Investisseurs, avez-vous raté ces quatre événements?

Publié le 08/09/2018 à 11:09

Investisseurs, avez-vous raté ces quatre événements?

Publié le 08/09/2018 à 11:09

(Photo: 123rf.com)

Le cirque continuel qu’offre la présidence de Donald Trump ainsi que le suspense entourant les négociations de libre-échange entre les États-Unis, le Canada et la Chine ont saturé les manchettes et les ondes en pleine rentrée boursière.

Derrière ces distractions, quelques événements sont passés inaperçus et méritent l'attention des investisseurs à l'aube de l'automne. Les voici.

Réforme des impôts 2.0

Pendant que les occupants de la Maison-Blanche cherchent fébrilement le «résistant» dans leurs rangs qui a publié une tribune anonyme dans le New York Times, on apprenait que le Parti républicain compte bien déposer en chambre d'ici la fin du mois la deuxième phase de la réforme des impôts prévue à l’agenda pro-croissance du président.

Le projet de loi vise à pérenniser certaines des mesures fiscales adoptées l’an dernier, notamment la baisse des taux d’imposition pour les particuliers et à alléger certaines règles d’épargne-retraite.

Tout ça bien sûr, à temps pour les élections à mi-mandat de 6 novembre.

Si toutefois l’économie américaine ne soutenait pas le rythme nécessaire pour ajouter aux recettes de Washington, l’éventuelle facture fiscale à payer deviendra très salée pour l’État américain et pourrait apeurer ses créanciers.

D’autres hausses de taux, malgré l’ALÉNA

Les Canadiens doivent se préparer à payer encore plus pour emprunter si l’on se fie au message de Carolyn Wilkins, première sous-gouverneure de la Banque du Canada.

L’économie peut tolérer des taux plus élevés, même en plein conflit commercial avec les États-Unis, a-t-elle déclaré lors d’une allocution à Régina.

La banque centrale a même discuté à l’interne la possibilité d’accélérer ses tour de vis, bien que les échanges ont conclu que l’approche graduelle actuelle reste la plus appropriée.

L’ajustement des ménages aux nouvelles restrictions hypothécaires et une économie qui roule à bon régime sont deux arguments en faveur de la hausse du coût d’emprunt.

Mme Wilkins a rappelé que les mesures protectionnistes peuvent pousser l’inflation au-delà de la zone de confort de 2%.

L’impact sur l’inflation des tarifs devrait être transitoire puisque la hausse des prix ne provient pas d’une poussée de la demande pour les biens et services.

Pour l’instant, la banque s’attend à ce que les tarifs douaniers et le déclin de la confiance amputent seulement 0,75% du produit intérieur brut, d’ici 2020.

Le taux de financement à un jour a augmenté à quatre reprises depuis la mi-2017.

La dernière hausse du taux de référence, à 1,5%, date de juillet. La prochaine, à 0,75%, est attendue le 24 octobre.

La famille Weston déplace les pions de son empire

La transaction de 2,7 milliards de dollars passée inaperçue est l’échange d’actifs conçue par la famille Weston pour réorganiser son empire, sans payer d’impôts, dans l’espoir bien sûr de muscler son potentiel et sa valeur.

Ainsi, l’épicier Loblaw (L, 67,38$) échange son intérêt de 61,6% dans la Fiducie de placement immobilier Propriétés de Choix (CHP.UN, 12,26$) contre 27 millions de nouvelles actions de sa société mère George Weston (WN, 99,34$) que Loblaw redistribuera ensuite à ses propres actionnaires minoritaires.

En d’autres mots, les actionnaires minoritaires de Loblaw échangent leur actionnariat indirect dans le fonds immobilier Choix pour un autre dans George Weston.

Cet échange complexe diversifie la société de portefeuille George Weston et lui fournit une véritable troisième jambe - l’immobilier - ce qui réduira aussi sa dépendance à Loblaw qui lui procurait 93% de sa valeur (60 à 65% après l’échange).

En même temps, le fonds immobilier Choix obtient un actionnaire mieux aligné stratégiquement qui pourra financer au besoin les projets multifonctionnels qui n’auraient pas été dans l’intérêt de son principal locataire, les épiceries de Loblaw.

En tant que société de portefeuille, Weston mettra aussi la main sur 239M$ de distributions additionnelles du fonds immobilier qu’elle pourra réinvestir dans ses propres projets d’expansion ou de mise en valeur.

Pour sa part, Loblaw espère obtenir une évaluation plus élevée en Bourse une fois sa structure simplifiée, incluant l’élimination de la dette associée au propriétaire immobilier.

Tous s’attendent pour dire que c’est la constance de la croissance des bénéfices que cherche à retrouver Loblaw qui compte pour l’évaluation de l’épicier.

Pour inciter les actionnaires de Loblaw à approuver la transaction à trois, ils recevront un dividende combiné de 24% de plus qu'avant s’ils conservent les actions reçues de George Weston.

L’échange requière le feu vert de deux tiers des actionnaires de Loblaw et de la majorité des actionnaires minoritaires, à une assmblée en octobre.

Pour l’instant, les analystes, les investisseurs et les cours des trois sociétés restent de glace, car il est encore difficile de discerner comment l’échange inattendu donnera plus de valeur aux trois entreprises.

«Le léger recul des trois titres depuis l’annonce indique que les investisseurs ne perçoivent pas encore la création de valeur dans la transaction», évoque Patricia Baker, de Banque Scotia.

L’ultime motivation de la famille Weston, dont l'horizon se compte en générations, se révélera sans doute au fil du temps à mesure que les trois sociétés poseront d’autres gestes stratégiques.

«Le fait que la famille accepte de diminuer de 63 à 53% son bloc de contrôle dans George Weston témoigne de l’importance pour elle du potentiel de l’immobilier», note pour sa part Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux.

Chez CIBC Marchés des capitaux, Mark Petrie juge que l’échange d’actifs est un bon premier pas, mais il croit que d’autres efforts de diversification seront nécessaires – et une amélioration de sa boulangerie - pour réellement changer la perception des investisseurs envers George Weston.

Encadrer l’épidémie du BAIIA ajusté

Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) lancent une consultation de 90 jours pour mieux baliser la présentation des données financières non conformes aux principes comptables généralement reconnus (PCGR).

Ces dernières années, l’usage du terme «bénéfice d’exploitation ajusté», et autres formules du genre, a littéralement explosé parce que entreprises veulent être comparables les unes avec les autres en éliminant les distorsions comptables.

Dans le plus récent communiqué trimestriel de BRP (DOO, 70,75$) par exemple, le fabricant de véhicules récréatifs utilise les termes «bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement normalisé» et «bénéfice net normalisé» pour présenter ses résultats.

En 2016, 70% des entreprises de l’indice canadien des plus fortes valeurs boursières, le S&P/TSX 60 diffusaient des mesures non conformes aux PCGR, avait recensé la firme de recherche indépendante Veritas Research. L’usage n’a cessé de croître depuis.

Étant donné la multiplication d’états financiers «conçus sur mesure», les ACVM proposent des obligations claires et complètes afin d’améliorer la qualité des informations aux investisseurs.

Les nouvelles règles encadreront autant les états financiers proprement dits que les notes, les rapports de gestion, les notices annuelles, les communiqués et les prospectus.

Les règles dicteront comment nommer les mesures de bénéfices non conformes et même la place qu’elles occupent dans les états financiers.

 

À propos de ce blogue

La Sentinelle de la Bourse se veut un blogue pour les investisseurs qui s¹intéressent aux rouages de la Bourse et aux marchés financiers. Son objectif : surveiller et débusquer des repères financiers pertinents pour prendre le pouls des Bourses et ainsi mieux aiguiller les décisions de placement de l¹investisseur.

Dominique Beauchamp
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