Nassim Taleb: "l'éclatement de la zone euro? Pas de problème!"

Publié le 30/05/2012 à 11:47, mis à jour le 30/05/2012 à 13:56

Nassim Taleb: "l'éclatement de la zone euro? Pas de problème!"

Publié le 30/05/2012 à 11:47, mis à jour le 30/05/2012 à 13:56

Par Diane Bérard

BLOGUE L’économiste et spécialiste de l'analyse de risque Nassim Taleb frappe encore. Le célèbre “Doctor Doom” cause tout un émoi depuis son passage à Montréal hier. Il a affirmé craindre bien plus la situation économique américaine que celle de l’Europe.

Les déboires de l’Europe ne lui font pas peur. L’Europe est malade, mais elle le sait. Les États-Unis , quant à eux, sont totalement inconscient de leur état. Et c’est ça leur drame. Sans compter les taux d’intérêt nul. La moindre hausse et c’est l’apocalypse côté déficit!

À la fin 2011, le déficit américain atteignait à 8,2% du PIB alors que celui des États de la zone euro s’élevait à 4,1%, selon Bloomberg.

L’éclatement de l’Europe? Pas de problème, répond Taleb “Il en naîtra un tas de petites monnaies amusantes ( fun currencies). Je n’ai pas peur d’investir en Europe. Les États-Unis, par contre…”

Alors que l’on reproche à la zone euro son union bancale – une union monétaire sans union économique ni fiscale – Taleb y voit plutôt une grande force. “ L’absence d’un gouvernement unifié joue pour l'Europe. Les querelles incessantes entre les États sont salutaires, elles préviennent la création d’une autorité centrale forte. Les gouvernements centralisés ne fonctionnent pas.”

Ce n'est pas du tout l'avis de la Commission européenne qui vient de publier une brique de 1000 pages sur l'état de l'économie européenne et propose des pistes de solutions. Parmi celles-ci, la création d'une union bancaire transnationale pour lutter contre l'effritement financier.

Taleb n'est certainement pas d'accord avec cette union bancaire. Il s’est fait une spécialité de jouer au contrarien. Tout le monde va à gauche, vous le trouvez à droite et vice versa. Cette façon de saluer le manque d’unité des États de la zone euro est du pur Taleb.

Que faut-il en penser? Pour ma part, j’ai toujours plaidé pour une véritable union ou pas d’union du tout. Une union qui ne repose que sur la monnaie est vouée à l’échec.

Mais, au-delà de ses vues peu orthodoxes sur l’impact de l’éclatement de la zone euro, Taleb nous ramène à la question essentielle: qu’est-ce qui pose en ce moment le plus grand risque, l’Europe ou les États-Unis? Voilà des mois que le coeur des investisseurs balance. Un clou chasse l’autre et chaque mauvaise nouvelle d’un côté de l’Atlantique accorde un peu de répit à l’autre région. Le feuilleton entourant le sauvetage des banques espagnoles fait oublier momentanément le chômage structurel américain. Mais, les stats sur le chômage chez les jeunes Européens ramène aussitôt l’éclairage sur la zone euro. Et ainsi de suite.

Nassim Taleb a choisi son camp, l’Europe. La Chine, quant à elle, ne voit pas la situation de même oeil. Ainsi, une poignée de banques chinoises dont la Industrial & Commercial Bank of China, la Bank of China et la Bank of Communications ont réduit leurs affaires avec, entre autres, la Société Générale, BNP Paribas, le Crédit Agricole et UBS AG.

Et vous, qu’est-ce que vous craignez le plus: la situation européenne ou américaine?

Lire ma chronique précédente sur la décision de François Hollande de limiter le salaire des pdg des sociétés d’État françaises à 20 fois le salaire du plus bas salarié de l’entreprise.

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