CreativeMornings: quel type de crise faut-il pour changer?

Publié le 31/07/2016 à 09:15

CreativeMornings: quel type de crise faut-il pour changer?

Publié le 31/07/2016 à 09:15

Par Diane Bérard

Scott Jones, fondateur du mouvement «Don't be afraid» et conférencier au CreativeMornings Montréal

Le 12 octobre 2013, le Canadien Scott Jones s’est fait agresser alors qu’il sortait d’un bar de la petite ville de New Glasgow, en Nouvelle-Écosse. Cette attaque au couteau l’a laissé paraplégique. Scott Jones s’est fait agresser parce qu’il est gai. Le 29 juillet, il a raconté son parcours à la conférence CreativeMornings, tenue au Village au Pied-du-Courant, près du pont Jacques-Cartier. Un parcours qui l’a mené à créer le mouvement «Don’t be afraid», pour lutter contre l'homophobie.

Chaque mois, depuis trois ans, se tient une conférence CreativeMornings Montréal. Ce concept, démarré à New York. se déploie dans plus d’une centaine de villes à travers le monde. Elles abordent toutes le même thème en même temps. Chacune à sa façon.

Le thème de ce mois-ci: l’amour. Scott Jones nous a parlé de l’importance de s’aimer et de se respecter. «J’ai perdu trop de temps à avoir peur d'être moi-même»

Mais, tout comme chaque ville décline le thème du mois comme elle le désire, chaque participant au CreativeMornings reçoit la présentation à sa façon. Selon ce qu’il est professionnellement et personnellement. Pour ma part, les paroles de Scott Jones m’ont fait réfléchir à notre relation au changement. Pendant la période de questions, nous avons eu cet échange:

- «Qu’est-ce que votre attaque a eu comme impact sur les habitants de New Glasgow? A-t-elle changé quelque chose à leur vision ou leur discours face à l’homosexualité?»

- «La semaine qui a suivi l'attaque, j’ai reçu une énorme vague d’amour arc-en ciel. Puis, la conversation ne s’est pas poursuivie.»

- «Croyez-vous qu’il est plus facile d’être gai à New Glasgow aujourd’hui que lorsque vous y avez-vous grandi?»

- «Je ne crois pas.»

Voilà ce que je retiens de cette conférence. Et je l’applique bien au-delà de l’orientation sexuelle. On a l’indignation facile. Mais le changement vient moins naturellement. On promet beaucoup. Mais on exécute moins spontanément. Et ce, au travail comme à la maison. Alors les clients continuent d’être insatisfaits, ou à demi satisfaits. Les employés d’être démotivés, ou à demi motivés. Et nos proches d’espérer.

Des milliers d’articles ont été écrits sur la gestion du changement. J'en ai écrit moi-même. On y évoque les étapes à suivre pour faire accepter et implanter un changement dans une organisation. Il y a tout autant d’écrits sur le thème du changement personnel. On dit qu’il faut une crise pour forcer une organisation à changer. Pas de crise pas de changement. Il en serait de même pour les humains. Mais quand une crise est-elle une crise? Pourquoi certains événements nous font changer et d’autres pas? L’attaque contre Scott Jones n’a pas entraîné de changements à New Glasgow. Elle a eu un impact sur son agresseur, à qui Scott Jones a pardonné publiquement lors du procès. «J’ai compris que cette attaque n’avait rien à voir avec moi. Elle avait tout à voir avec mon agresseur. Il souffrait tellement qu’il devait faire souffrir quelqu’un d'autre. Ce fut moi.». La vague d'amour qui a soulevé New Glasgow, quant à elle, est redescendue aussi vite.

Y a-t-il un lien entre l’amour et le changement? Je ne crois pas. Changer est difficile. Le reconnaître serait le début de quelque chose. Cesser de publier des modes d’emploi et des recettes pour changer me semble un autre pas dans la bonne direction.

La conférence de Scott Jones m’a fait prendre conscience qu’on a bien plus besoin de comprendre pourquoi certaines crises transforment les gens et les organisations et d’autres pas, que de chercher la méthode optimale de gestion du changement. Lorsqu'on ne ressent pas le besoin de changer, tout mode d’emploi pour y arriver est inutile.

Sur ce je vous souhaite un beau mois d'août, c'est le temps de mes vacances :-)

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