Rencontre avec la DG du nouveau quartier des affaires de Montréal

Publié le 11/11/2018 à 22:15

Rencontre avec la DG du nouveau quartier des affaires de Montréal

Publié le 11/11/2018 à 22:15

Par Diane Bérard

District Central a l'ambition de devenir le nouveau quartier des affaires montréalais. Sur cette photo, l'iconique immeuble 555 Chabanel ouest, situé en plein coeur de ce district.

Montréal a un nouveau quartier des affaires.

Aujourd’hui (lundi le 12 novembre), on lance District Central, un territoire de 3km carrés, et 25M de pieds carrés de cadre bâti, défini par l’autoroute 15 au Nord, l’autoroute 40 à l’ouest, la rue Sauvé au sud et quelques rues au sud du boulevard Saint-Laurent au sud.

Je me suis entretenue avec celle qui porte ce projet depuis un an, Hélène Veilleux, la DG de la SDC District Central. Hélène a été la chef d’orchestre de la renaissance de Centropolis, à Laval, qui était en faillite technique au moment de son arrivée. Elle y est restée sept ans.

«District Central est prêt à sortir de l’ombre. Nous voulons nous s’inscrire officiellement dans l’écosystème économique de Montréal», dit la dg. Depuis un an, la SDC prend le pouls des entrepreneurs de son territoire pour développer avec eux la vision qui permettra la renaissance du quartier. Pour l’instant, on y trouve 25 000 travailleurs. On en veut 40 000.

Le document «Bâtir une métropole prospère au profit de tous ses quartiers» (22 octobre 2018), un rapport du comité consultatif sur le développement économique du territoire de la ville de Montréal produit par Michel Leblanc de la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain mentionne le quartier Chabanel à la page 15. Et ce qu’on en dit n’est pas très glorieux. On affirme que le quartier est en constante réinvention, par opposition à d'autres pôles qui se sont développés avec succès. «Je veux que la prochaine version déclare, «District Central est un pôle économique important de Montréal» », dit avec conviction Hélène Veilleux.

District Central est un lieu riche d’histoire et d’histoires. Imaginez 80 000 hommes et femmes qui convergent chaque matin vers le même quartier pour y fabriquer des vêtements. De chaque étage, de chaque édifice, s’élève le bruit des machines à coudre et des conversations animées dans plusieurs langues. Cette main-d’œuvre, principalement issue de l’immigration, donne sa couleur bien spéciale au quartier Chabanel. Et, les fins de semaine, une horde de magasineurs vient traquer les aubaines dans les magasins de vente en gros qui parsèment le quartier. Puis, c’est le déclin, l’élimination des quotas d’exportation et la délocalisation vers l’Asie fait taire les machines à coudre. Les magasineurs du week-end migrent aussi. Aux heures les plus sombres, il ne reste que 10 000 employés.

Le secteur Chabanel est le plus célèbre des pôles géographiques de District Central. Mais il n’est pas le seul. Il y en a quatre autres: le secteur L’Acadie (entre l’autoroute 15 et le marché Central), le Marché Central, le secteur Sauvé et le secteur Saint-Laurent.

Premier défi: donner une cohérence à une activité économique diversifiée

District Central s’est donné trois axes de développement:

1-La mode devient le design, une appellation plus inclusive;

2-L’industriel devient le manufacturier urbain, incluant l’agroalimentaire;

3-On ajoute la technologie, déjà bien présente à travers de nombreuses entreprises du territoire, dont Space&Dream et Pixmob.

Une renaissance underground

«Quand je suis arrivée, j’ai découvert que nos grands bâtiments un peu vieillots abritent des perles d’entreprises, raconte la DG. Des entrepreneurs qui font des affaires à l’international (comme SSense) Et beaucoup de créateurs. Notre territoire compte de nombreux artistes, eux aussi vont contribuer à notre renaissance.» D’ailleurs, en septembre 2018, District Central a dévoilé sa première murale: un portrait d’Iona Monahan, la célebrissime rédactrice de mode liée à l’histoire de ce secteur pendant près d’un demi-siècle. La murale a été réalisée par deux artistes du quartier, Jacques Lebleu et Annie Hamel.

«District Central abrite beaucoup de récits underground. La renaissance s’est amorcée à l’extérieur des projecteurs, il est temps de l’amener sous la lumière.»

Attirer 15 000 travailleurs supplémentaires

«C’est unanime, toutes les entreprises avec qui nous échangeons depuis un an ont mentionné que leur croissance est gérée par le manque de main-d’œuvre. Nous allons contribuer à l’amoindrir, en développant l’attractivité des lieux, par exemple. Il faut que les travailleurs aient envie de venir à District Central.» La DG veut intervenir à travers le design, entre autres. «Nos bâtiments sont très opaques. Les rez-de-chaussée ne laissent pas entrer la lumière. Il faut y percer des fenêtres pour les rendre plus accueillants.» Il faut aussi penser des espaces verts, car le quartier n’en compte aucun. «On vise aussi à développer la fluidité piétonnière, via des passerelles par exemple, afin que les futurs 40 000 travailleurs de District Central puissent aller consommer facilement au Marché Central.»

Un TOD autour du Marché Central

Le développement du Marché Central est crucial à la renaissance du nouveau quartier des affaires. D’ailleurs, le dg du Marché Central siège au CA de la SDC et au comité d’aménagement. Plusieurs projets sont dans les cartons. Le nouveau propriétaire, QuadReal, aménage présentement une place publique. Et le départ des maraîchers, prévu pour 2019, permettra d’accueillir de nouveaux locataires. Il faut aussi parler de TOD (transit oriented development). District Central abrite trois trois gares (Chabanel, Ahunstic, Sauvé). Le TOD est un développement immobilier de moyenne à haute densité, structuré autour d’une station de transport en commun à haute capacité, comme une gare de train, une station de métro, une station de Service Léger sur Rail (SRL) ou un arrêt de bus. Situé à distance de marche d’un point d’accès important du réseau de transport en commun, le TOD est un quartier qui conjugue notamment les déplacements actifs, la mixité sociale et le design urbain. On étudie la possibilité d'un développement TOD autour du Marché Central.

Changer l’histoire...

Au cœur de District Central se trouve un terrain de 600 000 pieds carrés que la ville de Montréal souhaitait transformer en cours de voirie. «Ceci n’aurait pas généré de développement économique, dit Hélène Veilleux. Or, on veut devenir un quartier d’affaires. En travaillant ensemble, en comité, les acteurs du quartier sont parvenus à changer le cours de l’histoire. En démontrant l’effervescence derrière les murs de nos bâtiments en apparence abandonnés, nous avons modifié les perceptions. La ville a modifié ses plans et le terrain aura une vocation plus structurante.»

...et rêver le retour des couturières

On dit que des centaines de machines à coudre sont encore présentes le quartier Chabanel. Hélène Veilleux rêve de les dépoussiérer et de les rassembler pour permettre à des travailleurs autonomes de réaliser des contrats d’assemblage en réponse à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur du vêtement. On étudie le dossier avec Vestechpro, le Centre de transfert en technologie de l’habillement, affilié au Cégep Marie-Victorin, à Montréal. «D’un côté, vous avez des couturières qui n’exploitent pas leur compétence, faute d’accès à des équipements selon une formule qui leur permettrait de bien gagner leur vie correctement. De l’autre, des fabricants qui envoient leurs pièces se faire coudre à l’extérieur, faute de main-d’œuvre. Il faut trouver une solution plus écologique et économique. Un espace partagé équipé de machines où des travailleuses autonomes pourraient réaliser des contrats résoudrait les deux enjeux.»

District Central discute aussi avec Communautique pour l’établissement d’espaces de fabrication partagée. Et envisage aussi des espaces de création partagés pour les artistes.

Un modèle financier au service d'un développement équilibré et d'une saine gouvernance

La SDC n’a pas de pouvoir exécutif. C’est un catalyseur. Elle porte la vision et incite les acteurs à la déployer. C’est aussi un porte-voix qui effectue des représentations. Pour tout cela, il faut un budget. Pour l’instant, celui-ci est de 600 000$. La dg vise 1,5M$. C’est ici que son expérience en développement économique et ses valeurs personnelles influencent le cours des choses. «Toutes les parties prenantes doivent contribuer au financement de celui qui porte la vision. Ce n’est qu’à ce prix qu’on aura une gouvernance saine. Pour un développement équilibré, aucun acteur ne doit avoir plus de poids et imposer sa vision et ses intérêts au détriment des autres.» Pour l’instant, les locataires paient un abonnement annuel. Hélène Veilleux souhaite ajouter un abonnement pour les 300 propriétaires immobiliers et un financement récurrent des pouvoirs publics.

Créer des ponts

Elle poursuit, «Le fil de conducteur de ma carrière est d’humaniser le monde des affaires en créant des ponts entre les communautés. Je l’ai fait à Centropolis, je le poursuis à District Central. «Ce n’est pas du marketing, ni du branding. Le lancement peut donner cette impression, mais il n’en est rien. C’est un projet de transformation en profondeur sur le long terme.»

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