Les pauvres ont pas d'argent, pas plus en vieillissant...

Publié le 02/10/2018 à 10:30

Les pauvres ont pas d'argent, pas plus en vieillissant...

Publié le 02/10/2018 à 10:30

Vous me verrez désolé de ne pas vous offrir une autre opinion sur le résultat de l’élection d’hier, de ne pas non plus pérorer sur son sens historique, ni de régurgiter les promesses des vainqueurs.

Nous aurons l’occasion d’y revenir, quand les émotions auront évacué l’habitacle. Laissons aux nouveaux conducteurs le temps de se familiariser avec le volant et de trouver le bouton des essuie-glace.

Je me suis dit qu’en attendant, un peu de distraction serait bienvenue. Alors j’ai décidé de vous parler d’un sujet rafraîchissant, les pauvres et les vieux.

Les vieux pauvres.

Je suis impatient de vous en parler depuis la lecture, il y a quelques semaines, d’un rapport intitulé Rich man, Poor man: the policy implications of Canadian living longer. Il a été publié par l’Institut C.D. Howe, un Think Thank économique qui s’intéresse aux politiques sociales, dont celles qui touchent les retraites.

Eh bien, cette étude nous apprend quelque chose d’incroyable. Imaginez-vous que les pauvres financent une partie de la retraite des riches. Si! Ce n’est pas écrit comme ça, non. Il faut lire entre les lignes, et encore.

Que nous disent les résultats de cette recherche? D’abord, que les personnes mieux nanties vivent en général plus longtemps que les gens plus démunis. Ce n’est pas une découverte, le phénomène a été observé depuis longtemps, mesuré même, notamment aux États-Unis. L’augmentation de l’espérance de vie de la population américaine se concentre essentiellement chez les riches.

Au Canada, tout le monde profite des gains dans ce domaine, bien qu’il persiste un écart; les gens aisés vivent quelques années de plus que les personnes défavorisées.

Pour en avoir le coeur net, les auteurs de l’étude ont analysé les données du Régime de pension du Canada (RPC), l’équivalent du RRQ dans le reste du pays. Ils ont pu éplucher les informations des personnes nées entre 1926 et 1955. Ils ont eux accès aux revenus déclarés de ces contribuables participant au RPC à partir de 1966, à leur date de naissance et, pour les concernés, à leur date de décès.

La corrélation entre le revenu personnel et l’espérance de vie n’est pas concluante chez les cohortes féminines de ces années-là, il eut beaucoup de femmes ne poursuivant pas de carrière tout en vivant dans un ménage aisé.

Chez les hommes en revanche, l’écart est significatif. À partir de l’âge de 50 ans, les plus riches ont une espérance de vie de 83 ans. Chez les plus pauvres, elle descend à 75 ans. Pourquoi? L’hypothèse la plus souvent avancée souligne que les gens en moyen ont généralement profité d’une meilleure éducation et, par conséquent, ont adopté de meilleures habitudes de vie: ils mangent mieux, ils font plus de sport, ils boivent et ils fument moins.

Bref, il est démontré que les riches vivent plus vieux en général. Et la retraite dans tout ça ? Bien, tout le monde contribue également au RPC et au Régime de rentes du Québec (RRQ) pour chaque dollar reçu en rente annuelle. On peut en dire autant d’une rente viagère achetée auprès d’un assureur. Seulement, comme les plus riches vivent plus longtemps, ils en bénéficieront pendant plus d’années.

Chez les hommes nés durant les années 1950, les boomers, un dollar de rente annuelle du RPC, pour une personne en haut de l’échelle, vaut 9,89 $, évaluent les chercheurs du C.D. Howe. Au bas de l’échelle, elle tombe à 7,74 $, du seul fait que le bénéficiaire touchera sa «pension» durant moins longtemps.

Les données du RRQ ne sont pas incluses dans l’étude ici, mais les administrateurs du «fonds de pension» des Québécois reconnaissent le phénomène. Dans l’évaluation actuarielle du régime, on note que les retraités qui reçoivent des rentes plus élevées vivent généralement plus longtemps.

Qui touche les rentes supérieures ? Ceux qui ont contribé au maximum au régime, donc ceux dont le revenu de vie active était plus élevé. Ici, on ne parle pas pour autant de millionnaires, le plafond du RRQ est atteint dès lors que le salaire s’approche des 56 000 dollars.

Dans l’absolu, ceux qui touchent ce plafond contribuent davantage à la caisse que ceux dont le salaire est moins élevé. Mais pour chaque dollar versé, le gain du plus riche sera généralement meilleur que celui du gagne-petit.

«Ainsi, au sein d’une même cohorte, la rente moyenne des bénéficiaires est rajustée à la hausse afin de prendre en compte la probabilité de survie plus grande des bénéficiaires recevant une rente plus élevée par rapport aux bénéficiaires recevant une rente moins élevée», lit-on dans l'évalutation actuarielle du RRQ.

Donc, les moins nantis subventionnent en partie le versement de la rente, plus longue, des plus favorisés.

C’est quoi qu’il chantait, Plume, déjà ?

Les pauvres ont pas d’argent

Les pauvres sont malades tout le temps

[…]

Les pauvres se font toujours avoir

[…]

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À propos de ce blogue

Les finances personnelles, ça consiste à gérer son argent au jour le jour en fonction d’objectifs plus ou moins éloignés. En regardant du bon angle, on constate qu’il s’agit d’un instrument pour réaliser ses ambitions et ses rêves. C’est avec humanité et une pointe d’humour que Daniel Germain compte aborder les finances personnelles dans ce blogue, dont l’objectif est de vous informer et de vous faire réagir. Daniel Germain assume la direction du magazine de finances personnelles Les Affaires Plus depuis 2002 et a développé de vastes connaissances sur le sujet.