500 a fléchi de 4 % depuis avoir atteint son sommet de 5 ans le 21 mai.

L’indice mondial MSCI a perdu 5,6 % depuis son sommet de cinq ans du 21 mai.

L’or a aussi chuté sous le point d’appui technique de 1 300 $ US l’once.

Les investisseurs continuent aussi de fuir les marchés émergents.

Les titres à revenu en Bourse, les payeurs de dividendes ou de distributions, ainsi que les fonds immobiliers, continuent de tomber de leur piédestal.

Les obligations de sociétés et les obligations des pays émergents, devenues populaires comme solution de rechange aux faibles rendement des obligations américaines, encaissent aussi une raclée. 

Au lendemain des déclarations de Ben Bernanke, voici des réactions à retenir :

Stéfane Marion, stratège, Financière Banque Nationale: «L’environnement de faible inflation donne à Ben Bernanke une fenêtre idéale pour observer comment les classes d’actifs réagissent à la fin éventuelle des rachats par la Fed. La réaction initiale des marché est appropriée, car on doit recalibrer l’évaluation de tous les titres en fonction de taux plus élevés. Entendons-nous, si l’économie vacille, la Fed prolongera ses rachats».

Vincent Delisle, stratège chez Banque Scotia: « Les marchés seront fragiles pendant la transition. On passe d’une période de rachats à l’infini à une autre fin-de-rachats. Le repli des marchés sera probablement temporaire si l’on se fie au passé. Le S&P 500 s’apprécie généralement un an avant la première hausse du taux directeur. La première réaction au changement de régime monétaire s’avère souvent la mauvaise. La renormalisation des taux repose sur une amélioration de l’économie et de l’emploi, favorables aux entreprises. Nous attendons des signes que le S&P 500 est survendu pour réinvestir l’encaisse accumulée depuis avril dans les actions américaines».

Ed Sollbach, stratège chez Valeurs mobilières Desjardins: «Le changement de régime de la Fed crée beaucoup d’incertitude, car il est entièrement tributaire de la trajectoire des données économiques. Outre la hausse des prévisions économiques et la baisse des prévisions de chômage, il est surprenant qu’autant de gouverneurs de la Fed deviennent tout à coup plus aigles que colombes concernant la nécessité de hausser les taux d’ici 2015. Nous sommes plus convaincus qu’avant que les taux de dix ans américains se dirigent vers 4,2 %, d’ici 2016 ».

Julian Jessop, économiste mondial de Capital Economics : « La Fed insiste sur le fait que sa politique restera très accomodante même après la fin de ses rachats et même dans une reprise plus soutenue. Nous prévoyons donc des taux de 10 ans de 3 % en 2014 et de 3,5 %, en 2015. De tels taux seraient encore bien en deça de niveaux normaux de plus de 4 % ». 

Michael Hartnett, stratège en chef Bank of America Merrill Lynch : « 2013 marquera la pointe de l’ère des liquidités. Nos économistes jugent les nouvelles prévisions économiques de la Fed trop optimistes, mais la banque centrale achèvera vraisemblablement ses rachats tôt en 2014. Tant que l’économie américaine et mondiale tiendront la route, les taux et  la répartition de capital reviendront à la normale, ce qui favorisera les actions. À très court terme, l’encaisse est reine  ».

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
Sujets liés

Économie , Bourse

Blogues similaires

Immobilier: un marché qui vous empêche de dormir?

Édition de Mars 2024 | Denis Lalonde

BILLET. Selon la Banque Nationale, l’accessibilité au logement au 4e trimestre de 2023 s’est détériorée au Canada.

Ce n'est pas la fin du monde

Édition du 20 Mars 2024 | PHILIPPE LE BLANC

EXPERT INVITÉ. Le pessimisme et le fatalisme ne font pas de bons investisseurs boursiers à long terme.

Verizon, le nouveau défi de Manon Brouillette

Édition du 16 Juin 2021 | Stéphane Rolland

ANALYSE. La notoriété a une dimension régionale. La nomination de Manon Brouillette à la ...