BLOGUE Le 2 novembre 2011, 70 étudiants de Harvard quittent le cours d’introduction à l’économie du professeur Greg Mankiw, ex-conseiller spécial de George Bush. Pourquoi? Ces étudiants protestent contre l’enseignement traditionnel de l’économie qu’on leur sert car, affirment-ils, celui-ci repose uniquement sur les principes keynesiens et la toute puissance du marché. Ces 70 étudiants désirent une enseignement plus diversifié. Ils estiment que c’est dans des lieux comme Harvard que l’on forme la relève économique et financière et que si l’on se borne à enseigner des principes qui, selon eux, ont mené à la crise actuelle et perpétuent les inégalités, on ne s’en sortira jamais.
Soixante-dix étudiants c’est bien peu. Pourtant, ce boycott - qui s’inscrit lui-même dans un contexte plus vaste d’insatisfaction et de remise en question du système capitaliste - a fait du chemin. Ses retombées se sont fait sentir jusque dans les réunions de l’establishment économique.
Du 12 au 15 avril, l’Institute for new economic thinking, de New York, tient, à Berlin, sa réunion annuelle. Le thème de cette année: “Paradigm Lost: Rethinking Economics and Politics”. Dans le foulée de l’incident d’Harvard - et du contexte ambiant - les organisateurs de ce colloque ont décidé d’inviter 25 étudiants au doctorat en économie (toutes dépenses payées) à se joindre à eux.
On attendait une centaine de demandes. Plus de 500 étudiants, des quatre coins du monde, ont manifesté leur intérêt. Devant tant d’enthousiasme, les membres de l’Institute for new economic thinking ont décidé – en plus des 25 invitations - de diffuser tout le colloque en direct dans une salle. Ceci permettra à quelques centaines d’étudiants supplémentaires d’assister aux débats et de participer à la discussion. Car, entre les conférences, les panélistes rejoindront les étudiants dans cette salle pour des échanges informels.
Cette initiative n’est pas sans rappeler celle du World Economic Forum qui, cette année, a invité pour la première fois les moins de 30 ans ( Global Shapers) à participer à la discussion.
Les étudiants de Harvard ont raison.
