Real Ventures finance le 1er fonds canadien pour entrepreneurs étudiants

Publié le 27/09/2017 à 11:43

Real Ventures finance le 1er fonds canadien pour entrepreneurs étudiants

Publié le 27/09/2017 à 11:43

Par Diane Bérard

Les trois fondateurs de Front Row Ventures: Nicolas Synnott, Éléonore Jarry-Ferron et Raphaël Christian-Roy

«Nous avons démarré ce fonds pour tous les étudiants qui ont des idées d’entreprise et à qui on répète, «Attends, patientes, tu seras le leader de demain. Nous voulons débloquer ce talent. Nous prenons les entrepreneurs étudiants au sérieux.» Nicolas Synnott, cofondateur, Front Row Ventures

Montréal accueille le premier fonds de capital de risque canadien destiné aux entrepreneurs étudiants. Du capital pour des étudiants géré par des étudiants. Ce fonds de 600000$ se nomme Front Row Ventures. Il est financé par le fonds montréalais Real Ventures.

Qui sont les fondateurs de Front Row Ventures?

Il s’agit de trois étudiants du campus de l’Université de Montréal (UdeM),

-Éléonore Jarry-Ferron, comptable et étudiante à la maîtrise en finance/capital de risque (HEC) et analyste chez la firme de capital de risque Brightspark Ventures;

-Nicolas Synnott, étudiant de 4e année en science politique ;

-Raphaël Christian-Roy, étudiant de 4e année en génie logiciel (École Polytechnique).

Ensemble, les fondateurs de Front Row Ventures ont convaincu le fonds montréalais Real Ventures, un poids lourd du capital de risque montréalais, d’investir 600 000$ pour une période de quatre ans.

L’équipe de Real Ventures accompagne les fondateurs de Front Row Ventures, mais toutes les décisions d’investissement seront prises par un groupe de huit étudiants composé des fondateurs et de cinq étudiants associés. Ces associés travaillent sur le terrain pour débusquer les projets prometteurs. Chaque associé est associé à un établissement d’enseignement supérieur: UdeM, McGill, Concordia et un groupe formé de l’UQAM, ESG, l’ETS et l’ITHQ. Le cinquième associé est responsable des communications.

Chaque associé sera appuyé par quatre analystes qui prennent en charge les dossiers d’investissement pour les mener jusqu’au comité d’investissement mensuel.

Les fondateurs et les cinq associés ont le droit de vote au comité d'investissement. La décision est rendue le jour du passage de l'entrepreneur devant le comité.

Un modèle d'investissement inspiré de Y Combinator

L’argent est investi selon un modèle imaginé par l’accélérateur américain Y Combinator : la promesse d’équité (Safe). «Front Row Ventures investit très tôt dans la vie de l’entreprise, à un moment où la valeur de l’entreprise est très faible, explique Raphaël Christian-Roy. Le chèque de 25000$ que nous donnons pourrait représenter jusqu’à 50% de la valeur de l'entreprise. Nous ne voulons pas placer l’entrepreneur dans cette situation. Nous attendons donc la prochaine ronde de financement, alors que l’investisseur accordera une vraie valeur à l’entreprise, pour prendre calculer la participation à laquelle notre investissement de 25000$ nous donne droit. .»

Pourquoi un fonds de capital de risque destiné aux entrepreneurs étudiants?

Éléonore et Raphaël ont siégé à Pléiade Capital, une organisation étudiante créée en 2008 offrant deux services: le programme d’accompagnement Startup Campus de 12 semaines pour entrepreneurs étudiants de l’UdM et la remise de bourses financées par la Fondation HEC. Pléiade Capital aspirait à créer le premier fonds de capital de risque étudiant. Ce ne fut pas fait. «À l’été 2016, Éléonore et moi avons réfléchi à la façon d’accroître notre impact sur l’entrepreneuriat étudiant, au-delà des bourses et de l’accompagnement, raconte Raphaël. Nous avons identifié le capital de risque comme l’outil manquant.» Nicolas Synnott poursuit, «Quand Startup Campus fut démarré, il n’y avait pas de centres d’innovation et d’entrepreneuriat universitaires. Aujourd’hui, l’offre est abondante. Ce qui manque aux entrepreneurs étudiants c’est du capital et une porte d’entrée vers les investisseurs. »

Une idée venue des États-Unis

Il existe deux fonds américains de capital de risque pour entrepreneurs étudiants. Le Dorm Room Fund, démarré à Philadelphie par First Round Capital, accorde un investissement de 20000$ US par entreprise. Aujourd’hui, le Dorm Room Fund est aussi présent à Boston, New York et San Francisco.

Rough Draft Ventures ressemble davantage à Front Row Ventures puisqu’il fut démarré par un étudiant qui a convaincu le fonds General Catalyst de financer l’entrepreneuriat étudiant, d’abord à Boston puis à New York.

Dans les deux cas, ces fonds étudiants sont associés à des villes et non à des maisons d’enseignements. «Pour créer des communautés d’entrepreneurs étudiants et faire circuler les idées et les ressources», explique Nicolas Synnott.

Pourquoi un fonds de capital de risque comme Real Ventures s’intéresse-t-il aux entrepreneurs étudiants?

«Real Ventures ne diffère pas des autres fonds de capital de risque. Ils ne veulent pas rater le prochain Facebook, répond Raphaël Christian-Roy. Ils voient bien qu’au cours des dernières années, de nombreuses entreprises sont nées sur les campus étudiants.» Il ajoute, «Et ces fonds savent qu’il n’y a personne de mieux qu’un étudiant pour dénicher les entrepreneurs étudiants.»

Comment ces trois étudiants ont convaincu Real Ventures d’investir dans Front Row Ventures

«À nous trois, nous avons convaincu Real Ventures de faire confiance à tous les étudiants que nous allons soutenir», dit Nicolas Synnott. Montréal possède le plus grand bassin d’étudiants postsecondaire en Amérique du Nord. L’écosystème startup montréalais est entré dans le Top 20 des meilleurs au monde. Facebook et Google y sont présents. On développe un centre d’intelligence artificielle. Tous les éléments précédents ont convaincu Real Ventures que Montréal était mûre pour un fonds de capital de risque pour étudiants.

Et puis, il y a l’équipe diversifiée. Un gars de technologie qui a lui-même démarré une entreprise étudiante. Une fille de finance qui travaille elle-même pour une firme de capital de risque. Un gars de sciences humaines qui a une expérience à l’international avec des startups africaines.

Les défis d’un fonds de capital de risque étudiant

Ce qui fait la force de ce concept - du capital pour des étudianrs géré par des étuidiants - le rend aussi fragile. Un fonds géré par des étudiants doit constamment renouveler son équipe. Les employés de Front Row Ventures obtiennent leur diplôme, il faut en trouver d’autres. Il importe donc d'établir des procédures suffisamment solides pour qu’elles survivent au départ des individus. Chaque année, la relève amorce son mandat à la session d’hiver pour se faire former et prendre le relais en septembre. D’ailleurs, les trois fondateurs s’affairent à former leur relève puisqu’ils obtiendront leur diplôme au printemps.

L’ambition

Front Row Ventures offrira du capital de risque, mais aussi un service de référencement vers les ressources montréalaises en entrepreneuriat les plus pertinentes pour chaque projet.

«Nous voulons devenir une marque et un filtre, explique Nicolas Synnott. Nous voulons que l’accélérateur, l’incubateur, l’agence gouvernementale ou l’investisseur qui reçoit un courriel de Front Row Ventures sache que l’entrepreneur que nous lui recommandons mérite qu’on le rencontre.»

«On a un parti pris pour les grandes idées, celles qui changent le monde, poursuit Raphaël Christian-Roy. Mais on est un vrai fonds de capital de risque, il nous faut du rendement. Nous recherchons des projets à très fort potentiel de croissance qui comportent une part de technologie.»

Prochaine étape: déployer Front Row Ventures dans d'autres villes canadiennes.

La conférence de presse annonçant le lancement de Front Row Ventures se tient ce soir à 17h 30 à la galerie Livart.

 

 

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