Jordan Lebel , «édupreneur» récipiendaire d'un 3M National Teaching Fellowship
Le Québec a besoin d’entrepreneurs. Mais il a aussi besoin «d’édupreneurs», c’est-à-dire d’enseignants qui font preuve d’entrepreneuriat. Après tout, on encourage les employés à faire preuve d’intrapreneurship. Et les jeunes gradués à se transformer en créateurs d’emplois plutôt que de se restreindre au rôle de demandeur d’emploi. Pourquoi ne pas élargir cette philosophie au monde de l’éducation?
Aujourd’hui, mon fils termine son secondaire 2. Les dernières semaines ont été monopolisées par l’étude des examens de fin de session. Ceci m’a donné l’occasion de vérifier que la matière avait «adhéré» davantage dans certains cours que d’autres. Pourquoi?
Comme tous les enfants, fiston a ses matières préférées et ses talents particuliers. Mais, au-delà de ceux-ci, il y a le prof. Les adolescents sont impitoyables avec leurs enseignants, c'est vrai. Mais ils sont prêts à se laisser conquérir pour peu que l’enseignant fasse preuve de créativité, d’imagination et de passion. (De fermeté et de discipline aussi, mais ça c’est une autre histoire.)
Les qualités que l’on associe aux entrepreneurs (audace, créativité, persévérance, création de valeur, flexibilité, autonomie, etc.) ont leur place dans les salles de cours. En fait, elles facilitent le travail des enseignants. Parlez-en à Jordan Lebel, professeur de marketing et directeur du programme de MBA pour cadres à l'école John Molson de l'université Concordia. En 2013, Jordan a reçu l'un des 10 prix «3M National Fellows». Ce prix reconnaît chaque année la contribution exceptionnelle de 10 enseignants canadiens. Jordan débute tous ces cours par une discussion de 10 minutes autour de ce qui est «hot et nouveau». Sa priorité: énergiser ses étudiants. J'ai eu le bonheur de travailler avec Jordan. Je l'avais recruté comme chroniqueur chez Commerce. C'est définitivement un «édupreneur». Il a plus d'un tour dans son sac pour donner susciter l'intérêt et l'apprentissage. Les étudiants de Concordia lui ont d'ailleurs décerné le titre de «meilleur professeur» de la Jonn Molson School of Business en 2005 et 2010. Je souhaite que le parcours académique de mon fils soit ponctué de nombreux Jordan Lebel.
Quel est le point commun des matières qui ont «adhéré» davantage dans le cerveau de mon fils ? L’entrepreneuriat du professeur. La façon dont le professeur a su tirer profit des occasions d’apprentissage «périphériques» se présentant à lui a eu un impact direct sur ce que mon fils a compris, aimé et retenu de la matière. L’entrepreneur doit être à l’écoute de son environnement pour décoder les tendances et en tirer profit. L’édupreneur, lui, intègre ces tendances et évènements à son ensiegnement ( contenu et contenant) pour le rendre pertinent. L’édupreneur ajoute de la valeur à la matière qu’il enseigne pour que les étudiants y accordent de la valeur.
Je suis consciente que les enseignants n'évoluent pas en vase clos. Ils appartiennent à un système. Un système qui possède des règles, des programmes, des acquis requis. Certaines écoles ont de bons directeurs, d'autres de mauvais. Comme il existe de bons et de mauvais dirigeants. Sachant tout cela, je donne aux enseignants le tuyau suivant : essayez la méthode de ma sœur. Elle est psychologue. En 20 ans, elle a travaillé dans toutes sortes de structures, publiques et privées, aux normes, exigences et attentes fort différentes. Une seule règle l’a toujours guidée : «Ma mission est de soulager la souffrance de mes patients et de favoriser leur autonomie. Ils sont ma priorité. Lorsque la porte de mon bureau est fermée, cela se passe entre eux et moi» Lorsque la porte de la classe est fermée, cela se passe entre l’enseignant et ses étudiants.
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