Les investisseurs joignent les ados anti-armes à feu

Publié le 12/03/2018 à 10:35

Les investisseurs joignent les ados anti-armes à feu

Publié le 12/03/2018 à 10:35

La colère et la douleur des étudiants de la West Boca High School, en Floride. Le 20 février, ils ont perdu 17 collègues sous les balles de Nikolas Cruz, 19 ans.(Crédit: Getty Images)

Les adolescents américains ont des nouveaux alliés dans leur lutte pour le contrôle des armes à feu: les investisseurs

Le contrôle des armes à feu est le sujet de l’heure aux États-Unis. Mais il déborde aussi les frontières. Au Québec, les médecins spécialistes et les médecins omnipraticiens ont vécu un réveil brutal en apprenant que leurs régimes de retraite détenaient des actions dans des entreprises dont l’activité principale est la fabrication et le commerce des armes à feu. Leur représentant a affirmé que ces investissements allaient l’encontre des valeurs des médecins omnipraticiens. Leur politique d’investissement est en cours de révision.

Ils ne sont pas seuls. BlackRock (le plus gros gestionnaire d’actifs au monde), devant la pression de ses clients, vient de permettre à ses clients un « opting-out » des investissements dans la production et distribution d’armes à feu. Avec Vanguard, son rival principal, BlackRock détient 16,9% de Sturm Ruger, 11,1% d’American Outdoor Products et 12,7% de Vista Outdoor. Cette prise de position risque de faire des vagues dans cette industrie.

La prochaine étape, pour BlackRock, est d’étendre son filtre négatif pour exclure cette industrie, de la même façon que les filtres excluent les industries du “vice” comme on appelle l’industrie du tabac ou celle des casinos.

La pratique des filtres d’exclusion, une des plus anciennes méthodes pour construire un portefeuille d’actions plus éthique, peut parfois être surprenante. Par exemple, selon une étude d’ETF.com, seulement 38% des FNB socialement responsables excluent spécifiquement toutes ou certaines entreprises reliées aux armes à feu. Notons que 43% de ces FNB sont thématiques (obligations vertes, énergie solaire, etc.) ne peuvent donc en avoir.

Les filtres peuvent être également très nuancés. J’appellerais cela «jouer avec la largeur des mailles du filet». Ainsi, certains évitent les armes controversées ou les armes non-conventionnelles comme les armes chimiques, les mines antipersonnel ou les bombes à fragmentation.

D’autres fonds identifient les armes militaires et les armes civiles pour en exclure un type ou les deux. Enfin, d’autres fonds pratiquent la tolérance zéro. Le fonds “Change Finance » (CHGX) excluent les manufacturiers, les détaillants et également les entreprises qui vendent des composantes, des logiciels ou même des services à ces mêmes manufacturiers et détaillants.

Avec les filtres, plus que jamais, le diable est dans les détails. Il est bien important de s’attarder à la largeur des mailles du filet quand on investit dans ce type de fonds pour s’assurer qu’ils correspondent à ce que vous cherchez.

Où va l’argent des obligations vertes ontariennes?

Le 25 janvier dernier, l’Ontario a complété avec succès une autre émission de ces obligations pour 1 milliard de dollars. L’échéance est fixée au 5 février 2025.

Les projets se concentrent sur le transport en commun, l’efficacité énergétique et le bâtiment durable. Le produit de l'émission financera sept projets :

1) Transport léger sur rail à Toronto: 407 millions de dollars

2) Installations d’entretien de trains de banlieue à Whitby: 300 millions de dollars

3) Service d'autobus rapides dans la région de York: 80 millions de dollars

4) Transport léger sur rail à Mississauga: 10 millions de dollars

5) Phase 1 du réaménagement de l'Hôpital Brant à Burlington: 145 millions de dollars

6) Agrandissement du campus King du Collège Seneca à King City: 50 millions de dollars

7) Transport léger sur rail Finch Ouest à Toronto: 4 millions de dollars

Des nouvelles d’une obligation verte canadienne, CoPower

Le mois dernier (février 2018), la seconde émission d’obligations vertes de CoPower a été complétée avec succès, avec plus de 10 millions de dollars amassés. Les obligations vertes de CoPower sont, quant à elles, dédiées à différents projets au Canada.

Ainsi, Marmott Énergies, entreprise québécoise pionnière dans les projets de géothermie résidentielle, a reçu un appui d’1 million de dollars sous forme de prêt

Le Grand Costumier lance une seconde ronde d’obligations communautaires

Je vous parle souvent d’obligations vertes dans ce blogue. Normal, elles suscitent un intérêt important et ce, partout dans le monde.

Or, il n’existe pas qu’une seule couleur ou saveur d’obligations durables. Il y a aussi l’obligation communautaire. Inspirée des «social bonds» anglais, l’obligation communautaire québécoise cherche à financer des projets sociaux ou culturels. Dispensée de prospectus, les obligations que peuvent émettre les entreprises d’économie sociale ont les mêmes caractéristiques que les obligations traditionnelles: un prix d’émission, une échéance et un taux d’intérêt. Elles peuvent être garanties ou non, rachetables, transférables et renouvelables ou non à l’échéance.

Quelques organisations, dont le Cinéma du Parc, le Grand costumier ou le Bâtiment 7, ont clôturé leur émission en atteignant ou dépassant leurs objectifs. Pour ces entreprises, l’obligation communautaire vient compléter les ventes, les prêts, les subventions et les dons, outils traditionnels de financement des entreprises sociales.

L’obligation communautaire contribue aussi à la viabilité à long terme en consolidant une communauté de soutien et témoigne, pour les autres bailleurs de fonds de l’entreprise, de la solidité de son ancrage dans la communauté.

Fort de sa première expérience positive, le Grand Costumier, entreprise d’économie sociale qui protège et valorise le patrimoine des costumes de Radio-Canada, amorce, ces jours-ci, sa deuxième émission d’obligations communautaires avec un objectif de 20 000$ (Il s’agit de 20 obligations de 1000$ chacune pour une échéance de 5 ans. Elles sont assorties d’un taux annuel de 2% cumulatif, versés à échéance). Les sommes amassées seront investies dans la restauration d’une partie de la collection, louée aux créateurs la production médiatique (télévision, cinéma et web) et des arts vivants partout au Canada.

 

À propos de ce blogue

Dario Iezzoni est un entrepreneur et pionnier québécois de l’économie à impact positif. Il a, entre autres, mené l’entreprise Equita d’Oxfam-Québec a des sommets tant en termes de chiffre d’affaires, nombre d’employés qu’en rentabilité. Aujourd’hui, il est consultant en écorentabilité, impact et management responsable. Il enseigne aussi le marketing des entreprises sociales et collectives à l’ESG-UQAM. Son blogue, « Profits durables », présentera chaque mois des nouvelles québécoises, canadiennes et internationales liées à la finance durable. Qu’il s’agisse de nouveaux produits financiers, de conférences, de rapports ou de projets, ce spécialiste de l’impact social et écologique tiendra les lecteurs informés des initiatives les plus pertinentes.

Dario Iezzoni