Soudainement, l'hypothèque de cinq ans fixe devient aguichante

Publié le 08/09/2017 à 09:00

Soudainement, l'hypothèque de cinq ans fixe devient aguichante

Publié le 08/09/2017 à 09:00

Une hausse des taux d’intérêt qui survient comme en juillet dernier, ça ressemble à l’apparition d’un feu sauvage qu’on croyait avoir vaincu avec la force du mental. Quand sept années se sont écoulées depuis qu’il s’est montré le bout du nez, on croit qu’il ne reviendra plus jamais.

Jusqu’au matin où on se réveille avec ce gyrophare au bord de la bouche qui nous rappelle l’implacable réalité: peu importe le temps qui passe, ça finit toujours par revenir!

Ainsi en est-il des hausses des taux d’intérêt.

Ne reste plus alors à espérer que les ravages soient contenus. Mais voilà, justement! Une deuxième augmentation en moins de deux mois nous a frappés cette semaine. Puis la crainte que ça dégénère.

Certains sont sous le choc, et ça se comprend. Avant cet été, la dernière fois que la Banque du Canada avait relevé son taux directeur, c’était en septembre 2010. Il y a sept ans, donc. Il atteignait alors 1%, comme maintenant.

Pour alimenter l’angoisse, une économiste du Mouvement Desjardins a évoqué cette semaine la possibilité d’une série de hausses qui pousserait le taux directeur à… 3%. Irréaliste? Beaucoup le pensent, mais ce scénario n’a rien de farfelu.

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Il faut remonter à avril 2008, alors que se manifestent les premiers signes de la crise financière, pour retrouver un taux directeur de 3%. Pour vous dire comment les choses peuvent aller vite, huit mois auparavant, le taux de la Banque du Canada affichait 4,75%.

À l’époque, la banque centrale a procédé à 10 baisses successives, dont cinq fois de 0,5% et une fois de 0,75%. En avril 2009, il a atteint son plus bas, à 0,25%. La situation était exceptionnelle, mais tout de même, les taux ont baissé de 4,5% (4,75% à 0,25%) en moins de deux ans.

Aujourd’hui, l’économie canadienne affiche une mine étonnante. Le chômage est à son plus bas, le PIB connaît une croissance robuste. Mais l’empressement de la banque centrale à resserrer dernièrement les conditions de crédit est un signal plus fort encore: on semble au début d’une phase ascendante qui nous mènera on ne sait où, bien que la moindre crise pourrait facilement l'interrompre.

Les banques n’ont pas tardé à s’ajuster en remontant leur taux préférentiel, à 3,2%. Le taux préférentiel constitue la base sur laquelle les prêteurs établissent le taux variable consenti à leur client hypothécaire (ex: on peut vous accorde le taux préférentiel, moins 0,5%). Les variations du taux préférentiel se répercutent plus ou moins rapidement sur les hypothèques à taux variable. L’effet est immédiat sur les marges de crédit hypothécaire.

Pour chaque tranche de 100 000 dollars d’hypothèque, une hausse de 0,25% représente un coût mensuel supplémentaire de 12 $. Depuis juillet, les coûts d’intérêt a donc monté de 24$ par mois. Un ménage dont le solde hypothécaire s’élève à 250 000 dollars a donc vu ses frais augmenter de 60 dollars.

Dans le cas d’un scénario où le taux directeur augmenterait encore de 2 %, un ménage avec une hypothèque de 250 000 $ paierait donc plus de 2100 $ par année en intérêts, pour peu qu’il s’agisse d’un prêt à taux variable.

Car les hypothèques à taux fixes réagissent plus lentement aux mouvements orchestrés de la Banque du Canada. Ils s’appuient en effet sur les taux des obligations de cinq et dix ans. Denis Doucet, porte-parole de Multi-Prêts, a vu cette semaine certains prêteurs réduire leur taux fixe de cinq ans. Il y a encore de bonnes affaires de ce côté, mais pas pour longtemps. Ce segment du marché sera emporté par la tendance à la hausse.

Le principal inconvénient de l’hypothèque à taux fixe demeure les pénalités qu'on vous inflige en cas de paiement anticipé; il en coûte en effet une fortune de résilier une telle hypothèque avant la fin du terme.

Mais si vous vous croyez bien en selle pour les cinq prochaines années et que la moindre hausse vous est aussi agréable qu'une crise d'herpès... À moins de 2,80%, l’hypothèque à taux fixe n’a pas été aussi attrayante depuis des lustres.

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.