FailCamp: vaut-il mieux être un has-been qu'un never been?

Publié le 22/06/2017 à 07:36

FailCamp: vaut-il mieux être un has-been qu'un never been?

Publié le 22/06/2017 à 07:36

Par Diane Bérard

Francis Gosselin, cofondateur du FailCamp, et Fred Bastien, confériencier et coanimateur de l'édition 2017

«Être un has-been est-ce mieux qu’être un never been?» Patrick Brosseau, comédien et conférencier à l’édition 2017 du FailCamp

En somme, le malheur tient-il davantage à l’absence de bonheur (never been) ou à la fin de celui-ci (has been)? Cette question, tout entrepreneur pourrait se la poser. Tout humain aussi. La vie est faite d’une série de projets. Certains professionnels. D’autres personnels. Certains diront que l’échec c’est de ne jamais avoir essayé… de se lancer en affaires… de vivre le couple… d’oser avoir des enfants. D’autres vivent plutôt l’échec parce qu’ils sont toujours « à ça » de réussir ou parce qu’ils ont réussi et que leur succès a une date d’expiration. Reste les souvenirs.

Le FailCamp (cofondé par Gabrielle Madé, Francis Gosselin et Rami Sayar) fait défiler une série de conférenciers qui confient leurs grands ou leurs petits échecs. J’ai assisté à la première partie de la 4e édition. Avertissement: on repart tous de ce de type de conférence avec une impression différente. Selon ce que l’on est et ce que l’on a vécu. Voici ce que j’ai retenu.

Les stoïques échouent moins

«Quand on échoue, c’est la perception de l’échec et non l’échec lui-même qui nous fait souffrir, avance l’animateur Fred Bastien. Si l’on change notre perception. Si on apprend à accepter ce qui ne dépend pas de nous. Si on fait preuve de stoïcisme, l’échec fait moins mal.»

Au-delà du mur de la douleur, il y a le mur de l’ego

La coureuse Tina Poitras a participé aux Jeux olympiques de Barcelone et d’Atlanta. Il lui a d’abord fallu franchir le mur de la douleur. «Je me suis enlevée du chemin pour laisser mon corps faire ce pour quoi il avait été entraîné.» Mais sitôt franchi le mur de la douleur pour trouver son second souffle, elle rencontre un autre mur: celui de l’ego. On évite l’échec du mur de la douleur en fonçant, en persévérant. Le mur de l’ego ne se franchit pas comme ça. Il faut adopter la tactique inverse. On ralentit. On plonge en soi. On revoit ses attentes, sa perception de la réussite. On vit dans la conscience.

On échoue par manque d’attention (fail to notice) ou de reconnaissance (fail to acknowledge)

Sébastien Sasseville est un sportif, conférencier et consultant en gestion du changement. Il a grimpé l’Everest, couru six Ironman, complété la Course du Sahara et traversé le Canada à la course pendant neuf mois pour démontrer aux jeunes qu’il est possible de bien vivre avec un diabète de type 1. Cette équipée pancanadienne a failli lui coûter sa crédibilité. Une blague juvénile qu’il a jouée à son ami et accompagnateur Patrick tourne au cauchemar. Alors qu’il amorce la traversée du corridor Montréal-Windsor, Sébastien prétend se faire kidnapper (une drôle d’idée j’en conviens). Patrick panique. Il appelle la police. Même si les policiers sont rapidement informés que tout est une blague, des accusations sont portées. Une tempête médiatique se déclenche. Les commanditaires de la tournée sont furieux, on s’en doute. «Des fois, tu ne peux rien faire qu’attendre que la tempête passe. Le 11 juillet 2014, j’ai déçu tout le monde. Il a fallu que je reconstruise ce que j’avais détruit en une journée.» Sébastien Sasseville a carrément manqué de jugement dans ce dossier. Mais il est loin d’être seul à pouvoir attribuer son échec à un manque de jugement. On évalue mal la portée d’une décision. Ou encore, lorsque les conséquences négatives de cette décision se matérialisent, on les sous-estime. Et ce qui doit arriver arrive… on échoue.

Il faut connaître et toucher son fond… au moins une fois

Justine McInthyre, la cheffe de Vrai Changement pour Montréal est une musicienne accomplie. Et c’est sa carrière musicale qui lui permet d’affronter avec stoïcisme tout ce que la politique municipale lui balance comme défis. Au début de la vingtaine, Justine se présente au prestigieux Concours de musique du Canada. Une compétition où les gagnants peuvent ensuite se produire sur diverses scènes régionales et nationales. Elle s’y prépare pendant des mois. Il faut jouer quatre morceaux. Tout débute bien, la musique de Bach coule sous ses doigts. Mais Chopin s’avère plus coriace. Elle fige. «Ma main gauche faisait n’importe quoi. J’ai eu un trou de mémoire. Je ne savais plus quoi faire. J’ai quitté la scène.» En coulisse, on lui demande ce qu’elle désire, rester ? S’en aller? Elle retourne et complète sa prestation, même si elle sait qu’elle n’a aucune chance d’être retenue par le jury.«Ce fut la chose la plus difficile que j’ai faite de toute ma vie. Je l’ai fait pour me respecter et respecter le travail que j’avais accompli pour me rendre là. Et pour respecter les spectateurs.» Elle poursuit, «En retournant sur la scène, je suis allée au bout de moi. Je sais jusqu’où je suis capable d’aller. Plus rien ne me fait peur, j’ai touché à ce point-là de mon âme.»

Les leçons de l'échec ne sont pas celles que l'on pense

Tout souriait à l’animateur Fred Bastien. «J’étais invincible.» En juillet 2013, à 24 ans, il ne se reconnaît plus. Les autres non plus. Épuisement émotionnel, maladie mentale… Il perd ses contrats. Il perd des amis. Retourne vivre chez sa mère. L’avenir lui paraît désespérément sombre. Mais il émerge. La clinique JAP ( jeunes adultes psychotiques) l’accompagne. Après un an de reconstruction, le téléphone recommence à sonner. «On dit toujours qu’on a «beaucoup appris» de nos échecs. Les gens nous demandent: quoi? Ils s’attendent à de grandes leçons de vie. Ils se trompent. L’échec m’a appris la base. Il faut dormir, il faut prendre soin de soi, il faut apprendre à ne rien faire…» Des leçons de vie qui semblent évidentes. Mais pour bon nombre d'entre nous, elles sont souvent apprises à la dure, car elles sont tout sauf naturelles.

 

 

 

 

 

 

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