Cultiver la curiosité est le moteur de l’innovation

Publié le 03/03/2022 à 11:25

Cultiver la curiosité est le moteur de l’innovation

Publié le 03/03/2022 à 11:25

«Cette ouverture aux nouveaux concepts est quelque chose que les enfants ont naturellement», souligne Dominic Gagnon. (Photo : Joseph Rosales pour Unsplash.com)

BLOGUE INVITÉ. Selon moi, la curiosité est la première qualité d’un innovateur. La curiosité est une impulsion pour poursuivre une pensée, trouver une solution, chercher de nouvelles possibilités ou continuer sur un chemin pour voir ce qu'il y a autour du virage suivant.

La plupart des inventions révolutionnaires à travers l'histoire, des silex pour allumer un feu, aux voitures autonomes passant par la création de SpaceX ont quelque chose en commun : elles sont le résultat de la curiosité. 

Comme le disait si bien le physicien Albert Einstein :

« Je n’ai pas de talents particuliers. Je suis seulement passionnément curieux. » 

L’esprit du débutant

Shoshin, également connu sous le nom de « l'esprit du débutant », est un concept qui vient du bouddhisme et fait référence à l'absence d'idées préconçues sur un sujet. Cette ouverture aux nouveaux concepts est quelque chose que les enfants ont naturellement. Les enfants respirent la curiosité dans tout ce qu'ils font. Ils sont l'incarnation parfaite de l'esprit du débutant, car ils ne sont pas encore corrompus par des préjugés, des hypothèses ou un cadre historique qui dilue ce qu'ils observent. Pour ma part, c’est l’un des traits de caractère que je me plais le plus à observer chez Charlotte et Béatrice, mes deux filles. Rien n’est impossible pour elles! Elles veulent comprendre; elles sont curieuses!

Par exemple l'inspiration pour l'appareil photo instantané Polaroid était la question d'une enfant de trois ans. La fille de l'inventeur Edwin Land était impatiente de voir une photo que son père venait de prendre. Lorsqu'il a expliqué que le film devait être développé, elle s'est demandé à haute voix : « Pourquoi devons-nous attendre la photo ?

Pour ma part, je tente de pratiquer le Shoshin avec la majorité des sujets qui m’intéresse et je demande très souvent, tel un enfant, « Pourquoi »? La question de savoir pourquoi est toujours au centre de mes préoccupations, que ce soit pourquoi une décision stratégique a du sens, pourquoi est-ce que la réglementation pourrait nous empêcher de faire quelque chose ou pourquoi l’abonnement à un logiciel de plus serait nécessaire! Poser sans cesse la question « Pourquoi » est l’une des clés selon moi pour cultiver la curiosité et l’innovation.

 

Expérimenter d’autres cultures et coutumes

L'expérience d'un vaste éventail de cultures et de coutumes à travers le monde permet de voir les choses différemment des autres et donne selon moi une capacité instinctive à repérer les opportunités et à innover. C’est aussi la raison pour laquelle avoir une équipe diversifiée est un facteur clé d’innovation dans toutes les organisations. Il est crucial d'examiner les diverses coutumes, cultures et idées afin de s'assurer que vous voyez plusieurs facettes de chaque situation et que vous repérez des opportunités là où d'autres ne l'ont pas fait.

Par exemple, lorsque j’ai lancé Piranha, la première agence de marketing mobile au Canada, c’était le résultat d’un voyage en Afrique ou la téléphonie mobile était presque 10 ans en avance sur nous. Déjà, tout le monde payait via SMS, dû à la difficulté d’accéder physiquement aux guichets et banques. Sans ce constat, je n’aurais jamais vu l’opportunité du mobile bien avant l’arrivée de l’iPhone et des applications natives.

 

Être ouvert et vulnérable

Il est très difficile d’être curieux si nous ne sommes pas prêts à faire preuve d’ouverture d’esprit et de vulnérabilité. Pour ma part, chaque fois que je m’implique dans un nouveau projet, je le fais comme quelqu’un qui n’y connait pas grand-chose, un débutant. Je pense que l’un de mes « super-pouvoirs » est d’admettre ce que je ne sais pas, ce qui est de plus en plus bizarre en 2022. Je suis d'accord pour dire que je ne sais pas ou ne comprends pas quelque chose dans le but d'être ouvert et de continuer à apprendre.

Le fait d’être vulnérable me permet d'être ouvert à de nouvelles idées et d’apprendre de mes pairs, de mes employés, d’experts et d’amis sur une foule de sujets, comme les cryptomonnaies, le métavers et l’informatique quantique!

L’autre principe du bouddhisme qui m’accompagne est le fait de ne pas avoir un attachement possessif à l’une de mes idées. Je ne crée donc pas de liens trop profonds avec une idée me permettant ainsi facilement de changer ma manière de penser lorsqu’on me présente des arguments valables qui contredisent ce que je pensais être « vrai ».

 

La peur réduit la curiosité

Avec l'âge et la sagesse vient trop souvent la conviction d'avoir compris les choses. Ce sentiment de sécurité a tendance à réduire notre curiosité. La curiosité est en partie une réponse biologique à la peur. Avoir la volonté de poser des questions sur des choses que vous ne connaissez pas ou que vous ne comprenez pas complètement peut être un acte de courage. Cela nous pousse à chercher plus profondément des réponses, à pousser dans des zones d'inconfort et à s'engager volontairement dans des conversations difficiles.

C’est aussi souvent la peur qui réduit l’appel à la curiosité des organisations. En effet, selon une recherche de Harvard Business School, les dirigeants hésitaient souvent à encourager la curiosité, car ils pensaient que l'entreprise serait plus difficile à gérer si les gens étaient autorisés à explorer leurs propres intérêts.

Cultiver un état d’esprit curieux, c’est aussi vivre avec une quantité confortable de peur. La curiosité pour moi se situe quelque part entre la peur et l'émerveillement. Il s’agit d’un outil puissant pour un entrepreneur!

Encourager les esprits curieux

Si nous souhaitons cultiver l’innovation dans nos organisations, nous devons donc encourager les esprits curieux. Ses esprits curieux sont souvent aussi ceux qui dérangent un peu par moment. Peu de dirigeants apprécient de se faire demander « pourquoi » lorsqu’ils demandent d’accomplir d’une tâche spécifique. Cela me rappelle mon enfance, où à l’école, ma curiosité était rapidement décrite comme du « dérangement ».

Pour moi, cultiver la curiosité au travail est l’une des choses les plus importantes à faire. Il faut s'appuyer sur une équipe de personnes intelligentes et curieuses qui sont capables d'apporter de nouvelles idées au monde. Pour cultiver cette curiosité, vous devez continuellement encourager les gens à s’engager et à poursuivre des passions extérieures au travail. Par exemple, on peut tenter de créer une soupe d’idées et d’histoire sur votre lieu de travail par l’organisation de conférences.

Et vous, où votre curiosité vous mènera-t-elle ?

À propos de ce blogue

L’innovation et l’entrepreneuriat sont deux sujets qui me touchent particulièrement. Depuis mon plus jeune âge, mon TDA/H m'a toujours donné l’impression d’être différent. Ce surplus d’énergie constant est devenu un véritable incubateur à idées. Je partagerai donc avec vous mes réflexions et des histoires inspirantes qui touchent l’innovation, mais aussi la santé mentale des entrepreneurs. Parfois provocant, je m’assurerai de vous sortir de votre zone de confort.

Dominic Gagnon

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