Trump, mon REER et moi

Publié le 27/01/2017 à 08:33

Trump, mon REER et moi

Publié le 27/01/2017 à 08:33

Si vous êtes comme moi, ce qui n’est pas l’idéal, je vous assure, vous attendez janvier ou février pour faire votre contribution REER pour l’année fiscale précédente. Et peut-être, tout comme moi, vous demandez-vous: «Où diable investir cet argent?»

Ce dilemme se pose avec plus où moins d’acuité chaque année, mais je finis toujours par saupoudrer mon pécule dans les quelques fonds et titres de mon portefeuille. Ah, je tète bien quelques tuyaux à mes collègues spécialistes de la Bourse, mais s’ils n’hésitent généralement pas à claironner leurs rendements de portefeuille, ils sont moins bavards quand vient le moment de partager leurs idées de placement.

Cette année, même les «stock pickers» du bureau se disent peu inspirés, ayant tous beaucoup de liquidités dans leur portefeuille et ne sachant trop quand et comment le répartir. Je ne suis donc pas le seul à me gratter la tête.

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En ce début de mandat trumpien, pour trouver les secteurs les plus prometteurs, pour peu qu’il en reste, il faut regarder du côté des spiritueux, du pot et des pharmaceutiques spécialisées dans la fabrication d’antidépresseurs; bien des gens, partout sur la planète, ne pourront envisager de passer les prochaines années à jeun. Je pense aux Mexicains, aux Chinois et à beaucoup d’Américains. Et aux femmes. Et aux minorités. Et aux sans-papiers…

La conjoncture n’offre pas de choix évidents. Les actions sont chères, et les perspectives du côté des obligations ne sont guère palpitantes, si elles l’ont déjà été. Même un compte à intérêts élevés est plus excitant. Durant une année 2016 trépidante, la Bourse américaine a fracassé record après record. Et vous avez vu, les promesses de Trump de diminuer les impôts des Américains et d’augmenter les dépenses dans les infrastructures ont donné une nouvelle impulsion à la Bourse de New York, tellement qu’une bonne partie des gains de 2016 s’est produite après l’élection du président orange.

Le Dow Jones a franchi cette semaine pour la première fois la barre symbolique des 20 000 points, ce qui devrait susciter la méfiance. Trop d’optimisme est toujours suspect à la Bourse, à plus forte raison lorsqu’il est alimenté par un homme au comportement erratique capable de faire chuter en un seul «tweet» le cours de l’action d’une entreprise du S&P 500.

Mais vous savez sans doute qu’essayer de synchroniser ses transactions avec les mouvements boursiers est une stratégie perdante. Je ne suis pas du genre à vendre mes positions quand les marchés touchent des sommets. Je suis plutôt du type «acheter-conserver». Trouver le bon moment pour entrer dans un titre ou dans un fonds n’est pas une décision évidente, alors imaginez celui pour en sortir… Comme on dit, la majeure partie du rendement est déterminée par le coût d’acquisition. 

Je ne liquiderai donc pas mes positions, mais je ne les renforcerai pas non plus. Que faire?

Me fier aux spécialistes? Je ne suis pas analyste, ni économiste pas plus que «prévisionniste», ce qui n’est pas forcément un handicap, car ça ne change rien au fait que j’ai une chance sur deux de me planter, qu’importe ce que je choisis de faire. Tous les «istes» se répartissent en deux camps: les optimistes et les pessimistes. Les événements donneront raison à un côté. Les «imprévus» confondront l’autre. C’est toujours comme ça.

Si vous êtes comme moi, peu optimiste à l’égard des actions, ça ne vous empêche pas pour autant de cotiser à votre REER, de conserver votre position en liquidité, et d’attendre un peu de voir plus clair, ou qui sait une correction de la Bourse.

Mais vous pourriez attendre longtemps. Conserver des liquidités quand la Bourse continue de monter ne procure pas un sentiment agréable, un peu comme quand on choisit la mauvaise caisse à l’épicerie, celle bloquée par une vieille dame qui insiste pour payer en sous noirs même s'il n'y plus aucun commerce qui les accepte. Moi, je ne suis pas trop pressé, mais si ça vous démange, rien ne vous empêche d’investir progressivement, en trois ou quatre fois durant l’année.

Le mieux qu’on puisse faire, c’est d’apprendre à respirer, de ne rien précipiter et de rester patient. Une petite touche de prudence est de mise.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.