Pour en finir avec les REEE

Publié le 30/08/2016 à 10:20

Pour en finir avec les REEE

Publié le 30/08/2016 à 10:20

J’ai soulevé un petit vent de panique, je crois. Mes chroniques sur les REEE collectifs (1/3, 2/3), et plus particulièrement sur Universitas, ont rendu bien des parents nerveux. «Qu’est-ce que je peux faire, maintenant?» se demandent de nombreux souscripteurs à des REEE collectifs.

À moins que vous soyez au tout début du plan, il n’y a pas grand chose à faire, et c’est là une des caractéristiques de ces plans d’épargne: ils vous menottent. Je vous conseille néanmoins de solliciter l'avis d'un planificateur financier, et pas ces opportunistes qui ont profité de vos inquiétudes pour faire valoir leurs services sur notre page Facebook. 

Parlant de Facebook, une maman m’y a interpellé, que je cite de mémoire: «Mais si je contribue au REEE collectif jusqu’à la fin, est-ce que je sors gagnante? Ne vous contentez pas de lire le prospectus, monsieur le journaliste!». Si cette charmante personne avait lu le prospectus, j’imagine qu’elle ne me poserait pas cette question aujourd’hui.

Vous savez, madame, c’est difficile de ne pas sortir gagnant quand le gouvernement vous assure 30% de subventions, et les fondations du type Universitas savent mieux que quiconque mettre cet argument de l’avant. Par contre, ne commettez pas l'erreur de vous arrêter en chemin, sinon vous serez perdante. Mais la vraie question que vous devriez vous poser, c’est: «Aurais-je été davantage gagnante ailleurs?»

Mais qu’est-ce qu’il y a, ailleurs? Faisons le tour pour clore le dossier. Il y a deux types de REEE: individuel et familial. Le premier peut être ouvert par n’importe qui au bénéfice de n’importe quel enfant. Le second ne peut être ouvert que s’il y a un lien de sang, ou une preuve d’adoption, entre le souscripteur et les bénéficiaires. Plusieurs enfants peuvent être inscrits au même REEE familial. L’un des avantages de ce dernier est qu’il n’y a qu’un seul état de compte pour la fratrie. Aussi, les paiements d’aide aux études (PAE) sont facilement transférables d’un enfant à un autre dans le cas où il y en a qui ne poursuivent pas leurs études.

Cela dit, notez que ce transfert est aussi possible dans une famille où chaque enfant a son REEE individuel.

Comment ouvrir un REEE? Surtout, n'attendez pas que quelqu’un vous sollicite. Rendez-vous à la succursale de votre banque et faites-en la demande. Vous pouvez aussi le faire par Internet, mais comme on devra évaluer votre tolérance au risque et vous proposer des placements, il vaut la peine de vous déplacer. Notez qu’il est essentiel d’avoir le numéro d’assurance sociale de l’enfant pour ouvrir un compte.

Comment y investir? À votre rythme, selon votre tolérance au risque. Pour un REEE ouvert à la banque, vous aurez accès à une gamme de fonds communs de placement, du plus prudent au plus dynamique, à des portefeuilles clés en main avec rééquilibrage automatique ou encore à des CPG. Comme avec un REER, vous pouvez facilement mettre en place un programme de prélèvements automatisés, le modifier et l’interrompre, au besoin. Notez que chez Desjardins, le REEE familial n’est pas encore disponible, il l’est à la Banque Nationale. Vérifiez ce qu’offre votre institution financière.

Si l'employé de la banque vous offre des produits financiers connexes, comme de l'assurance ou des cartes de crédit, refusez. Lire: Des vendeurs déguisés en conseillers

Avez-vous d’autres options? Oui! Si vous êtes à l’aise en investissement et que vous détenez un compte dans une firme de courtage à escompte (Disnat, Courtage direct Banque Nationale, RBC Placement en direct, etc), vous pouvez ouvrir un sous-compte REEE en quelques clics de souris. Vous aurez accès à une gamme de produits de placement élargie qui comprend les fonds négociés en Bourse et les actions. En courtage, on peut aussi bien ouvrir un compte individuel que familial.

Combien ça coûte? Dans le cas d’un REEE ouvert à la banque, il n’y a que les frais de gestion sur les produits financiers du portefeuille. Vous n’aurez pas la mauvaise surprise de payer des frais de souscription, ni des frais d’ouverture. En courtage, par contre, il y a des frais sur chaque transaction (autour de 10$) en plus des frais de gestion des fonds. Si vous optez pour des actions, comme celle d’une banque qui paie 4% de dividendes année après année, vous ne payez que les transactions. Notez qu'il y a une transaction à l’achat d’un bloc d’actions ou de parts de fonds. Un dépôt liquide au compte n’est pas facturé comme une transaction.

Certaines firmes de courtage vont ajouter des frais administratifs pour les comptes dont les actifs n’atteignent pas un certain seuil. Chez Courtage direct Banque Nationale, ces frais s’élèvent à 150$ par année pour les comptes de courtage qui contiennent moins de 20000 dollars (pour l’ensemble des actifs, qui pourrait comprendre le CELI, le REER et des placements non enregistrés du souscripteur).

Lire mon billet sur les frais des Fonds négociés en Bourse et des communs de placement

Et les subventions? Peu importe quel type de compte vous choisissez, elles seront versées automatiquement, une fois par année pour la part du provincial et au rythme de vos contributions pour le fédéral.

Au fédéral, elle s’appelle la Subvention canadienne à l’épargne-études (SCEE). Elle s’élève à 20% des contributions des parents, peu importe leurs revenus. Notez que dans le cas des familles dont les revenus sont de 44 701 dollars et moins, la subvention monte à 40% pour la première tranche de 500 dollars cotisée chaque année. Pour cette même cotisation, la subvention est de 30% pour les ménages dont le revenu se situe entre 44 701 et 89 401 dollars. La subvention fédérale maximale monte à 500 dollars chaque année, à 7 200 dollars à vie par enfant.

Ottawa offre également le Bon d’études canadien (BEC) pour inciter les ménages à faible revenu à ouvrir un REEE. Il s’agit d’un cadeau de 2 000 dollars, car aucune contribution n’est nécessaire pour l’obtenir. Le versement initial est de 500 dollars, puis 100 dollars sont ajoutés au REEE chaque année pendant 15 ans. Il suffit d’ouvrir le compte.

Pour sa part, Québec ajoute 10% de la contribution parentale, jusqu’à 250 dollars par année et 3 600 dollars à vie par enfant. Il s’agit de l’incitatif québécois à l’épargne-études (IQEE). Une aide supplémentaire de 50 dollars par année peut s’ajouter en fonction du revenu des parents.

Vous pouvez récupérer les subventions pour les années durant lesquelles vous n’avez pas contribué, mais une seule année à la fois en doublant votre contribution maximum (2 fois 2 500$). Autrement dit, vous ne pouvez rattraper les subventions de plusieurs années en une seule contribution.

Si votre enfant a 16 ou plus, il ne pourra profiter des subventions que si 2 000 dollars ont déjà été versés à son REEE dans les années passées, ou si 100 dollars ont été été déposés à son compte chaque année depuis qu’il a 12 ans.

Et le capital, à qui appartient-il? Aux souscripteurs, c’est-à-dire, souvent, vous, les parents. Si vous tenez à ce que cet argent serve à payer les études, vous devriez le spécifier dans un testament, faute de quoi les sommes iront à la succession en cas de décès. L’enfant recevra alors les subventions gouvernementales et les rendements du REEE sous forme de PAE.

Le décaissement, cet inconnu. On ne peut pas retirer plus de 5 000 dollars en PAE durant les 13 premières semaines d’études post-secondaires. Ensuite, il n’y a pas de limites (un avantage important sur les fondations de bourses d’études, aussi strictes à cet égard qu’avec la régularité exigée des parents pour leurs contributions).

Si, pour payer ses études, votre enfant bénéficie aussi du capital que vous avez investi toutes ces années dans son REEE, il a généralement intérêt à retirer les PAE en premier, car les gouvernements ne pourront plus les réclamer par la suite, advenant par exemple un abandon des études. Vous devriez néanmoins mettre en place une stratégie de décaissement qui tiendra compte de la durée anticipée des études et des revenus personnels de votre enfant puisque les PAE sont imposables entre les mains de ce dernier.

Et c'est ici que se termine la trilogie sur les REEE. Vous êtes pas tannés vous? Moi, si, un peu. 

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À consulter:

REEE Info, par l'Union des consommateurs

La section REEE du site de l'AMF

Ma chronique précédente sur le sujet

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.