Recrutez les financiers qui attendent pour manger la guimauve

Publié le 27/10/2017 à 16:09

Recrutez les financiers qui attendent pour manger la guimauve

Publié le 27/10/2017 à 16:09

Par Diane Bérard

(Photo: 123rf.com)

«Il faut recruter les gestionnaires de fonds et les dirigeants qui n’auraient pas mangé la guimauve tout de suite.» Jean-Luc Gravel, premier vp, marchés boursiers, Caisse de dépôt et de placement du Québec (CDPQ)

Monsieur Gravel a fait cette déclaration lors du 4e colloque sur l’investissement responsable. Sa conférence s’intitulait «Comment encourager des comportements à long terme chez les investisseurs?»

Quel lien entre les guimauves et l’investissement?

Dans les années 1960 et 1970, le psychologue Walter Mischel, de l’université Stanford, a mené sur des enfants de 5 ans une expérience qui a fait école.

Chaque enfant s’est vu proposer le choix suivant:

-Un guimauve qu’il pouvait manger tout de suite ;

-Deux guimauves s’il arrivait à attendre jusqu’à 20 minutes.

Il semble qu’un tiers des petits aient réussi à contempler l’objet de leur désir sans le consommer.

Le chercheur et son équipe ont effectué un suivi auprès de tout le groupe. Il semble que les enfants qui ont attendu auraient eu une meilleure vie. Ils avaient, entre autres, maintenu un poids santé et affichaient de meilleurs résultats dans certaines matières.

Se contrôler, pouvoir se projeter dans l'avenir, avoir confiance

Cette étude parle du contrôle que l’on a, ou pas, sur nos pulsions fondamentales. Pour l’enfant, c’est le goût du sucré. Pour le gestionnaire de portefeuille, l’investisseur et le dirigeant, c’est le goût de l’argent.

L’étude parle aussi de la capacité de se projeter dans l’avenir. Pour un enfant, vingt minutes c’est une éternité. Pour un gestionnaire de portefeuille, un investisseur ou un dirigeant, six mois à 12 mois c’est devenu du long terme. D’ailleurs, monsieur Gravel nous a rappelé que 75% des dirigeants ressentent de la part de leurs investisseurs la pression d'afficher des résultats en deux ans ou moins. Ce qui a pour conséquence que 55% de ces mêmes dirigeants avouent qu’ils renonceraient à un investissement à retombées positives pour l’entreprise s’il affecte la rentabilité à court terme.

Le test de la guimauve parle aussi de confiance. Les adultes qui proposaient le choix aux enfants étaient connus de ceux-ci. Ils avaient d’abord joué avec eux avant de procéder à l’expérimentation. Ce lien a certainement eu une incidence sur le comportement des enfants qui ont accepté d’attendre. Ils avaient confiance que la récompense plus grande promise dans le futur leur serait remise.

Il en va de même pour le rendement. Si je vous dis qu’en laissant votre argent plus longtemps dans une entreprise, qu’en laissant l'organisation investir en r-d, en formation, en technologie propre et en lui permettant d'offrir une rémunération juste, elle vous rapportera plus longtemps, mais pas tout de suite, que me répondrez-vous ? «Qu’est-ce qui me prouve que je peux te faire confiance?» Un tien vaut mieux que deux tu l’auras…

3 avenues pour encourager des comportements à long terme chez les investisseurs

Voici ce qu’on peut répondre, à partir des enseignements du test de la guimauve :

1-Il faut document davantage le lien entre la gestion et l’investissement à long terme et la robustesse des entreprises. C’est l’enjeu de la confiance.

2-Il faut élargir les critères d’analyse du risque et de la performance des sociétés. Mais c’est inutile sans élargir et uniformiser aussi les indicateurs de performance et de risque divulgués par les entreprises. On ne peut pas demander aux gestionnaires de portefeuilles de faire des choix pour le long terme s’ils ne possèdent pas les informations suffisantes. Voici ce qui en est présentement:

«Comme investisseurs institutionnels, nous n’avons pas assez d’information de la part des sociétés publiques canadiennes pour intégrer les changements climatiques dans nos thèses d’investissement», a affirmé Stéphanie Lachance, vp investissement responsable chez Investissements PSP. C’est la capacité à se projeter dans l’avenir;

3-Il faut élargir les critères de recrutement des acteurs de l’écosystème financier et des dirigeants. Au-delà des compétences techniques, ceux-ci devraient posséder un savoir-être et une sensibilité sociétale. C’est l’enjeu du contrôle des pulsions.

«C’est une question de tempérament. Il y a des gens qui pensent à long terme. Si comme institution, nous recrutons des analystes et des gestionnaires de fonds qui pensent ainsi - et que les organisations font de même - peut-être arriverons-nous è changer le comportement du système financier. » Jean-Luc Gravel, premier vp. marchés boursiers, CDPQ

 

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