«Chérie, la Ville va imposer des vignettes de stationnement!»

Publié le 31/05/2019 à 16:40

«Chérie, la Ville va imposer des vignettes de stationnement!»

Publié le 31/05/2019 à 16:40

Par Diane Bérard

Crédit: Alejandro Trinidad, Unsplash

«Chérie, le maire va implanter un système de vignettes de stationnement! Ça va nous coûter 140$ par année pour stationner sur la rue!!»

Hier soir, dans notre chaumière, la conversation prédodo sur l’oreiller fut animée. Je suppose que ce fut le cas dans de nombreux foyers du quartier, suite à l’annonce de cette décision de l’arrondissement d’Outremont

Ce n’est qu’un début. «Pour les pouvoirs publics, le stationnement représente un outil important de changement des comportements de mobilité», souligne Bertrand Fouss, directeur, Stratégies et Solutions d’affaires à la Coop Carbone.

La Coop Carbone est un des deux partenaires de Mobis, l’incubateur en mobilité partagée montréalais lancé cette semaine (fin mai 2019). L’autre partenaire est l’Esplanade. Coop Carbone possède une expertise dans la mise en œuvre de projets de mobilité partagée, inspirée par une approche agile axée sur le prototypage. L’Esplanade est un accélérateur et espace collaboratif dédié à l’entrepreneuriat et l’innovation sociale. Les projets issus de Mobis seront des innovations sociales. Elles devront résoudre un enjeu social ou environnemental clairement identifié.

Ces enjeux seront identifiés au cours de l’été 2019, par ceux qui les observent (les organismes) et ceux qui les vivent (les citoyens). La zone d’intervention de Mobis sera l’est de Montréal, soit le territoire qui se trouve à l’est la rue St-Denis jusqu’au bout de l’île. Dans cette zone, on ciblera deux milieux de vie pour lesquels les entrepreneurs devront imaginer une solution de mobilité partagée. Un milieu de vie est plus petit qu’un quartier. C’est un territoire qui rassemble entre 7000 et 8000 citoyens.

En septembre 2019, on lancera l’appel de candidatures pour les deux parcours parallèles de Mobis: Collision et Accélération. «Ceux-ci sont calqués sur les programmes d’accompagnement qu’Esplanade dispense déjà, explique Pascal Grenier, dg de l’OBNL. Collision dure trois mois, il vise l’expérimentation du modèle d’affaires. Accélération propose un accompagnement intensif de six mois pour passer à la vitesse supérieure.» Il ajoute, «Mobis marque le lancement de notre pôle d’innovation sociale en mobilité qui s’ajoute au pôle d’innovation sociale en systèmes alimentaires lancé il y un an.»

L’appel de candidatures pour Mobis précisera les milieux de vie où se feront les interventions et les enjeux spécifiques auxquels les entreprises devront répondre pour se qualifier. L’incubateur a reçu un financement de 416 000$ du MEI.

Mobis s’inscrit dans un contexte plus vaste.

Il y a un mois, Montréal a remporté le Défi des villes intelligentes du Canada. Le défi: améliorer la vie des résidents grâce à l’innovation, aux données et aux technologies connectées. Le document de 114 pages qui a permis à Montréal de remporter la première place s’articule autour de deux thèmes: l’accès à l’alimentation dans les quartiers et la mobilité. Je vous parlerai d'accès à l'alimentation dans un autre billet. Concentrons-nous sur la mobilité. Montréal a décomposé cet enjeu en deux. La mobilité intégrée, qui combine plusieurs modes de déplacements et permet aux utilisateurs d’accéder aisément à ceux-ci grâce à une approche de tarification simplifiée. La mobilité de quartier, qui offre des solutions de mobilité locale adaptées aux réalités spécifiques des différents milieux de vie. Bingo! Voilà où Mobis intervient.

Mobilité de quartier, qu’est-ce qui roule carré?

En plus de travailler chez Coop Carbone, Bertrand Fouss et membre fondateur et président de Solon, un OBNL né à Rosemont pour favoriser la transition écologique des milieux de vie montréalais. Solon met en œuvre des projets collectifs locaux autour de l’énergie, de l’alimentation et de la mobilité. L’OBNL a déployé, entre autres, le projet LocoMotion, un système de partage multi véhicules entre citoyens d’un milieu de vie.

J’ai demandé à Bertrand d’énumérer les principaux enjeux de mobilité de quartier. Les voici:

-La livraison: l’augmentation du commerce en ligne accroît forcément le volume de camions dans les rues. Du coup, la quiétude de citoyens s’en trouve affectée. Le défi se situe surtout au premier kilomètre (l’expédition) et au dernier (la livraison au client);

-La sécurité: on évoque de plus en plus les accidents graves impliquant piétons et cyclistes;

-Le stationnement : il existe une tension évidente entre la difficulté croissante de trouver des espaces où se garer et le désir conscient de réduire ces places pour limite l’usage de l’automobile sur de courtes distances;

-L’accès aux pôles d’emploi éloignés d’une station de transport collectif. Comment faciliter le transport pour le dernier kilomètre?

-L’équité: les services de mobilité partagée se retrouvent de façon disproportionnée dans certains milieux de vie.

Le bonheur est dans l’immobilité

On parle beaucoup de mobilité. Il faut aussi parler d’immobilité. Faisons un parallèle entre les déchets et les déplacements… Avant de penser recyclage, il faut viser la réduction. Avant de penser mobilité, il faut tendre vers l’immobilité. «Imaginer des alternatives à l’autosolo, c’est bien, dit Bertrand. Mais la mobilité de quartier relève aussi de l’innovation sociale. Comment peut-on augmenter notre qualité de vie et profiter au maximum de notre milieu de vie en limitant nos déplacements?» Au-delà du partage de véhicules et d’autres moyens de transport, il évoque, par exemple, le partage des objets à l’intérieur. «Cela évite de nous déplacer pour aller les chercher à l’extérieur de notre milieu de vie ou de les acheter en ligne et de les faire livrer.»

Espace de proximité, flotte de proximité et pôle de proximité

Ces objets à partager pourraient se trouver dans un espace de proximité, par exemple. C’est un des trois concepts liés à la mobilité de quartier évoqué dans le document de la ville de Montréal.

Un espace de proximité est un lieu intérieur qui remplit une fonction que le milieu de vie juge utile. On emploie aussi le terme «Tiers lieu». On évoque souvent un espace de travail partagé. Mais il peut aussi s’agir d’un espace dédié à la mobilité partagée. On pourrait y entreposer les fameux colis issus du commerce en ligne, pour éviter le déluge des camions de livraison dans les rues résidentielles. Ces colis pourraient ensuite être livrés à l’aide de transport moins intrusif, comme des vélos cargo. Ou carrément ramassés par les citoyens venus à pied. On pourrait aussi y entreposer des objets dans un contexte de partage ou d’échange, comme des vélos devenus trop petits pour nos enfants.

La mobilité de quartier repose aussi sur des flottes de proximité. On peut citer le projet LocoMotion, mentionné plus haut.

Le troisième concept lié à la mobilité de quartier est le pôle de proximité qui réunit au même endroit différentes options de mobilité alternative pour usage collectif. Montréal en a déployé un au Square Victoria. À venir: le satellite, une version réduite du pôle de proximité.

Préparez-vous, on n’a pas fini de discuter de mobilité dans les chaumières!

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