Télécommunications: le devoir de vous plaindre

Publié le 25/08/2015 à 11:51

Télécommunications: le devoir de vous plaindre

Publié le 25/08/2015 à 11:51

Un petit conseil si la volatilité des marchés vous rend nerveux. Prenez congé d’information financière quelques jours et changez-vous les idées. 

J’ai une suggestion pour vous. Avez-vous vu Chef’s Table, sur Netflix? Il s’agit d’une série de documentaires sur six chefs iconoclastes qui, dans l’adversité, se réinventent pour atteindre les sommets de la gastronomie mondiale. La réalisation est de haut calibre et la photographie, à couper le souffle. On est à des années-lumières des navets mal traduits qui passent en boucle sur Zeste et des émissions de «recettes» et de concours culinaires qui prolifèrent sur toutes les chaînes. 

On nous raconte plutôt le récit plus large de personnes qui rompent avec les traditions pour proposer quelque chose d’innovateur. Pensez à Steve Jobs, mais dans l'univers plus conservateur de la restauration. Moi qui ai fait une grave indigestion des histoires dites «inspirantes», ces documentaires m’ont réconcilié avec le genre. 

Plus encore, cette série a eu l’effet d’un baume en ces temps où Pointe-Calumet semble devenue le centre du monde. Ces révolutionnaires de la gastronomie, par leur acharnement et leur créativité, me font oublier pendant un moment les tares de mon espèce. 

Jusqu’à ce que je reçoive ma facture d’Internet. 

La mauvaise météo, le réconfort que j’ai trouvé dans les documentaires Chef’s Table, l'appétit boulimique de mon ménage pour la série Friends et les Grands reportages sur Tou.tv a fait exploser notre consommation de données Internet récemment. Deux mois de suite!

Mon compte est configuré de telle manière que, si je m’approche de la limite de mon forfait Internet, je reçois un avertissement par message texte. Quand ça se produit, je peux acheter un bloc de données supplémentaires à un prix raisonnable. Mais voilà, je n’ai pas été averti. Le premier mois, on m’a facturé 40 dollars supplémentaires pour avoir débordé de 30 Go. J’ai payé sans broncher, me disant que j’avais dû manquer la notification dans le flot de communications qui transitent par mon iPhone. Quand j’ai dépassé une autre fois le mois suivant sans être avisé, j’ai compris que le problème n’était pas de mon côté.

Alors, je téléphone le service à la clientèle de mon fournisseur, non sans répéter pendant que je compose le numéro le mantra de circonstance: «Poli, mais ferme!» Mon objectif est de me faire rembourser les 40 dollars de la facture précédente et de faire annuler toute pénalité sur celle qui s’en vient. 

«Bonjour, mon nom est Chrystelle, comment puis-je vous aider?». 

Je lui explique la situation, que j’ai dépassé les limites de mon forfait, chose qui ne serait pas arrivée si le système de notification avait fonctionné comme d’habitude. Elle ne me propose pas de créditer les surcharges, mais plutôt l’internet illimité pour 10$ de plus par mois. Accepter cette offre aurait signifié une reddition humiliante de ma part. Plus explicite, je lui explique alors pourquoi je me sens en droit d’exiger un remboursement. Chrystelle perd alors un peu de sa prestance avant de me mettre en attente.  Au bout d’un moment, elle revient pour m’offrir un crédit de 25 dollars, que je refuse. Elle change alors de registre pour me faire la morale: «Monsieur, vous êtes responsable de votre consommation Internet. C’est à vous de vérifier sur votre page client».

Sur ma page client, une clause inscrite en petits caractères dégage en effet l’entreprise de toute responsabilité liée à la fiabilité de son système de notification. Là est le noeud du problème. Le fournisseur offre un service dont le but est d’éviter au client de faire un suivi constant de sa consommation Internet en lui envoyant un avertissement en cas d’éventuel dépassement. Or, l’entreprise me dit de ne pas m’y fier. Je vous pose la question: à quoi ça sert, alors? 

C’est d’autant plus discutable que les frais chargés en cas de débordement imprévu sont excessifs. Pourquoi, dans ce cas, ne pas facturer tout simplement le même tarif que si le consommateur achetait par prévoyance un bloc de données supplémentaires. La manoeuvre a tous les traits d’une pratique abusive, au même titre que les frais d’itinérance qu’imposaient les fournisseurs de service sans fil avant que le CRTC ne les mette au pas. 

Poli, mais ferme, je débite tout ça à Chrystelle. La discussion s’enlise. J’exige de parler à son patron.

«Il est occupé, me dit-elle». 

«J’espère, je lui réponds. Mais je peux attendre qu’il se libère».

Elle me met en attente. C’est elle qui revient au bout de cinq minutes pour m’offrir un crédit de 50 dollars. Je jette du leste et j’accepte. Mais dans ce qui a l’apparence d’un baroud d’honneur, elle précise que c’est un crédit à vie!  Autrement dit, j’ai épuisé mes recours pour toute plainte à venir, comme si j'étais classé parmi les clients quérulents!

C'est à voir!

Heureusement, d'ici la prochaine bataille, j’aurai le temps de retrouver mon calme dans le contenu inspirant de Netflix.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.