Musique en streaming: l'essayer, c'est l'adopter

Publié le 17/03/2015 à 11:13

Musique en streaming: l'essayer, c'est l'adopter

Publié le 17/03/2015 à 11:13

Disons-le tout de go: l'achat de musique sur CD ne s'est pas avéré, comment dire, un bon investissement. Je me suis débarrassé en fin de semaine des quelques centaines de galettes qui accumulaient la poussière dans mon bureau. J'en ai tiré 213 dollars. Rendement: -97%. 

La boutique L'Échange m'a offert cette somme pour une cinquantaine de disques recherchés et en bon état. Les 350 autres ont abouti chez Renaissance. Je ressentais un pincement au coeur à voir mes CD abandonnés parmi des vieilles casseroles, des vêtements usés et des appareils électroniques d'un autre âge. Combien d'après-midi et d'argent ai-je dépensés chez Archambault, rue St-Catherine, pour faire des découvertes musicales ? Je ne veux même pas le savoir.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

Ce grand débarras n’a rien d’anodin. Il marque un tournant définitif dans la manière dont je consomme la musique: à part quelques exceptions, je n’achèterai plus de disques, que ce soit sur CD ou en téléchargement sur iTunes. Voilà.

L’anecdote est prétexte pour revenir sur mon expérience avec Spotify, le service par abonnement de musique en flux continu (streaming). Pour 9,99$ par mois, rappelons-le, il donne accès à plus de 10 millions de pièces musicales que l’on peut écouter en streaming ou télécharger sur ses appareils (ordi, tablettes, mobiles) pour une écoute en mode déconnectée. On y trouve pratiquement tout, y compris les nouveaux albums accessibles le même jour que leur sortie en magasin.

Je vous avais annoncé mon expérience dans ce billet publié en décembre. À ce moment-là, j’éprouvais un malaise bien réel à propos de la rémunération des artistes par Spotify et les autres services du genre: des fractions de cents par milliers d’écoutes. Pour alléger ma conscience, j'ai également affirmé ici que j’allais continuer à acheter les disques de mes artistes préférés, les québécois surtout, bla bla bla. Je suis un peu embarassé aujourd'hui. La vérité, c’est que je n’ai pas acheté un seul disque depuis que je suis abonné à Spotify. Chaque fois que l’idée m’a traversé l’esprit, je me suis dit «Pourquoi, je l’ai déjà?»

Je n’ai pas acheté le dernier de Leloup, ni celui de Galaxie, tous les deux sur Spotify dès le jour 1. Le disque du nouveau duo de chanteuses dont tout le monde parle depuis le début de la semaine, Milk & Bone, s'y trouve également. À ma connaissance, seule Ariane Moffatt n’a pas mis son dernier opus sur les services en flux continu. Mais je ne me procurerai pas l’album: je n’ai jamais acheté de disque de la musicienne de Saint-Romuald.

J’ai vraiment hésité pour Jean Leloup. Son dernier disque me plaît beaucoup. Et de le voir ressusciter comme ça, toujours un brin confus, mais en grande forme, ça m’a donné envie de cracher 10 $ pour son album. Mais je ne l’ai pas fait.

Après tout, l’internet et les téléphones intelligents n’ont pas fait mal qu’à l’industrie de la musique, me suis-je dit, ils ont aussi fessé fort sur celle des médias, et bien peu s’en émeuvent à part les journalistes. Alors au lieu d’acheter le disque de Jean Leloup, j’ai déposé les 10$ dans mon fonds d’urgence, on ne sait jamais.

Mais si Jean veut prendre un abonnement à Les Affaires, je suis prêt à reconsidérer…

***

J’aurais pu conclure ce billet là-dessus, mais je vais y aller d’une prévision: il n’y aura plus bientôt qu’Edgar Fruitier et quelques-uns de ses semblables mélomanes pour payer afin de posséder de la musique. J’ai la conviction que le modèle par abonnement va s’imposer.

Non seulement les services du type Spotify donnent accès à la musique moins chère, mais ils permettent de faire des découvertes musicales, notamment par les outils de réseautage social intégrés au service. En naviguant un peu, on a vite fait de rencontrer et de suivre des gens qui ont des goûts semblables aux nôtres. J’ai fait plus de découvertes en trois mois que dans les deux dernières années.

Chez le plus grand vendeur de musique de la planète, Apple, on sent le vent tourner (ses ventes ont connu un déclin au cours des deux dernières années). L’achat de Beats par Apple pour 3 milliards de dollars, l’année dernière, était moins motivé par les écouteurs Dr Dre que pour le service de streaming concocté par le fabricant de casques d’écoute et les contacts de ses dirigeants dans l’industrie de la musique.

Une autre prédiction (facile): Apple va frapper fort sur le marché de la musique en flux continu. Et très bientôt.

Suivez-moi sur Twitter

Pour lire mes billets précédents

 

À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.