Le Québécois Louis Roy sera-t-il couronné entrepreneur mondial demain?

Publié le 15/06/2018 à 12:56

Le Québécois Louis Roy sera-t-il couronné entrepreneur mondial demain?

Publié le 15/06/2018 à 12:56

Par Diane Bérard

Louis Roy, fondateur et président du Groupe Optel (Crédit: Francis Quirion)

«Les juges ont peut-être pensé que j’étais fou de vouloir changer le monde avec mon entreprise. Mais quand ils ont regardé les états financiers d’Optel, ils ont vu que je suis un fou qui fait de l’argent!» Louis Roy, président et fondateur du Groupe Optel, entrepreneur de l’année EY pour le Canada, et finaliste pour le titre d’entrepreneur de l’année mondial E&Y

La raison d'être d'Optel

Optel commercialise des solutions de traçabilité. Elle numérise les chaînes d’approvisionnement pour mesurer, tout au long de celles-ci, les impacts sociaux et environnementaux de diverses activités. Et, grâce à ces informations, induire des changements de comportements chez les consommateurs, chez les entreprises et chez les gouvernements. Le tout, pour créer une économie plus durable et un monde plus viable.

J’ai joint Louis Roy à Monaco, où il se trouve depuis mercredi matin. Demain soir (samedi le 16 juin), il saura s’il est couronné du titre d’entrepreneur de l’année mondial E&Y.

Il a eu 22 minutes pour convaincre les juges de lui accorder ce titre: 2 minutes de présentation et 20 minutes pour répondre aux questions. Pas une seconde de plus.

Louis Roy a atterri à Monaco mercredi et il s’est aussitôt enfermé dans une salle avec des représentants d’E&Y et le gagnant de l’an dernier, le Canadien Murad Al-Katib (de la société de distribution alimentaire AGT foods, de Régina) pour préparer sa présentation.

Pendant six heures, l’entrepreneur a répété son texte sans relâche, en étant bombardé de commentaires : «Tu parles trop vite», «Tu es trop technique», «Mets-y plus d’émotion»… Quelques jours auparavant, l'entrepreneur avait aussi répété dans ses bureaux de Québec, avec Érica Boisvert, la directrice des communications et affaires publiques d’Optel.

Comment convaincre des juges quand on a 22 minutes…

«Il fallait vraiment que je sorte du lot, répond Louis Roy. Oui, j’ai des valeurs sociales, mais de nombreux entrepreneurs ont de bonnes valeurs. Ça n'aurait pas suffit pour je gagne. »

Il poursuit, «J’ai démontré que ce n’était pas que des mots. J’ai une approche systématique pour changer le monde.»

En voici les trois piliers :

1-Informer. Grâce à sa plateforme technologique, utilisée par 15M de personnes, Optel recueille l’information nécessaire pour mener le monde vers la durabilité. Cette information est essentielle pour quel les acteurs de la chaîne d’approvisionnement prennent des décisions différentes.

2-Inspirer: en combinant la certification B-Corp (qui reconnaît qu’une organisation accorde autant d’importance à l’impact social et environnemental qu’au rendement financier) et un bonne performance financière, Optel veut démontrer qu’on peut faire le bien et être profitable. Elle souhaite capter l’attention d’autres entrepreneurs pour attirer 16% à 20% des organisations québécoises dans cette voie de «Do well and do good  et «Good for the world». C’est la proportion requise pour atteindre un point de bascule et amorcer un changement plus important dans la société..

Optel a une équipe spécialisée en gamification et technique de persuasion pour compléter son offensive conversion.

3-Influencer: «Si je remporte le titre E&Y mondial, je compte faire la tournée des chefs d’État et faire du lobby pour une croissance durable.»

Là où Louis Roy a marqué des points auprès des juges

«Ils voulaient tous savoir si mon modèle d’affaires était solide, s’il y avait une demande importante pour mon service. Une des juges provient du secteur agricole. Elle connaît bien les enjeux de traçabilité. Elle a donc confirmé à ses quatre homologues que nos solutions sont pertinentes et utiles. »

Là où Louis Roy s’est fait coincer par les juges…

«La société est habituée aux dons philanthropiques importants de la part des entrepreneurs. C’est généralement ainsi que l’on juge de leur action sociale. Parmi les finalistes de ce concours, un des candidats a fait un don de 400M de dollars. Comme je suis propriétaire unique du Groupe Optel, les juges s’attendaient à ce que je suive cette voie. Or, je ne suis pas riche. Je ne me paie pas un gros salaire. Tout va vers l’entreprise. Mon action sociale, elle se décline au quotidien à travers la raison d’être d’Optel, C’est en livrant notre service qu’on change le monde. Les juges ont été étonnés, ce n’est pas un comportement habituel. Peut-être que cela m’a nuit. Je ne sais pas.»

Si Louis Roy remporte le titre d’entrepreneur de l’année E&Y, il sera le troisième Canadien à mériter cet honneur. Guy Laliberté l’a remporté en 2007 et Murad Al-Katib, en 2017.

Les projets post-concours de Louis Roy

Peu importe le verdict des juges, Louis Roy et sa famille quittent dimanche pour un séjour de deux semaines en Corse.

Et s’il gagne, «Après mes vacances, je compte bien solliciter une rencontre avec Justin Trudeau et une autre avec Donald Trump.»

Et puis, il lancera le mouvement Behaviori, pour inciter les citoyens, les organisations et les administrations publiques à adopter des comportements favoriser un monde plus juste et une économie plus durable.

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