Histoire de coworking: le pdg, l'intrapreneur et la fille d'OBNL

Publié le 29/06/2017 à 07:50, mis à jour le 29/06/2017 à 11:23

Histoire de coworking: le pdg, l'intrapreneur et la fille d'OBNL

Publié le 29/06/2017 à 07:50, mis à jour le 29/06/2017 à 11:23

Par Diane Bérard

Jonathan Falardeau (l'intrapreneur), Marie-Anne Perreault (la fille d'OBNL) et Daniel Leclair (le président), cofondateurs du Tiers-Lieu, à Laval

Marie-Anne était directrice du financement et des dons majeurs pour l’Orchestre symphonique de Longueuil.

Elle rencontre Jonathan sur les bancs de HEC Montréal, pendant ses études au MBA.

Daniel, c’est le président de Pyxis, une firme de coaching et de formation aux méthodes Agiles. Et c'était le patron de Jonathan.

Aujourd'hui, ils sont tous partenaires.

La fille d’OBNL, l’intrapreneur et le pdg viennent de lancer le Tiers-Lieu coopérative de solidarité. (Le Tiers-LIeu compte deux autres cofondateurs: Alexandre Jalbert, de Mediavore interactif, et Robert Dutton). Cet espace de travail partagé veut redéfinir le rapport de force entre grandes et petites entreprises.

Pourquoi une entreprise a-t-elle cofondé un espace de travail partagé?

Le Tiers-Lieu est né parce que Pyxis avait besoin d’une bouffée d’air frais. «Nous habitions le même édifice depuis 2002, raconte Daniel Leclair. Tant qu’à déménager, nous avons évoqué la possibilité de «faire pousser» quelque chose à côté de nous, dans notre prochain local. Pas un nouvelle division ni un nouveau service, quelque chose de complètement autonome pour nous inspirer et nous stimuler.»

Jonathan Falardeau saisit l’idée au vol. «Le Tiers-Lieu, c’est la suite logique de l’évolution de Pyxis. Nous avons toujours travaillé avec les grandes entreprises. Lorsque les petits cognaient à notre porte on les refusait poliment. On ne comprenait pas cet univers. On le trouvait risqué. En 2015, nous avons décidé de l’explorer.»

Avec un collège, Jonathan installe une antenne de Pyxis à la Maison Notman. Et, le jour où Pyxis cherche une bouffée d’air frais pour son prochain lieu, Jonathan propose d'abriter un espace de travail partagé.

La fille d'OBNL entre en scène

C’est là que Marie-Anne Perreault entre en scène. Pendant leurs études au MBA, Jonathan et elle partgent de nombreux trajets entre HEC Montréal et Laval. Et de nombreux rêves.

«On se racontait nos aspirations d’entrepreneurs et notre désir de redonner à la société, dit Jonathan. Marie-Anne était la partenaire idéale pour lancer le Tiers-Lieu. Je l'ai invitée au restaurant pour lui demander conseil sur le fonctionnement des OBNL. C'était un prétexte. En fait, je voulais lui proposer de se joindre à nous.»

Il n'a pas à demander... Marie-Anne déborde d'enthousiasme devant sa présentation! Ensemble, ils élaborent le modèle d’affaires, la mission et la vision pour le Tiers-Lieu. Ils présentent le tout à Daniel. «J’ai retenu qu’ils voulaient créer un espace d’innovation qui ferait appel à l’intelligence collective pour avoir un impact positif. C’était la bouffée d’air frais que Pyxis recherchait. J’ai embarqué.»

Le Tiers-Lieu n’est pas la chose de Pyxis. Le lien qui les unit est autre. Pyxis fait partie de ces entreprises qui croient en une approche de gestion différente et qui explorent constamment.

«Nous croyons qu’il faut travailler sur les humains et les relations plutôt que sur les outils et les processus», dit Daniel. Contribuer à la création du Tiers-Lieu et l’accueillir dans ses locaux est une façon pour Pyxis d’avancer. «Au Tiers-Lieu, nous côtoyons des gens qui ont construit des modèles d’affaires différents. Les modèles dominants manquent d’équilibre. Ils manquent aussi de cœur. C’est en s’exposant à des modèles émergents que l’on progresse.»

Comment le Tiers-Lieu compte redéfinir les relations entre grandes et petites entreprises en deux temps:

1-Créer une dynamique de cocréation et de résolution de problèmes entre les membres de la coopérative. «Nous allons apprendre à devenir bons, ensemble, à la résolution de problèmes. Chaque nouveau membre signe et s’engage à donner du temps aux autres. De plus, 50 % +1 de nos membres ont un modèle d’entreprise à vocation sociale, toutes structures juridiques confondues», explique Jonathan.

2-Proposer leur expertise de résolution de problèmes aux grandes entreprises. «Mon intention est d’inverser le flux de pouvoir et de perception. Jusqu’à présent, les grandes organisations donnent et les petits reçoivent. Et si la grande entreprise demandait et recevait à son tour?» Il cite le cas d’Innobahn Ubisoft, un concept où, quelques fois par année, de grandes entreprises présentent un problème concret à des start-ups afin que celles-ci suggèrent des solutions.

«Au Tiers-Lieu, nous voulons réaliser Innobahn toute l’année pour en faire une source de revenu qui contriburait à la pérennité.»

Les défis du Tiers-Lieu

Il faut réunir une masse critique d’expertises parmi les membres du Tiers-Lieu. Pas question de se spécialiser, il faut une grande diversité.

Il faut aller à l’encontre de la culture du consultant. Faire accepter l’idée qu’on peut faire appel à une communauté pour trouver des solutions, et non à un seul individu.

Il faut prévoir un modèle de tarification suffisant pour que les membres du Tiers-Lieu compensent leur manque à gagner pendant qu’ils résolvent le problème d’une grande entreprise.

«Nous sommes conscients que nous nous aventurons dans des territoires inconnus, reconnaît Marie-Anne. Nous tentons quelque chose qui n’existe pas.» Et cette aventure, ils la tentent hors de sentiers battus puisque leur espace de travail partagé ne se trouve ni au centre-ville ni dans le Mile-End ou le Mile-Ex. Le Tiers-Lieu se trouve sur le boulevard Saint-Martin, à Laval.

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