Banques: à quoi s'attendre à mi-année?

Publié le 15/05/2017 à 18:22, mis à jour le 19/05/2017 à 19:07

Banques: à quoi s'attendre à mi-année?

Publié le 15/05/2017 à 18:22, mis à jour le 19/05/2017 à 19:07

La Banque Nationale devrait relever son dividende de 4% à 0,58$, comme elle avait promis de le faire une fois que son capital règlementaire atteindrait 10,5%. (Photo: Charles Desgroseillers)

Après avoir trébuché de leur piédestal boursier depuis le mois de mars, les banques reprennent du mieux, les investisseurs flairant les résultats encore solides attendus pour leur deuxième trimestre.

Les six banques se sont appréciées de 0,6% à 1,2% le 15 mai, bien que quatre d’entre elles affichent toujours un déclin depuis le début de l’année.

Comme d’habitude, la Banque de Montréal(BMO, 94,77$) ouvrira le bal des résultats trimestriels le 24 mai. Canadian Western Bank(CWB, 26,07$) fermera la marche 1er juin.

Les investisseurs mettent de côté la controverse entourant des tactiques de vente trop agressives des banques, les déboires du prêteur hypothécaire alternatif Home Capital Group(HCG, 9,17$) et le déclassement de leur cote de crédit par Moody’s pour se concentrer à court terme sur un trimestre qui s’annonce fort respectable, quoique sans l’éclat du premier trimestre.

Le rebond du pétrole donne meilleur allure aux bénéfices

Sohrab Movahedi, de BMO Marchés des capitaux et Robert Sedran, de CIBC Marchés mondiaux, s’attendent à ce que les grandes banques dévoilent une hausse de 8% à 10% de leurs bénéfices.

Seule la Banque Laurentienne essuiera un recul trimesttriel de 6,8% de ses bénéfices.

La Banque de Montréal et la Banque Laurentienne devraient relever leur dividende de 2%, la Banque Nationale, de 4%. 

Cette augmentation paraît élevée, dans une économie assez atone, mais les analystes rappellent qu’un an plus tôt la chute du cours du pétrole avait fait grimper les provisions pour pertes sur les prêts accordés au secteur de l’énergie.

Sans l’effet des provisions, les banques devraient afficher une progression globale de 5% de leurs bénéfices, précise M. Movahedi.

De plus, la baisse devrait s’établir à 5% si on compare le deuxième trimestre au premier puisque les marchés des capitaux se sont calmés après l’agitation causée tant à la Bourse que dans le marché obligataire, dans la foulée de l’inauguration de Donald Trump.

D’ailleurs, ce recul sera plus prononcé pour les banques dont les bénéfices ont surpassé le plus les attentes au premier trimestre, soit la Banque TD(TD, 63,67$), la Banque Nationale et la Banque BMO.

«La contribution des marchés des capitaux restera solide, mais elle ne soutiendra pas le record du premier trimestre», explique M. Sedran.

Le guichet unique à l’œuvre encore une fois

D’où viendra cette bonne performance des banques? D’un peu partout, répond M. Movahedi qui s’attend encore une fois à ce que la diversité des sources de revenus et le partage à six du marché continuent à faire croître les bénéfices.

«L’environnement pour les prêts reste bon compte tenu de la création d’emplois et des bas taux d’intérêt malgré la faiblesse des prêts à la consommation en Alberta et une modération naturelle dans le volume des prêts», explique M. Movahedi.

M. Sedran ne craint pas un effet de contagion sur le marché résidentiel ni sur celui des hypothèques de la crise de liquidités chez Home Capital, dont le portefeuille représente à peine 1% du marché hypothécaire de 1400 milliards de dollars.

De plus, le marché hypothécaire était encore à la hausse de 5% en février, à peu près le rythme observé au cours de chacune des trois dernières années, précise-t-il.

Ceci dit, le marché résidentiel est appelé à ralentir de toute façon étant donné la multiplication des mesures de la part d’Ottawa, de l’Ontario et de la Colombie-Britannique pour calmer la surchauffe que même les banques redoutaient.

«Un ralentissement dans les hypothèques, qui fournissent encore aux banques la moitié de leurs prêts, freinera la croissance des revenus, mais les banques s’y préparent depuis un moment»,  soutient l’analyste de CIBC.

Les suppressions de coûts à la rescousse aussi

Le nouvel effort d’efficacité des banques aura un plus grand rôle à jouer dans la croissance des bénéfices, aux côtés des divisions internationales et de la gestion du patrimoine, prévoit l’analyste.

M. Movahedi, qui compare le deuxième trimestre à un quart de travail productif d’un ouvrier, mise d’ailleurs sur une baisse de 0,6% des dépenses autres que d’intérêts.

Une mesure clé de la rentabilité des banques, le rendement de l’avoir des actionnaires, devrait rester à 15%, prévoient aussi les deux analystes, qui jugent aussi les banques bien capitalisées.

«Nos perspectives de placements pour les banques n’ont pas changé malgré le bruit ambiant. Ces titres offrent de bons rendements de dividendes et rendements de l’avoir des actionnaires (sans s’endetter). Les banques se concentrent sur ce qu’elles contrôlent, leurs dépenses et le déploiement de leur capital. Elle peuvent donc continuer à procurer un rendement total annuel de 10% à 12%», conclut M. Movahedi, de BMO.

La Banque Royale(RY, 68,58$), Scotia et TD ont aussi été les plus actives à racheter leurs actions récemment.

Une évaluation mitoyenne

L’évaluation des banques est supérieure tant à son propre historique qu’à l’indice S&P/TSX, mais elle ne constitue pas un obstacle à d’autres gains en Bourse, croit pour sa part M. Sedran.

Leur multiple de 11 fois les bénéfices projetés en 2018 reste bien en deça de la pointe de plus de 14 fois connue en 2006, mais a grimpé depuis le creux de 8,9 fois de février 2016.

«L’environnement économique des deux côtés de la frontière est assez solide pour soutenir des multiples plus élevés que la moyenne», ajoute-t-il. 

Le recul des titres bancaires depuis mars améliore leur potentiel de rendement, bien qu’il fasse s’attendre à un parcours plus cahotique qu’auparavant», prévient-il tout de même.

M. Sedran préfère les Banque Scotia et Banque Royale tandis que M. Movahedi privilégie la Scotia et la TD.

Voici les prévisions de bénéfice par action de M. Sedran :

Banque BMO, BMO/+ 12%

Banque Scotia, BNS/+ 10,1%

Banque Nationale, NA/+ 8,8%

Banque Royale,RY/+ 5,5%

Banque T-D,TD/+ 3,7%

Canadian Western Bank, CWB/+ 39,0%

Banque Laurentienne, LB/- 6,8%

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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