Un nouveau modèle d’usine intelligente pour votre entreprise

Publié le 28/01/2023 à 09:00

Un nouveau modèle d’usine intelligente pour votre entreprise

Publié le 28/01/2023 à 09:00

L’usine ne produit rien et n’a pas de vocation commerciale : c’est une vitrine technologique qui s’appuie sur les solutions d’une vingtaine d’entreprises partenaires, dont l’américaine Cisco, la québécoise Noovelia et l’allemande Siemens. (Photo: Eric Carrière)

ANALYSE ÉCONOMIQUE. Les entreprises du Québec qui songent ou qui veulent accélérer leur transition numérique vers l’industrie 4.0 disposent désormais d’une usine intelligente modèle, à la fine pointe technologique, située dans la métropole. Bienvenue dans «L’usine intelligente @ Montréal» de Deloitte Canada.

L’usine intelligente ou l’industrie 4.0 est un environnement manufacturier qui combine les techniques de fabrication de pointe à l’internet des objets, à l’infonuagique, à l’apprentissage machine ainsi qu’à l’intelligence artificielle.

L’objectif est de créer des systèmes de fabrication interconnectés. Concrètement, ces derniers échangent et analysent de l’information pour ensuite utiliser les résultats afin d’appuyer les opérations des usines intelligentes.

Je vous entends déjà penser à voix haute…

Deloitte a une usine?

Oui, oui, vous avez bien lu: une usine appartenant à Deloitte, la firme de services spécialisée en conseils aux entreprises, et ce, de la fiscalité à la gestion des risques. Je me suis posé la même question, lorsque l’entreprise a convoqué les médias à visiter cet établissement cette semaine.

Située dans l’arrondissement Saint-Laurent, cette petite usine de 836 mètres carrés est spécialisée dans la démonstration d’activités d’entreposage et de fabrication. On parle ici d’un investissement de 8 millions de dollars.

L’usine ne produit rien et n’a pas de vocation commerciale: c’est une vitrine technologique qui s’appuie sur les solutions d’une vingtaine d’entreprises partenaires, dont l’américaine Cisco, la québécoise Noovelia et l’allemande Siemens.

 

Deloitte a trois autres usines à l'étranger

Deloitte a aussi trois autres usines intelligentes – mais uniquement spécialisées dans la fabrication, sans le volet entreposage – qui sont situées en Allemagne, au Japon et aux États-Unis.

Quand on y pense, l’incursion de Deloitte dans l’entreposage et la fabrication manufacturière – avec quatre usines pilotes – est assez logique. Depuis longtemps, la société publie des analyses et des rapports sur le secteur manufacturier.

L’exploitation de quatre usines lui permet d’offrir ses services-conseils aux entreprises manufacturières qui embrassent l’industrie 4.0. Quant aux partenaires technologiques, leur implication leur permet de vendre bien entendu leurs solutions.

L’usine intelligente @ Montréal est configurée en quatre petits îlots :

  • L’entreposage et la récupération automatisés des bacs de manutention
  • La réception intelligente des marchandises
  • La surveillance des actifs et la maintenance prédictive des équipements
  • La dépalettisation automatisée de caisses

 

Une usine intelligente permet de réduire les coûts de la main-d’œuvre, les charges d’exploitation, les niveaux des stocks ainsi que les coûts de maintenance. (Photo: Eric Carrière)

Aux quatre coins du Québec, plusieurs entreprises manufacturières utilisent déjà l’un ou l’autre de ce type de procédés à différents niveaux.

La particularité de la nouvelle usine de Deloitte à Montréal est de rassembler sous un même toit toutes les étapes d’un entreposage automatisé et optimal. Une formule très utile pour les chefs d’entreprise et les entrepreneurs qui sont toujours débordés.

 

Quatre avantages concrets pour les entreprises

Selon Deloitte, l’adoption des technologies intelligentes pour entreposer et fabriquer des biens procure quatre avantages concrets aux entreprises.

1. Elle augmente de 10 à 20% l’efficience des actifs: on peut utiliser les actifs plus souvent et plus longtemps. Leur capacité est optimisée, sans parler de l’accroissement du débit.

2. Elle accroît de 10 à 35% l’efficacité des processus: cela fait diminuer à la fois le taux de rebut, le taux de remise en fabrication et les coûts de garantie.

3. Elle diminue de 20 à 30% les coûts: on parle ici des coûts de la main-d’œuvre, des charges d’exploitation, des niveaux des stocks ainsi que des coûts de maintenance.

4. Elle améliore la sécurité et la durabilité: les pratiques sont plus durables. Les travailleurs sont plus satisfaits et en santé. Les incidents en matière de sécurité diminuent, tout comme la consommation d’énergie.

On s’en doute, les entreprises qui prennent le virage de l’industrie 4.0 deviennent beaucoup plus productives et compétitives, et ce, aussi bien sur leur marché local qu’à l’étranger.

Par conséquent, elles peuvent espérer accroître leurs ventes et leurs parts de marché plus facilement.

Deloitte estime d’ailleurs qu’une entreprise manufacturière qui affiche, par exemple, des revenus de 4 milliards de dollars (G$) par année pourrait les accroître de 1,7G$, soit une hausse de 43%.

C’est majeur.

Une usine intelligente permet aussi aux entreprises de pâtir moins ou pas du tout de la pénurie de main-d’œuvre, car les activités sont moins intensives en personnel.

Aussi, à défaut d’augmenter leurs revenus, elles peuvent au moins s’assurer de ne pas perdre des clients actuels parce qu’elles manquent de bras pour réaliser des contrats.

En novembre, l'organisation Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ) nous apprenait que les entreprises manufacturières du Québec ont laissé pas moins de 7G$ de contrats sur la table en 2022 en raison de la pénurie de main-d’œuvre.

Dans ce contexte, ne pas numériser ses processus n’est plus vraiment une option.

Et les dirigeants d’entreprise qui ont pris du retard et qui ne savent pas par où commencer pour optimiser leur processus ont désormais une nouvelle source d’inspiration.

 

À propos de ce blogue

Dans son analyse bimensuelle Dans la mire, François Normand traite des enjeux auxquels font face les entrepreneurs aux quatre coins du Canada, et ce, de la productivité à la pénurie de la main-d’œuvre en passant par la 4e révolution industrielle ainsi que la gestion de l’énergie et des ressources naturelles. Journaliste à «Les Affaires» depuis 2000 (il était au «Devoir» auparavant), François est spécialisé en ressources naturelles, en énergie, en commerce international et dans le manufacturier 4.0. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières, et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke.

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