BLOGUE. Huawei est la seule marque chinoise qui apparaît dans le prestigieux palmarès Interbrand des 100 marques internationales les plus prestigieuses. Huawei est apparu pour la première fois l’an dernier, devant Heineken, Pizza Hut et the Gap.
La Chine rêve de créer des marques internationales. C’est une suite logique. D’abord, vous fabriquez ce que les autres ont créé. Et vous le faites pour une bouchée de pain, littéralement. Puis, vous prenez confiance en vous, vous vous émancipez et vous rêvez de vos propres créations. Avec votre nom dessus.
« La Chine n’est plus un bloc économique monolithique. Elle se compose d'entrepreneurs qui veulent être reconnus pour leurs réalisations. »
La route n’est pas facile. La Chine traîne une réputation de copie. La propriété intellectuelle n’y est pas encore très bien protégée. Je me souviens de cette entrevue avec un jeune entrepreneur chinois qui avait participé au Forum économique de Davos. Le jeune homme, dans la vingtaine, dénonçait notre façon de stigmatiser les entrepreneurs comme lui. De tous les mettre dans le même bateau de l’espionnage et de la copie. Il se défendait d’appartenir à cette génération. Il voulait qu’on évalue son travail comme celui de n’importe quel entrepreneur, sans préjugé.
En fait, cet entrepreneur chinois voulait qu’on reconnaisse qu’il a travaillé fort pour se rendre où il était arrivé.
C’est aussi ce que veut la direction de Huawei. Ce fabricant d’équipement de télécoms s’est offert une campagne de pub qui fait jaser. On y voit des jambes de ballerine. Un pied porte un chausson. L’autre est nu, on y voit d’horribles plaies et des bandages. C’est franchement dégoutant. Et c’est voulu. Le message texte dit « le voyage est difficile, et plein de joie » (« The journey is hard. And joyful »)
Huawei a soif de reconnaissance
Elle veut que l’on sache qu’elle a travaillé fort pour se rendre où elle est. Que derrière son succès, cette place dans le palmarès Interbrand, il y a des années d’efforts.
Cette campagne ne fait pas l’unanimité. On ne peut passer sous silence le fait qu’Huawei a été soupçonnée d’espionner pour le compte du gouvernement chinois. Que son succès tient au coup de pouce du gouvernement. La direction s’en défend.
On ne règlera pas ces soupçons ici. Mon billet a plutôt pour but de mettre en lumière les aspirations des sociétés chinoises à obtenir une reconnaissance internationale. En début d’année, je vous ai présenté les tendances à suivre en 2015. Parmi celles-ci, j’avais parlé de l’émergence des sociétés chinoises comme entités distinctes. Depuis que la Chine s’est ouverte au capitalisme, on s’intéresse à l’économie chinoise. Désormais, on commence à s’intéresser aux entreprises, aux entrepreneurs et aux produits. La Chine n’est plus un bloc économique monolithique. Elle se compose d’individus et d’entreprises qui veulent affirmer leur personnalité. Et être reconnus pour leurs propres réalisations. Intéressant.
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