70% des Québécois ne font pas confiance aux pdg

Publié le 17/03/2017 à 10:10

70% des Québécois ne font pas confiance aux pdg

Publié le 17/03/2017 à 10:10

Par Diane Bérard

Près des ¾ (70%) des Québécois se méfient des pdg. Ils ne leur font pas confiance. Ils n’accordent pas de crédibilité à leurs propos. C’est une chute de 10 points sur l’an dernier. Seuls les fonctionnaires jouissent d’une cote de méfiance plus élevée de la part des Québécois. Et la population accorde plus de foi aux propos des conseils d’administration (niveau de confiance de 33%) et à ceux des employés (niveau de confiance de 41%) qu’à ceux des patrons (niveau de confiance de 30%).

«Nous vivons dans un monde de méfiance, le Québec n’y échappe pas», résume Ève Laurier, dg d’Edelman Montréal.

Edelman vient de publier son baromètre annuel de la confiance. Un sondage international mené depuis 17 ans. Cette année, on a sondé 33 000 citoyens. Les résultats sont séparés entre le public informé (consommation et intérêt médiatique important) et la population de masse. En gros, la moitié des répondants ne font pas confiance aux institutions. Le niveau de méfiance est encore plus élevé chez la population de masse qui délaisse les médias traditionnels. Elle ne les trouve plus crédibles. D’une manière générale, le niveau élevé de méfiance pousse les citoyens à s’informer auprès de sources qui les réconfortent dans leurs idées. «Ceci accentue les divisions, souligne Ève Laurier. Notre baromètre 2017 dépeint un monde où chacun se terre dans son coin et se campe sur ses positions. Comment allons-nous nous sortir de là?»

Revenons-en au cas des entreprises et des pdg.

Les Québécois estiment que les pdg manquent d’authenticité. Que leurs discours sont trop scriptés. «Avant, je devais convaincre mes clients, les pdg, de parler aux médias, confie Eve Laurier. Aujourd’hui, je dois convaincre les médias de parler à mes clients!» Les Québécois, à l’instar des autres citoyens de la planète, estiment que les entreprises n’en font pas assez pour la société. Malgré les initiatives en RSE et en développement durable et l'engagement social des organisations, on juge qu’elles assument peu leurs responsabilités. «Rien de tout cela ne semble assez authentique aux yeux des citoyens. Ils sont affamés d’authenticité. Les entreprises et leurs pdg présentent une image trop parfaite. Nous sommes prêts pour des organisations qui trébuchent, qui reconnaissent leurs erreurs et qui se reprennent», avance Ève Laurier.

Comment les entreprises et les pdg peuvent-ils regagner la confiance de la population?

1- En s’appuyant sur leurs employés

«Les employés sont considérés des interlocuteurs dignes de confiance. Lorsqu’ils parlent de leur entreprise, de ses actions, de la façon dont elle les traite, on le croit. Il faut donc laisser les employés s’exprimer davantage sur la place publique. Les laisser porter le message de l’entreprise au lieu de limiter le rôle de porte-parole à la direction», suggère Ève Laurier. Mais pour y arriver, il faudra que la direction partage davantage d’information avec son personnel.

2-En s’appuyant sur des experts

Laissez les autres parler de vous, c’est toujours plus crédible. Les académiciens et les experts techniques jouissent de la cote de confiance la plus élevée de la part des Québécois. Profitez de leur crédibilité pour bâtir la vötre, suggère Ève Laurier. «Les patrons pourraient, par exemple, renouer avec leur alma mater. Rencontrer le doyen, revoir leurs anciens professeurs. Les inviter à venir visiter l'entreprise qu'ils dirigent. Partager leurs projets avec eux.» Elle poursuit, «Demandez à des experts d’auditer votre entreprise. C’est une démarche plus authentique.» Une certification et un audit permettent de susciter la confiance car elles impliquent un tiers expert. De plus, elles situent l'organisation parmi ses pairs. Ceci pour autant qu'elles soient accordées par un organisme crédible, bien sûr.

On a surprotégé les pdg. On a érigé des barrières autour d’eux pour qu’ils puissent «travailler en paix». Ces barrières se sont avérées tellement efficaces qu’aujourd’hui les dirigeants sont isolés. Pour s’en sortir, ils ont besoin d’alliés.

 

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