Trudeau majoritaire et... locataire!

Publié le 20/10/2015 à 11:41

Trudeau majoritaire et... locataire!

Publié le 20/10/2015 à 11:41

J’ai entendu ce matin que Justin Trudeau allait rentrer à la maison familiale, le 24 Sussex, parce qu’il y a grandi du temps que son père dirigeait le pays. J’aimerais souligner qu’aussi longtemps qu’il n’aura pas intégré la résidence officielle, il vit toujours dans une unifamiliale en location.

Selon ce qu’il a déclaré à La Presse, le chef du Parti libéral n’a aucune propriété immobilière. Même pas un cabanon! Disons la chose crument: notre premier ministre est locataire. Aïe!

Je connais des gens, pourtant très loin d’être à la tête d’un pays, qui ne s’en vantent pas. «Je suis loc... Aaatchoou! Ah ces allergies! On disait quoi? Ah oui, l’incroyable début de saison du CH…» Pire que ça, tu habites chez tes parents.

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L’Américain Barack Obama possède une maison à Chicago. Le Français François Hollande était, aux dernières nouvelles, propriétaire d’une résidence à Mougins, au nord de Cannes. En avril, l’air est bon là-bas, il paraît. Alors vous imaginez Justin Trudeau à la Maison Blanche ou à l’Élysée, ou lors des grands sommets internationaux. Ça ne pèsera pas lourd à la table des négociations. Côté prestige, on a vu mieux, vous ne trouvez pas?

Au moins, on sait que ce ne sont pas les contraintes financières qui l’empêchent. On se doute bien qu’il a les moyens d’acquérir une propriété, sans doute sans l’aide de la banque.

Mais si, encore une fois, Justin Trudeau ne nous donnait pas une leçon? Financièrement, sa décision se défend. Même qu’il a l’air plus brillant que Barack Obama, qui a acheté sa maison avant l’éclatement de la bulle immobilière américaine, en 2008.

Puis si Justin avait l’ambition d’occuper la résidence officielle du premier ministre durant au moins quatre ans, pourquoi immobiliser son capital dans de la brique ?

Au contraire de Justin Trudeau, bien des gens se précipitent pour acquérir une maison, même s’ils ont tout juste les moyens. Les raisons sont nombreuses, parfois pratiques, parfois psychologiques, parfois basées sur des idées préconçues, souvent tout ça à la fois.

On achète une résidence à la venue du premier bambin. Ou encore parce que la propriété est perçue comme une finalité, comme un passage à l’âge adulte, comme un affranchissement : «Enfin chez nous!»

Le motif le plus répandu se résume néanmoins dans cette phrase: «pour ne pas jeter mon argent par les fenêtres». Par là, les gens justifient leur achat par la certitude qu’ils vont s’enrichir, à tout le moins ne pas s’appauvrir au profit du propriétaire de qui ils louent un logement.

J’ai déjà écrit sur le sujet, l’immobilier recèle des coûts que les propriétaires de maison ignorent alors même qu’ils ont constamment la main à la poche pour payer les intérêts sur l’hypothèque, les taxes, l’entretien, les assurances, les inévitables travaux majeurs, les frais de courtage et des pénalités parfois scandaleuses si le contrat hypothécaire doit être brisé.

Quand on veut se convaincre que notre décision est la bonne, rien ne vaut une bonne raison économique et évoquer un certain profit : il me restera de l’argent dans les poches à la fin. Mais il est étonnant de constater que ces acheteurs ne se donnent souvent pas la peine de faire les véritables calculs avant de conclure à la bonne affaire.

Il paraît toujours évident, quand on rembourse peu à peu son hypothèque, qu’on finira un jour par récupérer son argent, et plus encore. Mais on oublie souvent le coût de renonciation, c’est-à-dire les rendements perdus à ne pas investir ailleurs l’argent qu’on engloutit dans sa maison (capital, taxes, intérêts et frais d’entretien).

Il est démontré que l’avantage, malgré les apparences, n’est pas systématiquement en faveur du propriétaire. Au bout du compte, le locataire et le propriétaire ont autant de chances de s’enrichir. Cela dépend parfois de la conjoncture. Les ménages qui ont acheté au début des années 2000 ont profité de circonstances exceptionnelles dont ne pourra jamais bénéficier un premier acheteur aujourd’hui. Et ça dépend aussi des montants consacrés à se loger et de la gestion que l’on fait de la balance de ses revenus.

Acheter une maison ne serait pas un choix économique. Il repose davantage sur des valeurs. La propriété est bien vue, et c’est très bien. Une autre raison pour laquelle on préfère souvent acheter, c’est l’offre plutôt médiocre du côté de la location. S’il y avait davantage de logements propices pour les familles et d’immeuble locatifs capables de rivaliser avec le marché des copropriétés, je reste persuadé qu’on serait plus nombreux à opter pour la location.

Mais voilà un dilemme dont est libérée au moins une personne pour les quatre prochaines années.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.