Richard LeBlanc: si les conseils étaient plus diversifiés, on réduirait les probabilités de “pensée de troupeau” ( group think). Je ne parle pas ici d’un seul administrateur “différent”, une personne ne peut changer les choses à elle seule. Je parle d’une véritable diversité.
Le conseil de Nortel aurait-il pu ( dû) identifier la fraude de la direction?
Lucy Marcus: je ne peux répondre dans ce cas précis, mais il existe plusieurs façons de s’acquitter de son devoir d’administrateur. Vous pouvez ne lire que les documents que la direction vous donne. Vous pouvez aussi ne pas les lire du tout, mais ça c’est une autre histoire… Ou, vous pouvez nouer des liens et échanger régulièrement avec des cadres supérieurs du département de la finance. Vous savez, ce ne sont pas uniquement les membres de la direction qui sont au fait de ce qui se passe dans l’entreprise. Un bon administrateur sait différencier entre le micro-management et la nécessité d’écouter son instinct lorsque sent que quelque chose cloche. Et puis, la documentation que vous fournit la direction est savamment étudiée. Vous avez le droit, et le devoir, de diversifier vos sources d’information.
Richard LeBlanc: il faut toujours envisager qu’il peut y avoir de la fraude et agir en conséquence.
Le procès Nortel changera-t-il quelque chose à la façon dont les administrateurs font leur travail?
Lucy Marcus: oui. Chaque scandale nous rend plus puissant. Il donne des munitions aux administrateurs qui ont à coeur de bien accomplir leur travail. Que faites-vous si un employé parle toute la journée, cumule les journées d’absence et n’a pas les compétences requises pour s’acquitter de ses tâches? Vous le congédiez! Les mêmes standards doivent s’appliquer aux administrateurs.
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