Pourquoi PSP publie son premier rapport d'investissement responsable

Publié le 28/08/2017 à 17:00

Pourquoi PSP publie son premier rapport d'investissement responsable

Publié le 28/08/2017 à 17:00

Par Diane Bérard

Stéphanie Lachance, vp investissemment responsable chez Investissements PSP

«En publiant son premier rapport d’investissement responsable, Investissements PSP lance le message suivant à toutes les sociétés où nous pouvons investir de cette façon ainsi qu’à celles de notre portefeuille: les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) font partie intégrante de notre processus d’investissement. Ce n’est pas une fonction accessoire ni optionnelle. On s’attend à ce que les sociétés les suivent avec la même diligence que les autres risques auxquels elles font face. Et pour que ce soit bien clair, nous enverrons ce rapport à toute entreprise où nous songeons investir.» Stéphanie Lachance, vp, investissement responsable, PSP

 PSP gère 135,6G$ d’actifs

Il fait fructifier l’argent de la retraite des fonctionnaires fédéraux, des membres des Forces armées canadiennes, de la Gendarmerie royale du Canada et de la Force de réserve.

PSP détient un pouvoir d’influence important.

Par ses demandes, PSP influence le comportement des entreprises. Celles dans lesquelles il investit et celles dans lesquelles il choisit de ne pas investir.

Par ses comportements et ses décisions, PSP peut aussi servir de modèle pour les plus petits investisseurs.

J’ai rencontré Stéphanie Lachance pour en savoir davantage sur ce rapport et la vision de PSP de l’investissement responsable.

 Pourquoi PSP publie-t-il ce premier rapport sur l’investissement responsable?

Notre rapport annuel a toujours inclus une section sur l’investissement responsable. Au début, on se limitait à énoncer l’exercice de nos droits de vote en assemblée annuelle. Notre pratique en investissement responsable s’est sophistiquée, cette section s’est étoffée.

Depuis juin 2016, PSP s’est doté d’une équipe d’investissement responsable de sept personnes aux expertises diversifiées: génie, chimie, développement durable, administration et droit. Cette équipe a élaboré une stratégie d’investissement responsable et l’a présentée au CA. Publier un rapport distinct sur l’investissement responsable était la suite logique.

 PSP qualifie sa démarche d’investissement responsable de «pragmatique». Qu’est-ce que cela signifie?

Nous reconnaissons qui nous sommes – un investisseur avec une mission précise – et dans quel univers nous investissons. Comme Nord-Américains, nous devons nous adapter. Je ne peux pas m’attendre à ce que toute la planète ait les mêmes standards que moi. Cela étant dit, je ne dois pas non plus mettre en péril mes investissements. C’est une question de jugement.

 L’investissement responsable est surtout associé à l’identification de risques. Votre rapport affirme que cette grille permet aussi d’identifier des occasions d’affaires…

En effet, plus on devient doué pour identifier de façon fine les risques sociaux, environnementaux et de gouvernance associés à une industrie, plus habile on devient à repérer les organisations qui élaborent des réponses à ces risques. Celles qui ont réfléchi avant les autres à ces changements qui peuvent impacter leur modèle d’affaires.

Si l’investisseur ne connaît pas les risques extra-financiers d’un secteur, il ne réalisera pas que telle entreprise a une longueur d’avance sur ses pairs. Il ne comprendra pas l’importance stratégique des produits ou des services sur lesquels elle travaille.

 En juin 2016, PSP a créé une équipe dédiée à l’investissement responsable. Ne risquez-vous pas de dédouaner le reste de l’organisation face à cette stratégie d’investissement?

Ce n’est pas l’intention. Notre mandat consiste à soutenir nos gestionnaires de classes d’actifs dans la compréhension de ce qu’est l’investissement responsable pour qu’ils intègrent ces concepts dans leur thèse d’investissement. Et puis, ces gestionnaires sont responsables du suivi de leurs investissements, aussi bien pour les enjeux financiers qu’extra-financiers. Cette responsabilité leur appartient entièrement, ce n’est pas le mandat de l’équipe d’investissement responsable.

 Vous exigez aussi de connaître les pratiques ESG de vos gestionnaires de fonds externes (BlackRock, KKR, Apollo). Pourquoi?

Pour deux raisons. Je veux m’assurer qu’ils font un minimum d’encadrement ESG. Et je veux connaître les meilleures pratiques. Nous partageons ces meilleures pratiques autant avec les autres investisseurs institutionnels qu’avec les gestionnaires externes. C’est la seule façon d’influencer le changement.

 L’analyse ESG est en fait une analyse plus fine des risques auxquels une société est exposée. Pourquoi cette analyse n’est-elle pas adoptée d’office par tous si elle permet un portrait plus complet?

Les rapports annuels ne mentionnent les risques extra-financiers que s’il s'agit de risques matériels. Quant aux autres informations ESG, lorsqu’elles sont communiquées, elles sont disséminées dans plusieurs rapports.

 Existe-t-il des secteurs «rassurants» pour l’investissement responsable?

Non, il faut se méfier des apparences. Certains secteurs représentent un risque environnemental, moindre, mais ils cachent des risques sociaux ou de gouvernance.

Quel critère ESG pose le plus grand défi de suivi une fois un investissement réalisé?

La compétence du CA. D’ailleurs, la plupart de nos interventions liées aux critères ESG traitent de gouvernance. L’intégration des critères ESG de la part des investisseurs augmente définitivement la charge de travail des administrateurs. Il y a quelques années, les CA nord-américains entendaient peu parler de leurs grands investisseurs. Aujourd’hui, nous «chauffons» les CA. Quand PSP rencontre un CA, ça n’a rien d’une promenade dans le parc!

 

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