Un conseil pour les gagnants de la loterie

Publié le 21/07/2015 à 11:41

Un conseil pour les gagnants de la loterie

Publié le 21/07/2015 à 11:41

L’idée m’a effleuré l’esprit: ce peut-il être nous? Ce weekend, sans connaître l’identité des gagnants, nous savions que le gros lot de 55 millions de Lotto Max avait été remporté par un groupe de Québécois. Le billet chanceux avait été acheté à Longueuil.

Je me suis demandé si Pat habitait dans le fief de Caroline St-Hilaire et s’il s’approvisionnait au dépanneur près de chez lui. Pat est notre affable collègue qui, à défaut de piger les numéros gagnants, gère notre groupe de loterie comme personne, avec ardeur et professionnalisme.

Mais il habite Montréal. Alors, au lieu de nous présenter chez Loto-Québec lundi matin, nous sommes rentrés au bureau comme d’habitude. Ce n’est pas la faute de mon confrère de travail, je le sais bien. Nos chances sont statistiquement nulles. D’ailleurs, si je participe à la loterie de groupe, ce n’est pas dans l’espoir de gagner. Je me paie plutôt une police d’assurance. Je ne peux courir le risque d’être le seul fauché de l’étage! Même à 1 contre 28,6 millions!

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

Alors ce sont 20 travailleurs de nuit d’un entrepôt chez Rona qui se partagent le deuxième plus gros lot de l’histoire au pays. Je ne voudrais pas être leur patron… Je démissionnerais à leur place. J’aime trop vivre en société et profiter du soleil pour vivre du côté sombre du cadran.

Mais sérieusement, que ferais-je avec 2,7 millions de dollars qui atterriraient dans mon compte du jour au lendemain? L’ennui avec cette somme, c’est qu’elle permet de donner un coup de main à quelques proches qui en ont vraiment besoin, mais pas d’arroser d’argent tous ceux de qui on voudrait de l’affection, comme le font les conservateurs avec leur PUGE. Près de 3 millions de dollars, c’est beaucoup, mais pas tant que ça. Il suffit d’un projet foireux, de quelques extravagances et d’un conseiller financier un peu louche pour voir le fond de la poche.

Alors que faire? Si j’avais un seul conseil à donner, après avoir fermé mon compte Facebook pour un an, changé de numéro de téléphone et transféré la livraison du courrier dans une boîte postale, c’est de demeurer humble et discret.

Il faut se rappeler que si on est devenu millionnaire du jour au lendemain, ce n’est pas parce qu’on a amené une entreprise en Bourse ou révolutionné l’industrie de la musique. On a juste pigé sept numéros, et encore, il faut remercier l’ordinateur de l’avoir fait à notre place. Vous avez vu le numéro gagnant? 23, 24, 29, 36, 42, 43, 49. Il y a bien peu d’humains qui sélectionneraient des numéros aussi rapprochés. On oublie qu’on a autant de chances de remporter le gros lot en choisissant 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7 qu’avec n’importe quelle autre combinaison. C’est vous dire combien gagner le gros lot défie toute probabilité.

L’humilité et la discrétion m’apparaissent comme un devoir dans ces circonstances, mais elles ont leurs avantages. Bien sûr, c’est difficile d’être discret quand on se fait photographier avec 19 de ses collègues pour la couverture du Journal de Montréal, mais on n’est pas obligé d’en ajouter en troquant sa Hyundai Accent contre une Porsche Carrera. Ce n’est pas pratique une Porsche et ç’a la capacité d’attirer de nouveaux amis dont on n’a pas besoin. Les profiteurs sont tels des vampires pour qui la richesse ostentatoire est comme une giclée de sang, ça les excite. Un peu de pudeur les tient à distance.

Cela n’empêche pas de changer les fenêtres de sa maison ou de se payer un voyage autour du monde avec son conjoint, au contraire. Ces projets n’ont rien de clinquant. Il s’agit là de véritables investissements, autant dans la préservation de ses actifs immobiliers que dans son ouverture d’esprit.

La modestie a aussi pour bienfait de prémunir l’heureux gagnant contre le risque de dilapider sa nouvelle fortune. Je ne voudrais pas m’interposer en curé, mais comme je le disais plus haut, ce ne serait pas un exploit de dépenser 2,7 millions de dollars en quelques années. N’importe quel idiot peut y arriver.

Le plus beau cadeau qu’offre cette chance inouïe, ce n’est pas la possibilité de parader avec une grosse voiture de douchebag, mais de s’acheter quelque chose d’autrement plus important : la tranquillité d’esprit. Celle-ci va durer aussi longtemps que sera préservé le capital. Mine de rien, placée à 5 %, cette somme rapporte 135 000 dollars par année.

Enfin, il y a tous les parents et les vrais amis qui se demanderont peut-être s’ils obtiendront une part du gâteau. Je ne manquerais pas d’organiser une fête mémorable ou un voyage inoubliable en groupe. Ensuite, l’humilité devrait vite faire son œuvre et dissiper les envies.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.