L'Usine bleue à la rescousse des PME qui veulent s'automatiser

Publié le 08/04/2023 à 09:00

L'Usine bleue à la rescousse des PME qui veulent s'automatiser

Publié le 08/04/2023 à 09:00

Lancée en 2020, l’Usine bleue vise à inciter les PME manufacturières à s’automatiser afin de faire des gains de productivité. (Photo: 123RF)

ANALYSE ÉCONOMIQUE. Même si 73% des entreprises manufacturières québécoises utilisent une forme d’automatisation, la moitié d’entre elles «seraient peu ou marginalement automatisées», selon le Regroupement des entreprises en automatisation industrielle (REAI). C’est pourquoi son directeur général, Carl Fugère, veut donner un grand coup et accélérer ce processus avec l’initiative Usine bleue.

Lancée en 2020, l’Usine bleue vise à inciter les PME manufacturières à s’automatiser afin de faire des gains de productivité. Pour y arriver, l’équipe de Carl Fugère met à la disposition des entreprises des ressources spécialisées issues du réseau du REAI (ou de l’Usine bleue), qui compte plus de 130 membres.

À ce jour, l’Usine bleue a mené 37 projets d’automatisation au Québec. Carl Fugère vise la réalisation de 50 à 60 nouveaux projets d’ici mars 2025, mais doit d’abord identifier environ 130 projets potentiels intéressants.

Il projette des investissements moyens de 750 000$ par PME, et ce, pour des projets totalisant de 37,5 à 45 millions de dollars.

Pour atteindre cet objectif, l’Usine bleue bénéficie de la nouvelle enveloppe de 37 millions de dollars que le gouvernement de François Legault a annoncée le 3 avril, afin «d’accélérer le virage numérique des entreprises québécoises».

Dans cette enveloppe, Québec attribue 1M$ au REAI afin d’accélérer l’automatisation de PME manufacturières au Québec.

 

L’aiguillage étape 1

À cette étape, un entrepreneur présente ses enjeux et ses solutions potentielles à l’équipe de Carl Fugère. Le REAI vise des entreprises qui ont des revenus de 2 à 3 millions de dollars, en plus d’avoir une certaine maturité et une vision stratégique.

«On vient automatiser des processus qui sont faits par des humains», souligne le patron du REAI. Donc pas question ici d’automatiser par exemple du jour au lendemain une nouvelle activité dans une chaîne de production.

À cette étape, l’équipe de Carl Fugère aide le chef d’entreprise à identifier la prochaine étape de la transformation de sa PME, incluant la mise en contact avec des partenaires de soutien.

 

L’aiguillage étape 2

C’est l’étape où les gens de REAI vont réaliser une analyse SMART du projet d’une PME manufacturière. Il s’agit ici de cartographier le bon projet (les goulots, les choses prioritaires, les impacts forts, etc.).

Par la suite, l’équipe de Carl Fugère évalue le projet et le segmente en étapes. À la fin, elle produit un rapport d’évaluation, qui permet de créer une cellule de transformation SMART afin de réaliser le projet d’automatisation de l’entrepreneur.

 

Jumelage SMART

Il s’agit du moment où la cellule SMART se jumèle avec des experts du réseau de l’Usine bleue. C’est l’étape où la PME manufacturière identifie les meilleurs partenaires pour réaliser son projet d’automatisation.

 

Le réseau de l'Usine bleue du REAI compte plus de 130 membres. (Photo: Getty Images)

Une fois qu’un projet est ficelé et budgété, cette étape prévoit aussi un jumelage avec des partenaires afin de le financer, comme la Banque de développement du Canada (BDC), Investissement Québec ou une institution financière classique.

Ainsi, pour un projet évalué à 480 000$, une PME pourrait mettre 180 000$ sur la table à même sa trésorerie.

Le reste (300 000$) pourrait être par exemple financé par un prêt équipement de 150 000$ et une subvention de 150 000$ provenant d’organismes de financement.

Faire appel aux services, à l’expertise et au réseau de l’Usine bleue n’est pas gratuit.

 

Un budget d’accompagnement de 15 000$

Chaque processus de prise en charge d’un projet d’automatisation est doté d’un budget de 15 000$: les PME doivent débourser 8000$ de leur poche, tandis que le REAI assume la différence.

Cela dit, l’entreprise ne débourse pas 8000$ d’un seul coup.

Elle verse graduellement certains montants au fil du processus. Aussi, si pour une raison ou une autre, une PME estime que l’aventure avec l’Usine bleue ne lui convient plus, elle peut se retirer sans trop avoir perdu d’argent.

Bien entendu, l’Usine bleue n’est pas une panacée. Cette initiative ne convient sans doute pas à toutes les PME manufacturières, dont plusieurs sont capables de s’automatiser par elles-mêmes.

En revanche, dans un contexte où plusieurs obstacles freinent l’automatisation (l’incertitude économique, la hausse des taux d’intérêt, le manque de ressources internes dans plusieurs organisations pour évaluer les projets porteurs, etc.), l’Usine bleue représente une option intéressante pour plusieurs entreprises qui veulent être plus efficaces.

À propos de ce blogue

Dans son analyse bimensuelle Dans la mire, François Normand traite des enjeux auxquels font face les entrepreneurs aux quatre coins du Canada, et ce, de la productivité à la pénurie de la main-d’œuvre en passant par la 4e révolution industrielle ainsi que la gestion de l’énergie et des ressources naturelles. Journaliste à «Les Affaires» depuis 2000 (il était au «Devoir» auparavant), François est spécialisé en ressources naturelles, en énergie, en commerce international et dans le manufacturier 4.0. François est historien de formation, en plus de détenir un certificat en journalisme de l’Université Laval. Il a réussi le Cours sur le commerce des valeurs mobilières au Canada (CCVM) de l’Institut canadien des valeurs mobilières, et il a fait des études de 2e cycle en gestion des risques financiers à l’Université de Sherbrooke durant 15 mois. Il détient aussi un MBA de l'Université de Sherbrooke.

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