La nouvelle PCU est contre-productive


Édition du 11 Novembre 2020

La nouvelle PCU est contre-productive


Édition du 11 Novembre 2020

À VOS AFFAIRES. Depuis quelques semaines déjà, la Prestation canadienne d’urgence (PCU) a été remplacée par la Prestation canadienne pour la relance économique (PCRE). Cette dernière corrige un élément fondamental:la récupération de la prestation au-delà d’un certain seuil de revenu.

On recevait la PCU au complet ou on ne recevait rien du tout. La PCRE, pour sa part, fait en sorte qu’on peut recevoir une partie de cette aide, car elle est «dégressive». C’est beau de mettre un seuil et un taux de récupération, mais encore faut-il que le but visé (relancer l’économie) ait des chances d’être atteint.

Or, ce seuil de récupération a été établi à 38 000$et le taux est de 50 % au-delà de ce seuil. Cela signifie qu’en 2020, chaque dollar gagné au-delà d’un revenu net de 38 000 $fera l’objet d’un remboursement de 50 % jusqu’à concurrence, bien entendu, du montant reçu.

Petite précision sur le revenu net, c’est la somme des revenus que vous aurez gagnés en 2020 en excluant la PCRE. Cela signifie que la PCU et tous vos autres revenus vont compter dans le calcul. Pour l’année 2021, ce sera la même chose, même si le montant de PCU sera nul.

En fait, c’est surtout sur le taux de récupération que j’en ai. Ce remboursement de 50 % s’ajoutera à la facture fiscale normale. Est-ce à dire qu’on ajoute simplement 50% sur notre taux d’impôt pour mesurer le montant net qu’il nous restera dans les poches? Pas tout à fait.

Attention à ce que vous lisez là-dessus, car, contrairement à ce que j’ai vu dans certaines publica-tions, les taux d’imposition implicites (TEMI) ne grimpent pas à plus de 100 % sur les revenus se situant entre 38 000$et 65 000 $. En fait, comme il s’agit d’un revenu imposable, le fait d’en redonner une partie va nous faire sauver de l’impôt sur cette partie. De plus, le seuil de 65 000 $ne tient pas compte du fait que la PCRE, selon ce qui est prévu, ne sera pas payée pendant une année complète, ni en 2020 ni en 2021.

Cela dit, il est vrai que si on considère l’ensemble de la situation fiscale d’un particulier, il ne reste pas grand-chose, au net, dans les poches des prestations qui sont dans certaines tranches de revenus.

J’ai fait un petit graphique pour donner une idée du portrait pour ceux qui vont demander la PCRE. Ce graphique indique combien d’argent il reste pour chaque tranche de 1 000 $de revenu d’emploi qu’un particulier gagne en 2020, dans diverses situations. À noter qu’une cotisation à un REER peut réduire le revenu servant au calcul.

On voit que, peu importe la situation ci-dessus, une personne qui gagne entre 38 000 $et 51 000 $retournera au gouvernement en impôts, cotisations, perte d’allocations familiales et autres crédits remboursables ainsi qu’en remboursement de la PCRE, plus de 775 $pour chaque gain de 1 000 $!

Ce creux, entre 38 000$et 51 000 $, est justement dû au remboursement de la PCRE. Alors, à l’instar de la PCU qui n’encourageait pas un retour au travail pour bien des gens, on peut se poser la question dans quelle mesure les personnes dans ce «trou»voudront bien retourner au travail pour moins de «25 cennes dans piasse».

 

À propos de ce blogue

Dany Provost possède une formation multidisciplinaire lui permettant d'avoir une vue d'ensemble d'une situation financière. Combinant l'actuariat, la fiscalité, le placement et une grande maîtrise de l'environnement Excel, son expertise lui a permis de développer plusieurs outils de modélisation complexes, notamment en optimisation fiscale et avantages sociaux. Il est directeur planification financière et optimisation fiscale chez SFL Expertise et est l’auteur des livres «Arrêtez de planifier votre retraite, planifiez votre plaisir» et «As-tu réglé ça?» Membre honoraire et expert désigné de l’Institut de planification financière, il est un collaborateur régulier dans les médias en plus d’être chroniqueur en fiscalité dans le journal Finance et Investissement.

Dany Provost