Controverse: un mégaprojet immobilier dans le Grand Canyon

Publié le 23/04/2015 à 11:42

Controverse: un mégaprojet immobilier dans le Grand Canyon

Publié le 23/04/2015 à 11:42

Par Diane Bérard

Un groupe de promoteurs immobiliers, en association avec des représentants Navajo, veut construire un complexe composé d’un centre commercial, d’un cinéma IMAX, d’un hôtel et de cafés sur la face sud du Grand Canyon. Ce projet ambitieux a pour but de tirer davantage de dollars des touristes et, bien sûr, d’attirer de nouveaux visiteurs.

Ce projet ne fait pas l’unanimité. Les environnementalistes ainsi que les dirigeants du parc national qui abrite le Grand Canyon craignent une dégradation des lieux issue d’un trop grand nombre de visiteurs. Pendant ce temps, les promoteurs, certains maires de même que la communauté Navajo associée à ce projet plaident la création d’emplois et d’occasions d’affaires pour une communauté qui en aurait bien besoin.

Le Grand Canyon comporte deux sections principales, la façade sud et la façade nord. La façade nord est la plus sauvage. Elle ne compte qu’un seul lieu d’hébergement dans le parc nature et trois points de vue. Et elle n’est accessible que de mi-mai à la mi-octobre, à cause du mauvais temps. J’ai eu le bonheur de la visiter, c’est à couper le souffle.

La façade sud est beaucoup plus développée et accessible. Elle compte plus de vingt points de vue et plusieurs hôtels. Cette façade est accessible toute l’année.

En plus d’être controversé, ce projet fait l’objet d’un litige légal: on ne s’entend pas sur l’appartenance d’une portion terrain qui accueillerait le complexe. Les Navajos affirment qu’il leur appartient. Les autorités du parc disent qu’il s’agit d’une terre protégée.

Les partisans du projet affirment qu’il est facile pour les «gens de la ville» de s’y opposer, «ils ne réalisent pas les besoins des communautés locales et des employés.»

Ce projet est tellement typique du cycle de vie de toutes les mégadestinations touristiques de la planète. Surtout les destinations nature.

Dans un premier temps, ces destinations n’attirent que les purs et durs. Elles offrent beaucoup de beauté et peu de services, ce qui limite le nombre de valeureux visiteurs qui ont envie de s’y aventurer. Puis, le mot se passe, la demande attire l’offre et des infrastructures poussent. D’abord sobres, elles prennent de plus en plus d’ampleur.

Dans un deuxième temps, un mégaprojet voit le jour. On atteint alors le point de bascule. Les nouvelles infrastructures, plus nombreuses et bien plus confortables que la première génération, attirent un autre profil de visiteurs. La cohabitation entre le premier groupe de visiteurs et le second se passe généralement mal et ne dure pas très longtemps. Le premier groupe part en quête d’une autre destination. Le second, lui, est satisfait. La suite des choses dépend des intentions, de la vision - et de la cupidité- des promoteurs du projet. Il existe un principe incontournable: la « vie active » de l’attraction touristique est inversement proportionnelle au flot de visiteurs.

Le complexe immobilier du Grand Canyon est loin d’être construit. Il a le temps d’évoluer, pour le meilleur ou pour le pire. Et si, compte tenu de l'importance environnementale et économique du Grand Canyon, ce projet devenait non pas une pomme de discorde, mais plutôt une référence sur la gestion d'un site touristique? Les parties prenantes pourraient prendre le temps de réfléchir pour trouver le point d'équilibre et non pas précipiter le point de bascule. Et en tirer des leçons pour d'autres sites qui subissent les mêmes pressions. Dieu sait que ce pourrait être utile.

 

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