Les jeunes et l'entrepreneuriat: des signes encourageants


Édition du 11 Avril 2015

Les jeunes et l'entrepreneuriat: des signes encourageants


Édition du 11 Avril 2015

Alors que l'émission Dans l'oeil du dragon est de retour à l'antenne d'ICI Radio-Canada pour une quatrième saison, je dois avouer que j'ai été très agréablement surprise par la qualité des candidats rencontrés lors des enregistrements qui se sont déroulés en mars dernier. Si la créativité et la motivation étaient au rendez-vous, les projets me semblaient assurément plus aboutis et les entrepreneurs beaucoup mieux préparés à cette confrontation avec des «Dragons» qui pouvaient détenir, à leurs yeux, les clés d'une réussite qu'ils espèrent toujours plus rapide. Un constat plutôt rassurant et encourageant, d'autant que la détermination et la bonne humeur de certains semblaient balayer du revers de la main ce climat et cette impression d'austérité dans laquelle le Québec semble baigner actuellement.

Ces impressions, même si elles sont recueillies assez rapidement sur un plateau de télévision, me confortent dans l'idée que je me fais du dynamisme entrepreneurial de jeunes qui n'ont manifestement plus l'intention de baisser les bras, quels que soient le contexte économique ou l'importance du défi à relever. Cette tendance a d'ailleurs déjà été confirmée l'année dernière par l'Indice entrepreneurial présenté par la Fondation de l'entrepreneurship, en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec. Ce sondage, devenu une référence en quelques années, souligne l'augmentation notable du taux d'intentions d'entreprendre, mais aussi celle du nombre de démarches réalisées par rapport à l'année précédente.

Des jeunes de plus en plus ouverts à la mondialisation

Ce nouvel élan et ce dynamisme des entrepreneurs québécois, même s'ils sont très encourageants, ne doivent pas occulter une réalité que ce même sondage met également en lumière grâce à plusieurs indicateurs : qu'il s'agisse de créations d'entreprises (intentions ou démarches), de volonté d'internationalisation ou de prévisions de croissance, le Québec accuse toujours un retard très critique par rapport au reste du Canada. Les entrepreneurs québécois restent encore beaucoup moins audacieux que leurs pairs dans le reste du pays. Mais les chiffres concernant notre province sont à la hausse, et c'est plutôt bon signe.

Si nos jeunes ne se découragent pas, ils semblent même donner l'exemple, et quelques tendances relevées dans ce sondage sont très significatives et définissent également l'aspect qualitatif de ce nouvel élan très prometteur. On y constate par exemple que l'entrepreneuriat reste un choix de carrière optimal pour les jeunes, quel que soit leur statut professionnel, et que nombre d'entre eux comptent développer et privilégier des projets dans les secteurs des services et de la culture. Bravo ! Et surtout, mille fois bravo à une ambition qui semble déjà les différencier de leurs aînés : conscients du phénomène de la mondialisation et des formidables moyens de communication mis à leur disposition notamment grâce à Internet, les entrepreneurs québécois de 18 à 34 ans affirment une volonté d'expansion et d'internationalisation beaucoup plus importante que leurs pairs plus âgés de la province. Si le Québec bénéficie de richesses naturelles importantes, il est aussi le vivier d'une immense créativité et abrite des talents qui mériteraient assurément d'être exportés.

Si je suis très sensibilisée au rayonnement du Canada et du Québec à l'étranger, je le suis tout autant à la transmission et à la pérennité de nos entreprises locales. J'ai déjà évoqué dans cette même tribune la problématique de l'économie de la province devant le manque de repreneurs. Beaucoup de propriétaires préfèrent encore aujourd'hui fermer leurs portes plutôt que d'envisager le long processus, et surtout les méandres et les incontournables difficultés générés par un projet de relève sérieux. Pourtant, l'Indice entrepreneurial communiqué par la Fondation de l'entrepreneurship indique que le Québec compte désormais beaucoup plus de jeunes qui ont l'intention de prendre la relève d'une entreprise, plutôt que d'en créer une. Ajoutez à cela que les Québécois ont, pour une grande majorité, l'intention d'entreprendre dans la région où ils habitent... et cette tendance pourrait autoriser un certain optimisme face à un problème de pérennité qui reste toujours très préoccupant.

Si notre économie semble encore accuser un certain retard par rapport à celle d'autres provinces, il est important de souligner que grâce à leur propension au risque, à leur confiance, à leurs compétences et à leur détermination, les jeunes créateurs d'entreprises du Québec dressent désormais un portrait nettement plus positif. Qui plus est, et croyez-moi, cette qualité est primordiale, face à l'échec, les jeunes Québécois savent faire preuve de résilience et n'hésitent pas à se relancer dans la chaîne entrepreneuriale avec un nouveau projet. Créatifs ils sont, déterminés ils restent. Quelles en seront les répercussions sur notre économie ? Seul l'avenir nous le dira.

La bonne humeur de l'espoir

De plus en plus de jeunes Québécois envisagent de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale, et j'ai hâte de découvrir les prochains chiffres et tendances de l'Indice entrepreneurial qui paraîtront dans le numéro de Les Affaires du 2 mai. Mais si mon impression se confirme, nous sommes plutôt sur la bonne voie. Nos entrepreneurs en herbe sont non seulement bons, mais ils développent leurs projets avec une espèce de bonne humeur qui traduit autant la joie de poursuivre un rêve que l'espoir de le réaliser.

Biographie

Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle est juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l’œil du dragon, diffusée à Radio-Canada.