L'investissement responsable occupe 50,6% des actifs sous gestion canadiens

Publié le 06/11/2018 à 10:43

L'investissement responsable occupe 50,6% des actifs sous gestion canadiens

Publié le 06/11/2018 à 10:43

Par Diane Bérard

Pour la première fois, l’investissement responsable (IR) représente la majorité du secteur des investissements sous gestion canadiens. En effet, 50,6% des actifs sous gestion au Canada peuvent être qualifié d’investissement responsable. Ceci représentait 2,132G $ CAD au 31 décembre 2017.

C’est que nous apprend le Rapport de tendances de l’investissement responsable canadien 2018, publié par l’Association pour l’investissement responsable.

Le rapport précédent (publié il y a deux ans) indiquait que 37,8% des actifs sous gestion canadiens appartenaient à la catégorie de l’IR. Il s’agit donc d’un bond important. Chez les particuliers canadiens, par exemple, l’IR a augmenté de 34%.

Décortiquons le contenu de ce rapport, pour bien comprendre la nature de cette tendance.

Qu’est-ce qui définit l’investissement responsable?

La définition employée par ce rapport pour étiqueter un investissement «responsable» est la suivante: l’intégration de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la sélection et la gestion des investissements. On peut donc conclure que 50,6% des investissements canadiens ont été réalisés en soulevant des critères sociaux, environnementaux et de gouvernance. Et qu’ils sont gérés et suivis en tenant compte de ces critères.

Pourquoi les investisseurs tiennent-ils compte des facteurs ESG?

Une majorité écrasante affirme qu’elle souhaite minimiser les risques et améliorer les rendements dans le temps. Certains répondants évoquent les valeurs ou le désir d’avoir un impact social/environnemental.

Depuis la fin 2017, les actifs en investissement responsable représentent la moitié des actifs canadiens sous gestion.

Les critères environnementaux le plus souvent évalués par les investisseurs :

1- Changement climatique/carbone;

2- Gestion de l’eau/des déchets;

3- Technologies propres;

4- Pollution/substances toxiques;

5- Ressources naturelles durables;

6- Édifices verts;

7- Désinvestissement des combustibles fossiles.

Les critères sociaux les plus souvent évalués par les investisseurs:

1- Travail;

2- Droits de l’homme;

3- Régimes terroristes/oppressifs.

Les critères de gouvernance les plus souvent cités par les investisseurs:

1- Responsabilité envers le client/devoir de fiduciaire;

2- Gestion du risque;

3- Incorporation des risques liés au climat dans les stratégies d’investissement;

4- Transfert générationnel de la richesse/intérêt des jeunes investisseurs;

5- Recherche de rendements stables à long terme;

6- Possibilités financières;

7- Contribution au développement de la communauté locale/désir d'impact.

Les 7 stratégies IR

1-L’intégration des facteurs ESG: le gestionnaire de portefeuille évalue la valeur d’une société en intégrant les données ESG aux indicateurs financiers traditionnels;

2-L’engagement des actionnaires: les actionnaires utilisent leur pouvoir pour influencer le comportement des entreprises, par le biais du dialogue avec la direction ou la présentation de propositions d’actionnaires, par exemple;

3-Le filtrage négatif: l’exclusion systématique d’entreprises, d’industries ou de secteurs sur la base de considérations éthiques ou de caractéristiques ESG négatives;

4-Le filtrage positif: l’inclusion systématique d’entreprises ou de secteurs sur la base d'une performance ESG positive par rapport à leurs pairs. On appelle aussi cette stratégie (premiers de classe);

5-Le filtrage basé sur les normes: les investissements sont réalisés en conformité avec des normes et standards internationaux, tels les Principes directeurs de l’OCDE pour les entreprises multinationales;

6-L’investissement thématique: les investissements sont ciblés sur des thèmes ESG spécifiques, tel la présence des femmes dans les rôles de direction;

7-L’investissement d’impact: les investissements sont dirigés vers des entreprises ou des fonds dont la mission consiste à résoudre des problèmes sociaux ou environnementaux.

Quelles sont les deux stratégies IR les plus populaires?

La stratégie la plus populaire est l’intégration de critères ESG, employée pour sélectionner et gérer 68,63% des actifs IR canadiens. Pourquoi? Cette stratégie permet d’identifier des risques et des occasions que l’analyse financière traditionnelle ne peut pas révéler. L’intégration de critères ESG peut carrément mener à une réévaluation de la valeur à long terme d’une entreprise.

La seconde stratégie IR la plus populaire est l’engagement des actionnaires. La valeur des actifs gérés en fonction de cette stratégie a augmenté de 25% au cours des deux dernières années.

Ce que ce rapport signifie pour les entreprises

La tendance à ajouter des critères ESG pour établir la valeur des organisations et le désir d’influence croissant des actionnaires pour une gestion responsable des entreprises a forcément un impact sur le travail des gestionnaires et leur prise de décision. Pour répondre aux nouvelles demandes de leurs actionnaires, la direction devra posséder les indicateurs adéquats. Elle se retournera donc vers ses équipes qui, elles, devront afficher les compétences nécessaires. Les entreprises devront former leurs employés à l’analyse extra financière. Et probablement recruter des experts. Car les questions des actionnaires s’avéreront de plus en plus pointues.

Et l’avenir?

On a demandé aux investisseurs institutionnels ce qui pourrait favoriser la croissance de l’IR au cours des deux prochaines années? Leur obligation de rendre des comptes à leurs clients. Les cotisants aux régimes de retraite, par exemple, se soucient de plus en plus de la nature des investissements qui les composent. Or, les caisses de retraite forment d’ailleurs le groupe le plus important des actifs d’IR sous gestion, avec une part de 65%.

Investir en IR… sans le savoir

Ce rapport soulève un paradoxe intéressant. Plus des trois quarts des investisseurs individuels (77%) de disent quelque peu intéressés ou très intéressés par l’IR. Mais, près des trois quarts (73%) déclarent ne rien savoir sur l’IR. Pourtant, malgré cette lacune de connaissance, les investisseurs transfèrent de plus en plus d’actifs vers des véhicules d’IR. Comment l’expliquer?

Les auteurs du rapport avancent que l’actif IR augmente non pas parce que les particuliers achètent davantage de ce produit, mais parce que les grandes sociétés de gestion d’actifs intègrent des facteurs ESG dans tous leurs actifs. Du coup, les investissements traditionnels prennent une couleur IR parce qu’on leur applique des critères ESG. Ainsi, des fonds qui ne sont pas étiquetés ou commercialisés IR joignent tout à coup cette catégorie. Et des investisseurs individuels se retrouvent avec des investissements responsables dans leur portefeuille. Et ce, sans en avoir fait le choix conscient, car ils n’ont pas les connaissances suffisantes.

Si l’investissement responsable vous intéresse, je vous informe que le 20 novembre prochain, Montréal accueille le 5e Colloque québécois de l’investissement responsable. Il sera question de toutes les stratégies d’IR, de la façon de les déployer et des défis que celles-ci posent.

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